A Manchester, alors qu'il est sur une affaire de tueur en série, l'inspecteur Sam Tyler est renversé par une voiture. A son réveil, le monde autour de lui a quelque peu changé. En effet, il est bel et bien toujours policier mais en 1973, soit plus de trente années plus tôt !
L'étrange phénomène dont est la victime Sam Tyler reste assez ambigu au fil des épisodes de LIFE ON MARS. Son personnage principal a-t-il réellement remonté le temps ou bien est-il dans le coma, coincé dans un univers qui n'appartient qu'à lui ? Bien évidemment, les indices fusent mais aucun ne permet véritablement d'affirmer l'une ou l'autre des hypothèses. Sam Tyler entend des voix ainsi que des sonorités médicales par l'entremise du poste de radio, de la télévision, du téléphone ou même sorties de nulle part. A l'évidence, Sam Tyler est donc dans le coma et s'est perdu dans les recoins de son esprit. Néanmoins, cela paraît trop simple, d'autant qu'il est à même de percer quelques mystères tels que l'identité du tueur en série qu'il poursuivait au XXIe siècle tandis que certains de ses souvenirs d'enfance trouvent une explication dans plusieurs affaires (la femme en rouge...). Tout cela pourrait être un leurre de son imagination assemblant les pièces d'un gigantesque puzzle pour mieux le perdre mais l'univers est si détaillé qu'il en devient complètement réel. Ajoutez à cela de drôles de visions comme celle de cette petite fille qui vient lui rendre visite la nuit et qui, comme Alice, traverse une sorte de miroir en s'extirpant d'une télévision. On pourrait même en venir à penser que Sam est bel et bien en 1973 et qu'il a inventé son histoire de voyage dans le temps ! Sam Tyler a donc un gros problème à résoudre mais il se trouve complètement désarmé face à une telle situation !
Passé l'argument Fantastique, LIFE ON MARS fonctionne surtout comme une sorte de « buddy movie » où un flic en vient à enquêter avec une personne qui ne fonctionne pas de la même façon que lui. Les deux hommes vont ainsi apprendre à se connaître et à « apprécier » chacun leurs qualités et leurs défauts. Dans LIFE ON MARS, on retrouve le « buddy movie » avec deux policiers aux méthodes et aux tempéraments totalement différents. Mais la série introduit également son décor dans cette confrontation, ce qui permet de mettre en relation les années 70 avec les années 2000 de manière très astucieuse. Le personnage principal, Sam Tyler, devient ainsi le candide grâce auquel le spectateur découvre la caricature culturelle de toute une époque. Le premier épisode est d'ailleurs intéressant puisqu'il est le seul des huit de la première saison à nous montrer l'époque d'où vient Sam Tyler. L'univers lisse, aseptisé et froid laisse la place à une période plus rugueuse et chaleureuse dans laquelle va devoir se fondre son infortuné voyageur (dans les méandres du temps ou de son esprit) pour résoudre différentes enquêtes policières.
Car, avant tout, LIFE ON MARS est une série policière qui se sert ingénieusement du contraste des époques. L'occasion d'aborder des problèmes sociaux comme la bêtise des hooligans ou encore l'effondrement d'une partie de l'industrie en Grande-Bretagne. Ces sujets ne prêtent pas à rire mais suscitent la réflexion dans une série qui réussit un beau numéro de funambule en alternant la comédie et le drame, parfois très sombre, avec une certaine virtuosité. De plus, la touche britannique marche à merveille en montrant des situations fort décalées comme une poursuite en maillot de bain. De même, la culture des années 70 finit de donner un charme indéniable à LIFE ON MARS, qui en profite pour se parer de morceaux musicaux de l'époque (« Life on Mars », « Ballroom Blitz »...).
Pourtant, ce n'était pas forcément gagné. A chaque épisode, on se demande un petit peu de quelle façon la série va réussir à se renouveler. Le thème de départ offre de nombreuses possibilités en matière de série policière mais s'avère également très étriqué pour peu que l'on s'intéresse au postulat Fantastique de l'intrigue. Les auteurs ont d'ailleurs choisi de ne pas s'enliser dans une recette qui permettrait seulement d'amener la nouvelle enquête de la semaine. En effet, LIFE ON MARS se termine au bout de seulement deux saisons de huit épisodes sans que ce ne soit lié à l'audience. Toutefois, la maison de production (Kudos Film and Television) et la BBC ont transposé le concept aux années 80 avec ASHES TO ASHES où l'on retrouvera le dur à cuire Gene Hunt (Philip Glenister). Car si, formellement, LIFE ON MARS est une excellente série, elle bénéficie aussi de personnages hauts en couleur, incarnés par des acteurs qui se fondent complètement dans le décor.
Après s'être intéressé au patrimoine télévisuel français, Koba Films chasse vers d'autres horizons depuis quelque temps et, plus particulièrement, du côté de l'Angleterre. Une excellente idée puisque le Royaume-Uni produit des séries de grande qualité, à l'image de LIFE ON MARS. La première saison de huit épisodes est répartie sur trois DVD. L'image, tournée au format 1.77, est retranscrite sans véritable faille sur chacun des épisodes avec un transfert 16/9 agrémenté d'un petit grain d'origine.
La stéréo est de rigueur sur les épisodes, que ce soit sur le doublage français ou sur la version anglaise, proposée avec ou sans sous-titrage. L'éditeur qui a sorti la série en Angleterre présentait des mixages 5.1 mais il est fort probable que la série n'ait pas été mixée ainsi à l'origine. Les pistes stéréo que l'on trouve sur l'édition française sont certainement celles qui accompagnaient la série lors de ses diffusions télévisées. Le rendu est clair et met bien en valeur les morceaux musicaux. Le doublage français est techniquement honnête mais, artistiquement, a bien du mal à retranscrire l'ambiance britannique.
Tout d'abord, Koba Films n'a pas repris les commentaires audio de l'édition britannique. En matière de suppléments, il faudra donc se rabattre sur un making of en deux parties, d'une trentaine de minutes chacune. La première dresse l'historique de la série avec les créateurs, le réalisateur et les productrices avant de s'intéresser plus en détail aux deux personnages principaux avec des interventions de tous les acteurs récurrents. La deuxième partie du making of se penche sur les personnages secondaires, puis sur le prolongement de la série (la seconde saison n'étant pas encore écrite au moment des interviews) ou encore sur le mystère entourant la situation de Sam Tyler (coma ou voyage dans la passé ?). Une petite heure durant laquelle on retrouve tous les acteurs de la série et ses créateurs dans une ambiance décontractée. Sympathique mais pas toujours très informatif surtout si l'on s'intéresse aux personnages.
En dehors du making of en deux parties, on trouve la liste des titres musicaux les plus vendus en 1973 en France et à l'international. Sans véritable intérêt, on s'orientera vers les filmographies de l'équipe et des acteurs. Pas de quoi s'enthousiasmer outre mesure, on pourra toujours terminer en tapant sur son navigateur le lien du site officiel de la série, présenté ici comme une option supplémentaire. Il faut croire que passées les deux parties du making of, il n'y avait plus rien à dire sur cette première saison de LIFE ON MARS.
