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Critique du film et du DVD Zone 2
THE PHANTOM LOVER 1995

 

En 1936, une troupe de théâtre s'installe dans une salle de spectacle restée à l'abandon durant de nombreuses années. Et pour cause, un mystérieux incendie a ravagé l'endroit causant la mort de l'acteur et propriétaire du lieux.

PHANTOM LOVER est une nouvelle adaptation de l'un des premiers films d'épouvante chinois à savoir LE CHANT DE MINUIT réalisé par Ma-Xu Weibang et datant de 1937. Ce dernier s'inspirait déjà, lui-même, de Gaston Leroux et de son Fantôme de l'Opéra tout en le plaçant dans un contexte politique et révolutionnaire. Quelques années plus tard, une suite sera filmée par Ma-Xu Weibang alors que dans les années 60, ce sera la Shaw Brothers qui proposera une nouvelle adaptation du CHANT DE MINUIT, filmé en deux parties. Après avoir réalisé THE BRIDE WITH WHITE HAIR, et travaillé sur sa suite, pour le compte de Mandarin Films, Ronny Yu se voit proposer par la même maison de production de mettre en scène une toute nouvelle transposition de l'histoire qui sera coproduite par l'acteur Leslie Cheung lui-même.

Du Fantôme de l'Opéra, le film conserve essentiellement un personnage qui rôde mystérieusement dans un théâtre. Pour le reste, PHANTOM LOVER ne prendra pas la voie du film d'horreur et il va plutôt s'orienter vers le romantisme ou encore la tragédie. Un choix assez curieux puisque le scénario se voit ainsi résumé de manière trop simpliste, même si le récit n'est pas exactement narré de façon linéaire, et cela prive surtout le métrage de rebondissements à même de secouer le spectateur. Car, il faut bien le reconnaître, il ne se passe pas grand chose dans PHANTOM LOVER. Surtout que le scénario génère parfois quelques bizarreries gratuites, ou bien laissées à l'abandon, comme ces visions du passé perçues par un jeune acteur lorsqu'il entre pour la première fois dans le théâtre. Le film se borne donc à narrer une romance brisée par une famille conservatrice et qui fait écho au Romeo et Juliette de Shakespeare interprété chaque soir par l'acteur. Etrangement, la résonnance classique se poursuivra plusieurs années plus tard lorsque le fantôme défiguré utilise un double au travers duquel il peut “réapparaitre” auprès de la femme qu'il a aimé jadis donnant ainsi un vague air de Cyrano de Bergerac. Le sujet se prêtait à des vengeances à la hauteur des sentiments amoureux mais le film préfère donc se borner à dépeindre un simple mélodrame de roman photos qui nous laisse sur notre faim...

Les qualités du film, il faudra dès lors aller les chercher ailleurs. Et plus particulièrement dans sa mise en scène et sa réalisation artistique. Ronny Yu fait ainsi plusieurs choix très surprenant pour mettre en image son film. L'un des parti pris les plus flagrant est d'avoir utilisé des images désaturées pour le récit se déroulant en 1936. L'image prend des tons sépias que l'on associe généralement aux films du passé. Pourtant, toute l'histoire se déroulant dans les années 20, donc antérieure, sont parés de couleurs imposantes. Ce type de contraste, on le retrouves dans les choix esthétique des imposants décors ou des costumes. Ainsi, le théâtre se pare d'un style baroque alors que les spectacles jouées sur la scène s'avèrent souvent très épurés. On pourrait y voir simplement l'envie de coller à la réalité de l'époque en ce qui concerne les décors d'un théâtre. Mais ce serait occulter les choix musicaux qui lorgnent carrément vers la pop sirupeuse dont Leslie Cheung était l'un des représentants à Hong Kong. Autant de contrastes qui donnent nombres de jolies scènes une fois orchestrée par Ronny Yu ce qui assurent un spectacle, peut être pas extraordinairement atypique, mais résolument classe.

Acteur et chanteur, Leslie Cheung retrouve donc Ronny Yu avec lequel il avait déjà tourné le magnifique THE BRIDE WITH WHITE HAIR. D'ailleurs, bien que l'acteur ne soit pas toujours à l'écran ou bien qu'il cache souvent son visage, c'est bien lui l'attraction du film. Il forme ainsi un couple tragique avec Wu Chien-Lien tout en donnant l'impression que les autres acteurs sont inexistants. Car, hormis ces deux là bien mis en valeur en grande partie par l'histoire mais aussi la mise en image, on se souviendra surtout du vilain, aussi benêt que dangereux, grâce à ses quelques scènes trash ou encore de Philip Kwok qui interprète un homme de main le temps de deux ou trois brèves apparitions. PHANTOM LOVER est entièrement axé sur le couple principal à un tel point que même un personnage clé du film, interprété par Huang Lei, s'avère totalement transparent ou presque. Peut être un effet voulu puisque le “fantôme” l'utilisera à la manière d'une coquille vide en s'incarnant, en quelque sorte, au travers de lui.

Ronny Yu aura beau s'ingénier à nous offrir une mise en scène ample ou encore nous proposer de très jolies transitions en utilisant une lanterne ou encore les flocons de neige qui tombent, PHANTOM LOVER ne réussi pas vraiment à déclencher un enthousiasme débordant.

Le premier contact avec l'édition française de PHANTOM LOVER passe par son boîtier plutôt luxueux. Ainsi, on trouve un livret d'une quarantaine de pages, à la couverture rigide, inséré dans un fourreau dans un carton tout aussi solide. Le disque se trouve à l'intérieur du livret présenté au format paysage. La mention “Edition Collector” en haut du boîtier ne ment pas, l'objet est vraiment joli et donc mérite qu'un “collectionneur” puisse avoir envie de s'y intéresser !

Une fois le disque dans le lecteur de DVD, on retrouves les menus HK Video toujours aussi simple et aussi bien pensé pour éviter de perdre du temps. Ainsi, quel que soit l'endroit où vous vous trouvez dans les menus, vous pouvez atteindre d'un seul clic toutes les autres parties du disques (choix des langues, chapitrage ou supplément...). On ne comprend d'ailleurs pas que d'autres éditeurs ne se soit pas encore engagé dans la même voie ! Mais, pour en revenir à PHANTOM LOVER, le choix des langues ne vous laissera que deux choix : une version en cantonais ou une version en mandarin. Les deux sont en stéréo sous-titrés en français et sonorisent un transfert 16/9, au format cinéma respecté, de qualité ! Notez que les pistes stéréo peuvent être décodés en surround puisqu'il s'agit de pistes enregistrée à l'origine en DTS Stéréo (à ne pas confondre avec le DTS que l'on utilise habituellement avec les DVD).

La jaquette ne l'indique pas mais la partie des suppléments contient un Making Of. Celui-ci dure un peu moins d'un quart d'heure et il s'agit d'une Featurette, pas d'une qualité vidéo mirobolante, où la plupart des participants viennent lâcher quelques phrases. Pourtant, ce petit segment vidéo prend de la valeur puisque l'on peut y voir l'envers du décor où obtenir quelques informations sur ces derniers. En plus de ce Making Of, il est encore possible de regarder la bande annonce de PHANTOM LOVER mais aussi celles d'autres titres à venir chez l'éditeur. Mais il ne faudra pas négliger le livret de 40 pages puisque celui-ci s'avère le complèment le plus informatif de cette édition. Cela débutes par un texte très enthousiaste de Léonard Haddad qui aura tout de même un peu de mal à nous faire changer d'avis. Et cela se poursuit avec une interview de Ronny Yu puis des bio/filmographies le tout richement illustré. L'interview ne parle pas spécifiquement de PHANTOM LOVER, bien que le film soit évoqué à plusieurs reprises, puisqu'elle a été réalisé par Christophe Gans alors que le cinéaste asiatique était déjà à pied d'oeuvre aux Etats-Unis. Cela reste un complèment plutôt intéressant puisque Ronny Yu y parle de sa vision du cinéma et explique même que suite à son expérience sur PHANTOM LOVER, il a tourné son film suivant, l'Américain MAGIC WARRIORS, dans les mêmes studios chinois. L'édition de l'extérieur ou de l'intérieur s'avère très joli mais on pourra tout de même ergoter sur le fait que les Américains de Tai Seng proposait un DVD avec commentaire audio, musique isolée et quelques autres suppléments absents ici.

Rédacteur : Antoine Rigaud
2025 ans
4 news
635 critiques Film & Vidéo
2 critiques Livres
On aime
Une jolie mise en image
Une vraie "Edition Collector"
On n'aime pas
Un scénario un peu vide
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L'édition vidéo
YE BAN GE SHENG DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h37
Image
2.35 (16/9)
Audio
Cantonese Dolby Digital Stéréo Surround
Mandarin Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Français
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