Les Etats-Unis préviennent le Japon d'une nouvelle alarmante. D'après leurs recherches, l'archipel sera englouti dans une trentaine d'années en raison du déplacement des plaques de la couche terrestre. Trente ans, ce n'est pas beaucoup mais un scientifique japonais découvre que l'estimation est fausse. La submersion du Japon devrait se produire bien plus rapidement que prévu !
La Submersion du Japon est un livre de Sakyo Komatsu, l'un des plus grands écrivains de science-fiction japonais auquel on doit aussi les livres qui ont inspiré VIRUS, une autre catastrophe mais à l'échelle planétaire, et SAYONARA JUPITER. A sa parution, La Submersion du Japon sera immédiatement un best-seller pour son auteur et, la même année que sa publication, une adaptation cinématographique sera mise en chantier à la Toho. Plus tard, la même histoire donnera naissance à une série télévisée avant que la Toho ne décide de couler une nouvelle fois le Japon sur les grands écrans !
Pour cette nouvelle submersion du Japon, la Toho confie la tâche à Shinji Higuchi qui vient d'oeuvrer sur LORELEI et qui, auparavant, supervisait les séquences d'effets spéciaux de la trilogie GAMERA réalisée dans le courant des années 90. Une façon d'assurer le quota de destructions nécessaire à la bonne marche de l'entreprise. Comme la plupart des remakes ou nouvelles adaptations d'un livre, SINKING OF JAPAN ne garde que les éléments qui l'intéresse sur le matériel d'origine pour nous proposer sa nouvelle vision. On pourrait s'attendre à ce que le film soit une débauche pyrotechnique et un panel de catastrophes ininterrompu mais cela ne s'avère qu'à moitié vrai. D'ailleurs, alors que l'on nous dit sans cesse que l'archipel japonais est en proie à d'incessants séismes, on pourra être surpris par les nombreuses plages de grandes accalmies le temps que les différents protagonistes prennent le temps de parlementer. Et c'est peut être là que le bat blesse ! Le film de Shinji Higuchi ne prend jamais le parti de nous plonger véritablement dans le chaos de la catastrophe. Ainsi, le cinéaste alterne séquences de destructions avec des passages intimistes sans que les deux ne viennent jamais réellement se chevaucher.
Pour apprécier SINKING OF JAPAN, il faudra accepter cette narration qui alterne donc les scènes spectaculaires et celles plus calmes. A cet effet, le film va donc suivre le parcours de plusieurs personnages pendant que des millions de Japonais trouvent la mort écrasé, noyé, brûlé... Au milieu des victimes, on va donc s'intéresser à Toshio Onodera, un scientifique spécialiste en pilotage de bathyscaphe, qui rencontre Reiko Abe, une femme pompier, et Misaki Kuraki, une enfant qui vient de perdre ses parents, au cours du premier tremblement de terre qui ouvre le film. Ces trois personnages vont s'unir autour d'un restaurant familial : Reiko se reconnaît dans la jeune Misaki pendant que Toshio tombe amoureux de la jeune femme secouriste. Hormis ce trio, auquel on pourra ajouter leurs familles et connaissances respectives, SINKING OF JAPAN s'élève un peu plus haut que le commun des habitants de l'archipel. Il nous permet ainsi d'approcher Yusuke Tadokoro, spécialiste en géologie, et son ex-femme devenu assistante du premier ministre du Japon. Un couple qui nous permet d'entrer dans les coulisses du «Pouvoir» face à l'ampleur d'une telle catastrophe. Toutefois, le film n'arrive pas vraiment à impliquer le spectateur. Si le jeune couple en devenir, avec l'orpheline, est plutôt mignon, certains passages paraissent un peu gratuit, et donc ne passionne pas, à l'instar de la blessure que subi Reiko lors d'un entraînement. Il en est un peu de même du côté des politiques où certains événements semblent plus survolés que réellement développés alors que d'autres sont sans intérêt. La faute sûrement à la durée du film, environ deux heures et quart tout de même, qui a bien du mal à gérer toutes ses intrigues. On a donc un peu de mal à situer certaines informations qui sont parfois réduites à une seule et unique scène (le refus de la Corée de prendre des réfugiés, l'évocation de l'envoi des trésors nationaux aux Etats-Unis comme une contrepartie de leur aide, les problèmes économiques...).
Mais SINKING OF JAPAN n'est pas pour autant un naufrage puisqu'il se regarde sans véritable déplaisir. Le film de Shinji Higuchi contient même quelques très jolies séquences comme celle avec l'oiseau et la grand-mère de Toshio Onodera. On sera tout de même plus critique avec un final assez convenu dôté d'un sacrifice pour le bien des êtres aimés. Mais, après tout, l'important dans un film catastrophe, ce sont donc les cataclysmes qui secouent l'écran. A ce niveau là, SINKING OF JAPAN ne se moque pas du monde et nous fait la totale : tremblements de terre, éruption volcanique, tsunamis... Le résultat est le plus souvent impressionnant même si le réalisateur prend le parti, un peu trop fréquemment, de donner un tremblement à son cadre. Effet qui est sensé mettre le spectateur dans la même situation que les témoins d'une catastrophe mais qui, paradoxalement, diminue l'effet puisque cela vient brouiller la vision de l'événement. Il n'en reste pas moins que la plupart des scènes destructrices, parfois un peu trop brève, sont franchement spectaculaires ! On notera aussi le choix curieux de nous montrer, à plusieurs reprises, une vue satellite du Japon certainement très réaliste mais qui s'avère peu lisible et donnant donc une idée très vague de l'ampleur du problème.
L'annonce d'une nouvelle version de La Submersion du Japon était enthousiasmant. A l'arrivée, le résultat n'est sûrement pas au niveau des attentes. Malgré les nombreuses destructions et le nombre important de victimes, on reste un peu de marbre face au terrifiant destin du Japon décrit dans le film. Reste donc quelques moments bien vus et des images impressionnantes dans un film qui reste relativement moyen.
Pour ceux qui comprennent le japonais, il existait déjà des éditions DVD du film du côté du pays du soleil levant dont une avec pléthore de suppléments. Mais si, comme nous, vous ne comprenez rien au japonais, il semble préférable de se rabattre sur le DVD chinois qui propose un sous-titrage anglais sur les pistes en version originale. Deux pistes japonaises sont disponibles, l'une en DTS ES et l'autre en Dolby Digital EX. Deux pistes qui sonorisent de façon massive les images spectaculaires du film et qui savent tout autant être subtile (la scène de l'arrivée de l'oiseau...). Sur ces deux bandes-sonores de qualité, à l'écran, vous verrez défiler un transfert 16/9 au format cinéma qui respecte la photographie d'origine. Cette dernière propose des images souvent affublés de filtres qui modifient les teintes de manière, on suppose, à donner à l'image un côté plus apocalyptique. Cela n'est pas du plus bel effet mais c'est un choix artistique.
Pour les suppléments, vous ne perdrez pas de temps puisque l'édition chinoise se résume rapidement. En effet, le DVD n'offre qu'une bande annonce, à l'image largement en dessous de la qualité disponible sur le film lui-même, ainsi qu'une petite galerie d'une dizaine de photos sans grand intérêt ! A noter que la jaquette du DVD est très démonstrative alors que le visuel du fourreau, qui camoufle donc la vue de la ville en proie à la destruction, est quant à lui très mal choisi. Pour peu que l'on ne parle pas japonais, le DVD chinois est la meilleure option, pour l'instant, de découvrir le film sans compter que le prix est plutôt bas (si on commande directement sur le net).