Alberto Oliver est un écrivain en panne d'inspiration. Il doit remettre un ouvrage mais il n'a encore rien écrit du tout ! Du coup, il décide d'aller se promener. Pendant ce temps, des extraterrestres cherchent justement Alberto Oliver pour l'enlever. L'écrivain n'a cependant pas l'intention de se laisser faire…
A défaut d'avoir une télévision, le petit Juan Carlos Olaria va régulièrement au cinéma de quartier avec ses parents dès le début des années 50. Marqué, entre autres, par les images du JOUR OU LA TERRE S'ARRETA ou de LA GUERRE DES MONDES, la science-fiction va bien vite faire partie intégrante de son imaginaire. A quinze ans, grâce à l'acquisition d'une caméra 8mm, il va donc naturellement tourner un premier court-métrage en noir et blanc. L'année suivante, en 1958, plus ambitieux, il se lance dans un second film de science-fiction en couleurs et titré EL PLANETA PLINIO. Une douzaine de courts-métrages plus tard, à trente ans, Juan Carlos Olaria a déjà pas mal expérimenté sur pellicule et il se lance dans la réalisation d'un long métrage. Le tournage va débuter au mois de mai 1972 mais le film ne sortira finalement qu'en 1977 !
Cinq années seront donc nécessaires de manière à concrétiser complètement EL HOMBRE PERSEGUIDO POR UN OVNI. En réalité, Juan Carlos Olaria va boucler assez vite le tournage du film et il va avoir l'opportunité de proposer un premier montage, dénué de piste sonore, lors du Festival de Sitges. Pas de chance, les journalistes et professionnels qui vont découvrir la copie de travail seront sans appel : le film est lourd et ennuyeux ! Découragé, le cinéaste espagnol va laisser s'écouler une année avant de plancher à nouveau sur son film. Ce regain d'intérêt, il le doit à sa rencontre avec le réalisateur Juan Xio Marchal qui lui propose de revoir de fond en comble EL HOMBRE PERSEGUIDO POR UN OVNI. Tout d'abord, il est décidé d'étoffer l'histoire de façon à y placer quelques scènes érotiques. C'est ainsi que l'on fait appel à Lynn Endersson, actrice habituée des métrages coquins de Juan Xio Marchal. De manière à enrichir le film en images «spectaculaires», Juan Carlos Olaria va entrer en contact avec l'ambassade des Etats-Unis. C'est ainsi qu'il va obtenir diverses images de la NASA que l'on trouvera ici ou là dans le film. Enfin terminé, EL HOMBRE PERSEGUIDO POR UN OVNI ne va pourtant pas être projeté en 1975 dans les salles de cinéma. La réputation du film ne motive pas vraiment les distributeurs et il faudra encore attendre deux années avant que l'on ne prenne le risque d'exploiter le film au cinéma ! Depuis, le film a sombré dans l'oubli ce qui n'a pas empêché Juan Carlos Olaria de continuer à tourner des courts-métrages…
Carrément curieux, EL HOMBRE PERSEGUIDO POR UN OVNI défie les lois de la logique. La création très particulière du film n'y est probablement pas étrangère. Pourtant, on notera que deux ans avant RENCONTRES DU TROISIEME TYPE, Juan Carlos Olaria s'intéresse déjà aux enlèvements extraterrestres. Le générique du film affiche d'ailleurs des clichés, supposés véritables, de soucoupes volantes donnant une caution réaliste au spectacle qui va suivre. Dans EL HOMBRE PERSEGUIDO POR UN OVNI, on nous parle aussi de bronzage express au contact d'engins venus d'ailleurs. Toutefois, soyons honnête, la comparaison avec le film de Steven Spielberg s'arrêtera là. En effet, l'intrigue du film de Juan Carlos Olaria prend rapidement une tangente surréaliste. Poursuivi par des sortes de mutants extraterrestres, notre héros préfère s'enfuir. Toutefois, lorsque les mêmes mutants se mettent en tête de lui piquer sa bagnole (une Simca 1000, la classe), son sang ne fait qu'un tour et il va en toute logique se mettre à distribuer des bourre pifs aux voleurs d'une autre planète. Plutôt obsédé par le véhicule de l'écrivain, les êtres venus d'ailleurs finiront de toutes façons par lui subtiliser à défaut de mettre la main sur leur véritable cible. Pourvus d'effets spéciaux rudimentaires, les apparitions de nos visiteurs non identifiés sont à l'avenant : parfois réussies et souvent franchement ratées ! Qu'importe, l'histoire suit son cours entre dialogues lancinants et tentatives d'enlèvements de la part de nos pieds nickelés de l'espace.
EL HOMBRE PERSEGUIDO POR UN OVNI brasse vaguement quelques influences évidentes. La série télévisée LES ENVAHISSEURS fait partie de ce qui apparaît comme le plus flagrant. A l'instar de David Vincent, notre héros (Roberto Oliver) porte deux prénoms ce que l'on pourrait interpréter comme une coïncidence. Mais ce qui l'est moins, c'est assurément ce personnage principal conscient de la présence d'êtres venus d'ailleurs qui ne réussit absolument pas à convaincre son entourage ou bien les forces de l'ordre. Obligé de faire cavalier seul, le personnage principal va découvrir que les mutants qui l'attaquent sont dématérialisés dans un halo rougeâtre après leur décès. Néanmoins, contrairement aux ENVAHISSEURS, ceux de Juan Carlos Olaria ont des desseins obscurs. L'invasion de notre planète ne les intéresse pas. A l'issue du métrage, de nombreuses questions resteront d'ailleurs en suspens, laissant Roberto Oliver dans la même expectative que celle du spectateur. On serait tenté de rapprocher EL HOMBRE PERSEGUIDO POR UN OVNI des SURVIVANTS DE L'INFINI pour cette curieuse envie de ramener un terrien sur une autre planète. Néanmoins, les habitants de Metaluna recherchaient des scientifiques pour sauver leur monde alors que nos étranges extraterrestres espagnols sont surtout intéressés par un écrivain en manque d'imagination !
Evidemment, le résultat a de quoi surprendre mais il s'agit de l'un des rares, si ce n'est le seul, cinéaste espagnol à s'être intéressé autant à la science-fiction. En effet, si l'on omet quelques écarts tel que EL REFUGIO DEL MIEDO de José Ullóa, le Fantastique espagnol est généralement plus porté vers le cinéma horrifique. Devenant une véritable curiosité cinématographique, EL HOMBRE PERSEGUIDO POR UN OVNI a la réputation d'être le fruit du Ed Wood catalan. De prime abord, l'argument n'est pas forcément très gentil pour Juan Carlos Olaria… Mais, après tout, comme Ed Wood, le cinéaste espagnol semble être porté par une passion indéfectible du cinéma le menant à réaliser encore des courts-métrages vingt ans plus tard !
Basé en Espagne, l'Atelier 13 a déterré EL HOMBRE PERSEGUIDO POR UN OVNI et en a profité pour donner un gros coup de projecteur à Juan Carlos Olaria. En premier lieu, le film est proposé dans une copie aux contrastes faiblards, souvent bruitée, couverte de défauts de pellicule «vintage» et qui a même viré au rose lors de plusieurs séquences. L'image n'est pas exceptionnelle, loin de là, et il y a de quoi provoquer des crises cardiaques en série parmi les aficionados de la haute définition… Certaines sources indiquent un format d'origine en format large (2.35) mais cela paraît pour le moins très étonnant en regard des cadrages proposés sur ce transfert en plein cadre et en 4/3. Le niveau technique n'a rien de glorieux mais il apparaît important de faire preuve d'une certaine indulgence en raison de la rareté d'un film tel que EL HOMBRE PERSEGUIDO POR UN OVNI. Enfin, il est présenté avec une seule et unique piste sonore en espagnol et dans un mono sans grand éclat. Bien que ce DVD soit diffusé en Espagne, un sous-titrage français est disponible ce qui permet de suivre le film sans encombre.
Par contre, le sous-titrage français, il faudra bien vite l'oublier du côté des suppléments. En effet, la longue interview de Juan Carlos Olaria n'est pas traduite. Plus de quarante minutes de solitudes dans le cas où vous ne parlez pas du tout l'espagnol ! Il en va de même en ce qui concerne les extraits de trois des courts métrages du cinéaste espagnol. Du coup, la compréhension s'avère carrément limitée. Vu le nombre d'extraits et les durées, on peut aussi se demander si deux des courts-métrages ne sont pas proposés dans leur intégralité. Le terme «extraits» étant alors étrange. Toutefois, même si l'on ne comprend pas tout, il est intéressant de constater que le cinéaste a un penchant pour les extraterrestres aux mains argentés et équipés de lunettes vendues au rayon farces et attrapes. En effet, dans l'un des courts, on trouve un être venu d'ailleurs affublé du même attirail que dans EL HOMBRE PERSEGUIDO POR UN OVNI (le réalisateur incarnant lui-même le chef des extraterrestres). La filmographie du réalisateur n'a que peu d'intérêt puisqu'on peut la retrouver dans le livret inclus dans le digipack. Pour en revenir à EL HOMBRE PERSEGUIDO POR UN OVNI, on trouve un générique anglais assez bizarre puisque le film y est titré THE MAN FROM GAMINEDES alors que cela devrait plutôt être THE MAN FROM GANIMEDES.
Les sous-titrages en français, on les retrouve finalement sur le court-métrage le plus récent de Juan Carlos Olaria. A vrai dire, ce métrage de 1995 est muet et seules les rares inscriptions à l'écran sont traduites. L'histoire de ENCUENTRO INESPERADO narre la rencontre entre une jeune fille et une entité lumineuse et de nature extraterrestre. Plutôt sympathique, cela permet de quitter cette édition DVD avec une note amusante. Comme d'habitude sur les éditions de l'Atelier 13, le disque est livré dans un digipack coloré et pourvu d'un livret richement illustré. Malheureusement, les informations du livret restent en espagnole ce qui est dommage tant les informations rassemblées semblent complètes.
