Le monde est mal barré ! Les nombreux essais nucléaires réalisés dans l'océan Pacifique continuent encore et toujours d'avoir de désastreuses conséquences… Aujourd'hui, ce sont carrément les plaques tectoniques qui se mettent à bouger de manière significative. Cette modification du globe terrestre engendre bien entendu des dérèglements de toutes sortes avec à la clef quelques séismes et autres éruptions volcaniques. Si la situation n'est pas réglée rapidement, c'est l'assurance d'une apocalypse dans les semaines qui viennent. Fort heureusement, le corps scientifique américain possède comme toujours une solution imparable : Faire exploser d'autres charges atomiques qui devraient stopper net la progression des plaques et rétablir l'ordre. Le Colonel Beckett est donc contacté pour reformer son équipe d'élite et partir déposer une ou deux bombes en plein cœur d'un Los Angeles déjà dévasté et en proie aux pillards…
Qu'il s'agisse de tremblements de terre, d'éruptions volcaniques, de raz-de-marées, de pluies de météorites ou de dérèglements climatiques, les catastrophes naturelles n'ont cessé de terrifier l'homme. L'aspect incontrôlable de la nature couplé à la puissance incroyable qu'elle est capable de dégager a donc bien vite été source d'inspiration pour le septième art. Celui-ci piocha bien évidement dans les écrits religieux mais aussi au sein d'une réalité historique pour le moins spectaculaire. C'est ainsi que les Péplums mirent en scène de nombreux cataclysmes avec pour commencer de multiples mises en images du drame provoqué par l'éruption du Vésuve : LES DERNIERS JOURS DE POMPEI (version de 1913 par Mario Caserini et Eleuterio Rodolfi, version de 1935 par Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper, version de 1948 par Marcel L'Herbier et enfin version de 1959 par Mario Bonnard et Sergio Leone) ainsi que LES DERNIERS JOURS DE HERCULANUM (de 1962 par Gianfranco Parolini). Vinrent ensuite la destruction de Babylone par la crue du Tigre (FOUDRES SUR BABYLONE de Silvio Amadio en 1962) puis celle de Rhodes via un tremblement de terre mis en scène par Sergio Leone en 1961 (LE COLOSSE DE RHODES). Parallèlement aux Péplums, la nature ravagera les écrans de façon plus sporadique dans diverses productions (STROMBOLI, KRAKATOA A L'EST DE JAVA...). Après une période d'accalmie, suivra durant les années 70 une vaguelette de titres plus contemporains mettant en scène différents naufrages (L'AVENTURE DU POSEIDON en 1972 et sa suite en 1979), raz-de-marées (LA SUBMERSION DU JAPON en 1973) ou séismes (TREMBLEMENT DE TERRE en 1974). Le genre connaîtra alors un passage à vide d'une vingtaine d'années avant de reprendre de plus belle vers la fin des années 90 via une série de titres comme LE PIC DE DANTE, VOLCANO ou encore DEEP IMPACT. Voilà donc une décennie maintenant que, nouvelles techniques d'effets spéciaux aidant, les catastrophes naturelles refont surface au cinéma mais aussi en vidéo ou à la télévision… SCORCHER s'inscrit donc dans le cadre de ces films produits directement pour le marché de la vidéo et ce avec un budget particulièrement restreint. Cette dernière notion semble bien évidemment antagonique avec l'idée même de réaliser un film qui, dans le concept, se doit d'être spectaculaire. Et pourtant, le film de James Seale n'hésitera pas à recourir à différents subterfuges pour parvenir à ses fins…
SCORCHER, c'est avant tout un casting étonnant. L'amateur de cinéma bis pourra ainsi retrouver avec une joie toute particulière le sympathique John Rhys-Davies (LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, SLIDERS, etc.) en Docteur spécialiste es-mouvements-de-plaques-tectoniques (pointu ce domaine) et le très charismatique Rutger Hauer en président des Etats-Unis ! Notons au passage que ce dernier s'offre là une performance d'une étonnante platitude, feignant la surprise et la tristesse (dur d'être président…) durant les six scènes d'une minute qui lui sont offertes. Nous sommes donc loin du Hauer des jeunes années… Ce n'est cependant pas tout. Nous aurons de surcroît droit à l'éternellement sous-exploité Mark Dacascos dans le rôle du très gentil Colonel Beckett. Inutile de préciser là encore que l'homme, distributeur surhumain de coups de tatannes, ne pourra faire à l'écran de véritable démonstration de ses talents. Il eût été difficile en effet d'imaginer qu'une portion de continent Américain puisse être repoussée à grands coups d'uppercuts bien sentis, aussi puissants soient-ils… Qu'importe. Héros certifié conforme, Ryan Beckett se voit donc contraint de reformer son ancienne équipe de rigolards pour partir perforer sur cent mètres le sol de Los Angeles et y déposer une bombe atomique… Alors effectivement, ce prétexte scénaristique dégage un fort parfum d'ARMAGEDDON du pauvre avec sa poignée de braves désignés pour sauver la planète à grands coups de foreuse. Ce n'est là cependant qu'une trame générale à laquelle viennent se greffer moultes idées, toutes plus inspirées les unes que les autres. Ainsi, lors d'une introduction plutôt explosive, Beckett doit secourir Julie McGrath (Tamara Davies), laquelle procède à des analyses au pied d'un volcan en éruption. Là encore, la scène nous rappellera violement l'ouverture du PIC DE DANTE (1997) et pour cause : Nous retrouverons deux bonnes minutes directement issues du film de Roger Donaldson ! Idem pour le DAYLIGHT (1996) de Rob Cohen dont SCORCHER ponctionne l'impressionnante explosion de tunnel. Ne nous arrêtons pas là et évoquons enfin TERMINATOR 2 (1991) qui se trouve ici gentiment remercié pour la contribution qu'il apporte via l'inoubliable scène d'apocalypse (le cauchemar de Sarah Connor)… SCORCHER s'avère donc être un étonnant patchwork de scènes dramatiques ponctionnées de toutes parts. L'ensemble s'intègre cependant fort bien et permet au film de prendre une dimension à laquelle il n'aurait bien entendu pas pu prétendre sans de tels artifices. Un constat s'impose du reste : Aucune scène dite «catastrophique» n'a été tourné pour ce métrage, à l'exception bien sûr de l'explosion (horriblement laide) finale en images de synthèse…
Bidouilleur dans l'âme, le réalisateur James Seale poursuit donc sur sa lancée et décide d'inclure d'autres idées ou concepts ayant là encore fait leurs preuves. Los Angeles, détruit et livré aux fous, nous ramène ainsi directement aux «post-apocalyptiques» que nous affectionnons tant. Cette laborieuse traversée de la cité des Anges semble du reste empreinte d'une certaine nostalgie, évoquant plus particulièrement le travail de John Carpenter sur son NEW YORK 1997 (toutes proportions gardées bien entendu…). Comme si cela n'était pas suffisant, le réalisateur décide par ailleurs d'inclure un tueur en série adepte du chalumeau. Ainsi, après avoir échappé de justesse au tunnel de DAYLIGHT, Rayne Marcus (fille peu crédible du Lieutenant Beckett) ne trouve rien de mieux que de se jeter dans les griffes d'un malade au visage rongé par les flammes… Pauvre fille, mauvais karma !
Tant d'idées et tant de folies qu'à vrai dire, SCORCHER tend rapidement à se perdre dans les méandres de ses sous-intrigues et autres rebondissements prévisibles. Tant de portes ouvertes par ailleurs qu'il devient difficile en fin de métrage de boucler l'ensemble comme il se doit… Bon nombre d'aventures annexes sont donc vite expédiées (le tueur en série par exemple) pour laisser place à un dénouement bien évidement heureux et naïf.
Globalement, SCORCHER est donc un film plutôt nerveux, mêlant habilement ses différentes sources d'influence et offrant un spectacle relativement généreux pour ce type de produit. La trop grande profusion d'idées ira cependant jusqu'à noyer le spectateur ainsi que son acteur principal, semblant ne plus savoir où donner de la tête ! L'idiotie est, elle aussi, assez présente et certaines actions peuvent sans aucun doute laisser sceptique… Reste que le métrage de James Seale est un divertissement d'honnête facture, se situant clairement au-dessus de la moyenne des films catastrophe destinés au marché de la vidéo. De plus SCORCHER est un excellent moyen de revoir rapidement différentes séquences spectaculaires de vos oeuvres préférées ! Pourquoi dans ce cas se priver de ce petit plaisir ?
Aucune raison en effet, d'autant que l'éditeur du disque zone 2 chroniqué ici nous propose de découvrir le film pour un prix quasi-symbolique. L'édition DVD est extrêmement légère mais propose toutefois l'option 16/9ème pour une image présentée en 1.77. Certes, quelques défauts de compression se font sentir lors de scènes «délicates», comme celle du générique enflammé, mais rien qui vienne réellement entacher le (petit) plaisir de la découverte… Du côté des pistes sonores, le disque s'avère insatisfaisant puisqu'il ne propose qu'une version française de qualité juste honnête, encodée en stéréo. A noter du reste que la jaquette est mensongère puisqu'elle indique la présence d'une version originale anglaise que nous cherchons encore ! Les bonus enfin, brillent de même par leur absence, ce qui porte un coup de grâce à cette bien piètre édition. L'éditeur a même préféré garder l'anonymat sur la jaquette. Nous sommes donc à l'évidence en présence d'un produit jetable destiné à la découverte du film uniquement et ce dans des conditions très lambda…