Header Critique : BUDDHA'S PALM

Critique du film et du DVD Zone 2
BUDDHA'S PALM 1982

 

Ce BUDDHA'S PALM de 1982, produit par le studio Shaw Brothers, constitue en fait un remake, revenant sur une série de longs métrages des années 60 alors extrêmement populaire et mettant en scène les aventures de la "Paume Spirituelle du Bouddha". Cette série cinématographique était elle-même inspirée d'une bande dessinée de la même période. Pour ce come back, on décide de confier la mise en scène à Taylor Wong dont c'est un des premiers films, et on distribue les rôles à des acteurs vedettes de la firme, parmi lesquels le couple à la ville comme à l'écran formé par Derek Yee et Candice Yu. Lo Lieh lui-même participe à l'entreprise, la vedette de LA MAIN DE FER prêtant sa fantaisie à un très insolite maître des arts martiaux !

Après des années de méditation, un bodhisattva met au point une technique de combat redoutable, nommée la Paume de Bouddha. Mais l'effort pour créer cette science s'est avéré si rude qu'il meurt peu après, ayant juste eu le temps d'enseigner sa découverte à son élève Gu Hanhun. Malgré cette connaissance, celui-ci est défait au cours d'un combat contre d'autres maîtres des arts martiaux, affrontement au cours duquel il perd la vue. Vingt an plus tard, un guerrier nommé le balafré se voit brutalisé et malmené par la famille de la jeune fille dont il est épris. Ces brutes n'hésitent pas à le précipiter du haut d'une falaise.

Mais le Balafré survit grâce à l'intervention de Gros Bêta, un gentil monstre mi-lion, mi-dragon qui l'attrape avant qu'il ne s'écrase au sol. En fait Gros Bêta est l'animal de compagnie de Gu Hanhun, lequel vit désormais dans une caverne. Le Balafré trouve une substance magique capable de rendre la vue à ce Maître des arts martiaux et, aussitôt après la guérison, Gu Hanhun lui enseigne la Paume de Bouddha…

Soyons francs : sans l'aide d'informations glanées sur plusieurs sites spécialisés dans le cinéma asiatique, nous aurions été bien incapables de reconstituer ce résumé ! Et pour cause, BUDDHA'S PALM s'avère un film d'une extrême confusion. Vingt ans d'histoire et une douzaine de personnages nous sont résumés en trois minutes, dès le début du métrage, dans un sprint étourdissant qui largue d'emblée le malheureux spectateur qui, contrairement au public de Hong Kong, n'a aucune connaissance des bandes dessinées et des films antérieurs dédiés à la Paume du Bouddha !

On finit tout de même par s'y retrouver bon an, mal an, et, même si l'on ne sait toujours pas trop quels sont les noms des héros à la fin du métrage, on comprend globalement qui fait quoi. Oui, BUDDHA'S PALM est un film confus, précipité. Il accumule les péripéties les plus folles sur un rythme des plus frénétiques, rythme marqué par une sautillante musique électronique. Dès lors, les amateurs de profondeur psychologique, les férus d'épopée réaliste ou les amateurs de grandes légendes chevaleresques peuvent passer leur chemin. Car BUDDHA'S PALM est avant tout un film tout fou dans sa tête, une fantaisie terriblement généreuse.

En fait, BUDDHA'S PALM s'inscrit dans un courant fort ancien du film de chevalerie de Hong Kong. Mettant en scène, comme il se doit, des histoires d'amour et des combats entre guerriers, il se distingue en conférant à ces derniers des pouvoirs magiques et multipliant les touches de Fantasy. Parmi elles, un grand classique s'avère la "Power Palm", la paume de la puissance, qui permet au combattant de projeter une énergie destructrice magique à partir de la paume de sa main

Si ce genre d'Heroic Fantasy à la sauce chinoise s'était essoufflé avec l'arrivée des chevaliers plus virils de Chang Cheh, de la spontanéité des combats de Bruce Lee ou des performances physiques des moines Shaolin, elle fit son retour avec le metteur en scène Yuen Chor qui signe, en 1976, THE MAGIC BLADE (LE SABRE INFERNAL en DVD français) pour la Shaw Brothers.

Qui plus est, face à la concurrence du cinéma hollywoodien et de ses effets spéciaux de plus en plus perfectionnés, la Shaw Brothers doit suivre la mesure et marcher sur les traces de films comme LA GUERRE DES ETOILES en multipliant les effets spéciaux optiques. Cette surenchère appelle alors la réalisation d'une production aussi riche en séquences fantastiques que BUDDHA'S PALM.

Des trucages, BUDDHA'S PALM en contient beaucoup, en grande partie avec l'apposition de dessins sur la pellicule pour faire apparaître des rayons de puissance ou des boules d'énergie, voire même une épée de lumière nommée le dard du dragon, laquelle évoque immanquablement les épées laser de George Lucas ! Mais trucages made in Hong Kong ne doit pas être compris comme trucages au rabais, loin de là. Tous sont parfaitement exécutés et apportent une fantaisie d'autant plus grisante qu'ils sont employés avec un sens de l'invention toujours remarquable.

Ainsi, parmi les nombreux combats surnaturels de BUDDHA'S PALM, il est difficile de ne pas relever le superbe affrontement entre deux guerrières et une feuille de métal adoptant la silhouette découpée d'un bouddha, affrontement d'une poésie époustouflante et aux effets spéciaux tout simplement indécelables ! Ou encore le combat contre les deux génies gouatreux, le plus petit se tenant sur les épaules du plus grand et possédant, sous son menton, une glande répugnante projetant, lorsqu'il la presse fortement, un pue vert aussi destructeur qu'un puissant acide. Evidemment, le clou de BUDDHA'S PALM reste l'extraordinaire pouvoir du pied géant, par lequel un maître des arts martiaux étend sa jambe sur plusieurs mètres avant d'écraser ses adversaires : un effet spécial qui, en photo ou sur l'affiche du film, peut laisser dubitatif, mais qui, mis en oeuvre à l'écran, passe sans aucun problème !

BUDDHA'S PALM est donc un spectacle délirant, nous entraînant dans un voyage grisant parmi les mille et une légendes chinoises ! Outre des effets spéciaux, comme on l'a vu, assez superbes, il bénéficie de tout le savoir-faire du studio Shaw Brothers : précision époustouflante des scènes de combat, beauté de la direction artistique, cascades spectaculaires et décors magnifiques sont ainsi de mise.

Rien ne manque pour faire de ce BUDDHA'S PALM un spectacle, certes confus et infantile, mais aussi totalement dépaysant et divertissant ! En tout cas, il n'est pas exagéré de constater que, par sa façon de retourner à un cinéma de chevalerie largement tourné vers la Fantasy et rehaussé par de nombreux effets spéciaux modernes, il annonçait, avec un an d'avance, ZU, LES GUERRIERS DE LA MONTAGNE MAGIQUE.

BUDDHA'S PALM fait partie des productions Shaw Brothers restaurées et distribuées par Celestial, et le voici qui sort en France chez l'éditeur CTV. L'image de ce disque est, disons-le d'emblée, époustouflante. Précision de la définition, propreté de la pellicule et couleurs éclatantes restituent dans toute leur splendeur les délires visuels de BUDDHA'S PALM. Même les plans truqués passent sans aucune trace de granulation surabondante. Certes, les maniaques remarqueront quelques arrières plans (très légèrement) suspects ou certains plans au contraste un peu inégal, mais nous pensons sincèrement qu'il est difficile de proposer un meilleur télécinéma 16/9 que celui concocté pour cette copie en Shawscope 2.35…

La bande-son est en mandarin, en mono d'origine codé sur deux canaux, le sous-titrage français étant imposé. La propreté de cette piste est globalement satisfaisante, tandis que sa dynamique, d'une vitalité vraiment débordante, est parfaitement en phase avec l'oeuvre !

En supplément, ce DVD français propose deux bandes-annonces (une d'époque un peu abîmée, et une récente) ainsi que diverses interviews exclusives. Les actrices Candice Yu et Shaw Yin-Yin nous livrent leurs souvenirs de cette production et nous expliquent ses origines. Gordon Chan participe aussi aux suppléments, lui qui était alors directeur du département des effets spéciaux que le studio Shaw Brothers venait de mettre sur pied. S'il ne semble pas avoir été interrogé spécifiquement sur BUDDHA'S PALM, son intervention n'en reste pas moins intéressante. Enfin, diverses bandes annonces récentes des titres Shaw Brothers sortis chez CTV concluent la visite des suppléments.

Bref, CTV propose une édition de très bonne tenue (surtout en ce qui concerne la copie), laquelle permet de découvrir dans d'excellentes conditions cette perle de la Fantasy délirante made in Hong Kong !

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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Un très bon film de Fantasy !
Une très belle copie
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L'édition vidéo
RU LAI SHEN ZHANG DVD Zone 2 (France)
Editeur
CTV
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h33
Image
2.35 (16/9)
Audio
Mandarin Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • "Palm" d'Or pour la Shaw (15mn46)
      Entretiens avec Candice Yu, Shaw Yin-Yin et Gordon Chan
      • Bandes-annonces
        • Buddha's Palm
        • Originale
        • Version 2003
      • Intimate Confessions of a Chinese Courtesan
      • Vengeance
      • Shaolin Temple
      • Super Inframan
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