A bord d'un luxueux navire de croisière, les passagers s'apprêtent à fêter le nouvel an. Mais au moment où la fête bat son plein, une gigantesque vague frappe le bateau qui se retourne. En position précaire, le navire se retrouve la tête en bas et menace de sombrer d'un instant à l'autre. Plutôt que d'attendre les secours, une poignée de passagers décident de prendre le large de façon à trouver une issue...
Quand Paul Gallico publie The Poseidon Adventure en 1969, l'auteur a déjà un grand nombre de livres à son actif que ce soit dans le domaine de l'enfance, du thriller, du fantastique ou du drame sportif. Son livre ne rencontre pas immédiatement un grand succès mais il attire tout de même l'attention. Et c'est Irwin Allen qui va trouver là un sujet en or ! Il va donc produire une adaptation cinématographique qui va relancer une vague de films catastrophe sur les grands écrans durant les années 70. L'AVENTURE DU POSEIDON connaîtra même une suite, un peu tardive, vaguement adapté d'une suite commandité à Paul Gallico, et titrée LE DERNIER SECRET DU POSEIDON. Plus récemment, la télévision s'est intéressé en 2005 au livre original de Paul Gallico pour une nouvelle AVENTURE DU POSEIDON interprété, entre autre, par Rutger Hauer. A peine plus tard, une autre version arrive sur les grands écrans en 2006.
A la barre d'une telle entreprise, on place un cinéaste allemand qui a déjà pas mal bourlingué et dont la filmographie compte deux métrages marins : LE BATEAU et EN PLEINE TEMPETE. Après l'équipage d'un submersible en pleine guerre mondiale et des pêcheurs américains, minuscule fourmi face aux éléments, Wolfgang Petersen va donc filmer une poignée de vacanciers coincés dans un bateau la tête en bas. En tout cas, du livre original de Paul Gallico, on ne conservera que le postulat de départ et le film de Wolfgang Petersen va s'éloigner tout autant des eaux glamour dans lesquelles naviguait le film de Ronald Neame. Exit l'escapade de Gene Hackman, Ernest Borgnine, Roddy McDowall et Shelley Winters au milieu de décors gigantesques relativement propre... Wolfgang Petersen enferme ses protagonistes et les place au milieu d'un environnement bien plus oppressant ! Seul mot d'ordre persistant entre le livre et le film de Ronald Neame : «Aides toi, le ciel t'aidera !».
Si le film produit par Irwin Allen fut tourné en partie à bord d'un véritable paquebot, l'équipe de POSEIDON ne mettra pas le pied sur un navire et le film sera entièrement tourné en studio. Les plans extérieurs du bateau sont donc réalisés en image de synthèse. Le plan «impossible» qui ouvre le film nous permet d'ailleurs de suivre Josh Lucas qui fait son jogging en survolant toutes les coutures extérieures du navire. Quelques plans paraissent quelque peu artificiel mais, en dehors de la dernière image du film, le reste est d'un grand réalisme. La vague qui renverse le navire est ainsi, bien évidemment, l'un des passages les plus impressionnants de POSEIDON.
Par la suite, les personnages de POSEIDON se retrouvent le plus souvent dans des lieux réduits, contraints de se frayer un passage au travers de petits passages. On pense finalement bien plus au calvaire claustro vécu par les sous-mariniers du BATEAU qu'à la tragédie maritime d'EN PLEINE TEMPETE. Mais cette nouvelle adaptation n'en oublie pas pour autant les passages visuellement spectaculaires comme cette traversée d'un grand hall cerné par les flammes. D'ailleurs, le film réussi a bien mettre en avant les dangereux paradoxes de cette aventure pour la survie. C'est un peu aller de Charybde en Scylla avec la possibilité de périr par le feu alors que l'on est à bord d'un bateau en train de couler. L'aspect peu glorieux de la survie est parfois mis en avant de manière assez surprenante à l'instar de cette incroyable séquence dans un conduit d'ascenseur. Quoi qu'il en soit, Wolfgang Petersen ne relâche jamais l'action obligeant ses personnages déjà forcés par les événements à avancer ou mourir.
Du coup, le film ne contient aucun temps morts et ne perd même pas de temps à présenter longuement tous les personnages. Les films catastrophe des années 70 se lançait souvent dans un long prologue avant que la catastrophe ne survienne (TREMBLEMENT DE TERRE, L'AVENTURE DU POSEIDON, LA TOUR INFERNALE...). Les films gagnaient en caractérisation de leurs personnages sous la forme d'un mélodrame plus ou moins intéressant. A l'instar de l'un des meilleurs films catastrophe des années 90, DAYLIGHT, le film de Wolfgang Petersen préfère entrer dans le vif du sujet le plus vite possible. On retrouve bien une présentation succincte de quelques personnages mais c'est aussi tout autant une visite des lieux, avant la catastrophe, qu'ils retraverseront par la suite. Les personnages pourraient en pâtir mais ce n'est pas le cas en grande partie grâce aux acteurs. Par exemple, il ne faut pas plus de quelques secondes à Richard Dreyfuss, lors de sa première apparition, pour qu'il donne un ton émouvant à son personnage alors que l'acteur est seul avec un téléphone portable. Autre vétéran des grands écrans, on retrouve Kurt Russell en homme politique, ancien pompier, et père de famille. A leurs côtés, on comptera Josh Lucas, Mia Maestro, Freddy Rodriguez, Emmy Rossum (déjà rescapé du JOUR D'APRES) ou encore Kevin Dillon pour ce qui est des personnages les plus mémorables de cette aventure hautement recommandable.
Le DVD français de POSEIDON vous place au milieu de la catastrophe grâce à un transfert 16/9 au format cinéma respecté de grande qualité. Difficile de trouver un défaut notable sur l'image. Pour le son, c'est aussi un peu la claque avec une piste anglaise en Dolby Digital 5.1 offrant une belle puissance. Le doublage français est, bien évidemment, lui aussi présent en 5.1. A noter qu'une autre piste française est disponible. Il s'agit d'une version Audiovision du film à destination des spectateurs non voyants. Une voix off décrit l'action, les personnages ou les décors lorsqu'il n'y a pas de dialogue. Une initiative que l'on aimerait entendre plus souvent sur les DVD français ! Et on pourrait en dire de même en ce qui concerne les sous-titrages français inexistants sur les films français, pour les malentendants, mais c'est un autre débat qui n'a pas lieu d'être ici.
Deux suppléments sont proposés : la bande-annonce et un Making Of. Ce dernier est une featurette promotionnelle d'une vingtaine de minutes qui survolent rapidement, et sans jamais entrer dans le détail, la création du film. On y parle bien évidemment de la première adaptation cinématographique pour ensuite faire la part belle au film de Wolfgang Petersen. Les acteurs nous y expliquent que le tournage fut très difficile et qu'ils n'ont été que peu doublés. Du côté de l'équipe technique, tout le monde est content, c'est une belle histoire ! Ayant apprécié le film, nous sommes prêt à les croire sur parole mais ce petit supplément fait un peu pauvre pour un film qui a coûté plus de cent millions de dollars. Aux États-Unis, Warner proposait un contenu un peu plus étoffé grâce à plusieurs éditions dont l'une sur double DVD offrait, entre autres, un documentaire éducatif à propos des fameuses vagues scélérates.
On s'attendait à un traitement plus royal, du côté des suppléments, pour l'édition française de POSEIDON mais ce n'est donc pas le cas. Reste donc le métrage qui est l'un des meilleurs films catastrophes vus dernièrement sur les écrans et qui réussi à nous donner une vision plus actuelle, bien plus tendue, que celle de L'AVENTURE DU POSEIDON. Si ce dernier conserve un certain charme, le film de Wolfgang Petersen a donc de nombreux atouts dans sa manche et ce DVD les met bien en avant !
