Header Critique : HOMME QUI VENAIT D'AILLEURS, L' (THE MAN WHO FELL TO EARTH)

Critique du film et du DVD Zone 2
L'HOMME QUI VENAIT D'AILLEURS 1976

THE MAN WHO FELL TO EARTH 

Thomas Jerome Newton est une énigme. Venant d'on ne sait où, il fonde une multinationale qui fait de lui un richissime homme d'affaire. Isolé et fragile, il rencontre Mary Lou avec qui il va avoir une ydille…

NE VOUS RETOURNEZ PAS a droit à un bel accueil critique et Nicolas Roeg pense à adapter au cinéma «Victory» de Joseph Conrad en utilisant de nouveau Donald Sutherland. La chose ne dure que très peu de temps et périclite. Toutefois, Nicolas Roeg retrouvera les écrits de Joseph Conrad quelques années plus tard en adaptant HEART OF DARKNESS pour la télévision. Mais, à l'époque, il s'engage donc sur l'adaptation d'un autre livre. Pas de chance, la MGM décide d'annuler purement et simplement DEADLY HONEYMOON quelques jours avant les premières prises de vues. Ensuite, Nicolas Roeg est orienté vers OUT OF AFRICA qu'il ne réalisera pas non plus au profit de Sydney Pollack. Finalement, le cinéaste anglais se souvient d'un livre qu'il a lu quelques années auparavant et qui date du début des années 60. Un ouvrage de science-fiction écrit par Walter Tevis qui fut aussi l'auteur du livre ayant donné à l'écran L'ARNAQUEUR puis LA COULEUR DE L'ARGENT. L'écriture du scénario sera faite par un critique de cinéma, Paul Mayersberg.

Tout comme il l'a déjà fait auparavant pour PERFORMANCE ou NE VOUS RETOURNEZ PAS, Nicolas Roeg ne va pas s'orienter vers un film au montage conventionnel et préfère continuer toujours plus loin l'éclatement d'une narration linéaire que certains réalisateurs utilisent de nos jours et pas toujours à bon escient avec trente ans de retard (21 GRAMMES, MEMENTO…). Ainsi, la structure du livre originel qui s'écoulait sur plusieurs dizaines d'années se retrouve complètement chamboulé avec, en prime, l'apparition, la suppression ou la modification de personnages et rebondissements. Le cinéaste et son scénariste préfèrent s'atteler au thème de l'aliénation et de l'isolement psychologique plutôt que développer une histoire traditionnelle de visiteurs d'un autre monde. De fait, les oripeaux de la science-fiction démonstrative sont mis de côté au profit des personnages. Le film de Nicolas Roeg n'est, en soi, pas une adaptation fidèle du livre mais une relecture très intéressante.

Thomas Jerome Newton serait donc un extraterrestre tombé sur terre (d'où le titre original THE MAN WHO FELL TO EARTH) et dont on nous révèlera les objectifs en cours de route. Débarqué sur notre petite terre, ses premiers contacts avec l'humanité sont des plus déconcertants entre danger (le trafic routier…) et bizarrerie (l'homme dans le manège, le clown gonflable…). Complètement étranger à cet univers, Thomas Jerome Newton va essayer de s'adapter et même après plusieurs années, il a toujours une attitude étrange ce qui complique les relations avec les autres alors qu'il continue de son côté à apprendre de l'humanité au travers du prisme télévisuel. Mais, plus le personnage principal va s'insérer dans notre société, souvent par des addictions, et plus le doute concernant sa véritable origine va poindre. Les détails, parfois tragi-comiques comme celui des lentilles, abondent dans un sens comme dans l'autre pour établir s'il s'agit d'un richissime imposteur excentrique ou d'un véritable extraterrestre. Même après plusieurs visions, il paraît extrêmement ardu de pouvoir se prononcer. Mais cela permet en tout cas d'ouvrir des nombreuses discussions à ce sujet…

En plus de son approche anti-conformiste de la narration et du montage, Nicolas Roeg insère des notes humoristiques qui finissent définitivement de placer L'HOMME QUI VENAIT D'AILLEURS dans le registre des films insolites, étranges et complètement à part ! On citera ainsi les méthodes des hommes de main du gouvernement qui ont une façon très particulière d'éliminer les personnes gênantes. Jouant beaucoup sur l'expérience graphique et sonore, de nombreuses scènes se passent de dialogues, L'HOMME QUI VENAIT D'AILLEURS est tour à tour intrigant et passionnant. Il ne plaira pas pour autant à tout le monde en raison de l'approche artistique différente du tout venant. Ceux qui seront sous le charme seront alors certainement attirés par la découverte de NE VOUS RETOURNEZ PAS et inversement…

Nicolas Roeg avait déjà tourné avec une star du rock auparavant puisqu'il avait réalisé à quatre mains PERFORMANCE, avec Donald Cammell, où Mick Jagger interprétait l'un des rôles principaux. Pour L'HOMME QUI VENAIT D'AILLEURS, ce sera à David Bowie de porter le film sur ses frêles épaules. Il est d'ailleurs intéressant de constater que ce ne sont pas les deux seuls exemples en la matière puisque Nicolas Roeg a aussi utilisé Art Garfunkel dans le rôle principal de ENQUETE SUR UNE PASSION qu'il réalisera après L'HOMME QUI VENAIT D'AILLEURS. En tout cas, le choix de David Bowie est excellent tant l'identification entre le chanteur et le personnage semble parfaite. Le musicien aurait d'ailleurs du composer la musique du film mais son travail musical non utilisé aurait servi aux albums Station To Station et Low dont les pochettes reprennent au passage des visuels du film.

L'histoire contient assez peu de personnages. Parmi les autres acteurs, Candy Clark joue le rôle de Mary Lou mais aussi de l'épouse extraterrestre. Le choix de donner les deux rôles à la même actrice peut s'expliquer de deux façons. D'une part avec l'envie de donner l'impression qu'il s'agit d'un fantasme du personnage qui ne serait pas un extraterrestre. Mais aussi d'expliciter le fait que Thomas Jerome Newton puisse être attiré par Mary Lou aussi parce qu'elle lui rappelle sa femme restée en arrière. Les autres personnages principaux sont joués par Rip Torn et Buck Henry (acteur, scénariste et réalisateur !).

Au moment de sa sortie, il est décidé de raccourcir le film en éliminant diverses séquences et le film sera très mal accueilli dans les salles. Cela n'empêche pas Dino De Laurentiis de miser tout de même sur Nicolas Roeg en vue d'adapter FLASH GORDON pour le grand écran. Mais au bout d'un an, le producteur n'est pas enthousiasmé par le traitement du cinéaste et donnera finalement la réalisation à Mike Hodges. De son côté, le livre de Walter Tevis sera une nouvelle fois adapté sans grand succès pour la télévision américaine au milieu des années 80. Dernièrement, on pourra noter quelques similitudes avec l'intrigue de K-PAX, adapté d'un autre ouvrage, où un personnage clame être un extraterrestre alors que les autorités l'envoient directement à l'asile.

Sur le premier disque, on trouve donc la version intégrale du film proposé seulement en version anglaise sous-titrée en français. Deux options sonores sont proposées avec soit une piste stéréo ou un mixage en Dolby Digital 5.1. Ce dernier permet de donner un peu plus de coffre à la bande-son mais reste tout de même des plus sobres en dehors de quelques petits effets de spatialisation absents de la version stéréo. Le deuxième disque contient une nouvelle fois le film mais dans une version allégée d'une quinzaine de minutes. Ce montage raccourci n'a droit qu'au doublage français. Une nouvelle fois, il y a le choix entre une version mono d'époque ou un nouveau mixage 5.1. Quel que soit le choix technique, le doublage français est de toutes façons peu enthousiasmant comparé aux voix originales. Le montage raccourci est à considérer seulement, à notre avis, comme un supplément inédit à toutes les autres éditions DVD existantes.

L'image des deux versions du film (donc répartis sur deux disques) est assez semblable. Le transfert 16/9 au format cinéma est très réussi mais l'on notera tout de même quelques soucis numériques négligeables sur quelques aplats. La version raccourcie correspond, bien évidemment, au montage réalisé pour l'exploitation dans les salles à l'époque de sa sortie. Il y manque ainsi une scène où Bryce rencontre Farnsworth, une version largement étendue du duo sexuel entre David Bowie et Candy Clark où ils dévoilent largement leur intimité ainsi que la scène qui explique avec qui Mary Lou termine sa vie.

En plus du montage raccourci en version française, cette édition DVD reprend aussi la quasi-intégralité de l'édition produite par Anchor Bay en 2003 pour le marché américain. Ainsi, on retrouve le documentaire «Watching The Aliens» produit à cette occasion et qui donne la parole à la plupart des intervenants à l'exception notable de David Bowie. Ce documentaire retrace ainsi l'histoire du film en abordant divers sujets dont celui du choix des acteurs ou bien la non-participation du musicien renommé à la bande originale.

Répartis sur les deux disques, on retrouve aussi des bandes-annonces ainsi que des spots TV et une galerie de photos. Concernant la dizaine de bandes-annonces et spots TV, ces vidéos sont placées à la suite et il faut donc les regarder les unes après les autres, ou utiliser la touche qui permet de passer au chapitre suivant, ce qui n'est pas des plus pratiques. Ceux qui ont un ordinateur équipé d'un lecteur DVD-Rom pourront aussi retrouver la brochure d'exploitation d'époque faisant office de dossier de presse mais aussi le script original. Les deux documents sont proposés au format PDF.

Même si la plupart des suppléments proviennent d'une édition américaine, Studio Canal a tout de même ajouté de l'inédit dans les bonus avec une interview récente du scénariste Paul Mayersberg. On pourrait être inquiet de retrouver les mêmes informations déjà explicitées dans «Watching The Aliens» mais cela n'est pas vraiment le cas et cet entretien est, en réalité, complémentaire peut être du fait qu'il est possible au scénariste de s'exprimer plus librement, et de manière plus sympathique, par rapport au montage «documentaire» de «Watching The Aliens».

Ironie du sort, le DVD français sort quasiment le même jour qu'une autre édition DVD du film. En effet, L'HOMME QUI VENAIT D'AILLEURS passe de main en main aux Etats-Unis. Après un disque chez Fox Lorber, c'est Anchor Bay qui sort une version bien mieux travaillée avec nouveau transfert et documentaire à l'appui. Toutefois, en plus de Studio Canal en 2005, c'est Criterion qui sort le film de Nicolas Roeg avec le film avec seulement un sous-titrage anglais ce qui ne manquera pas de rebuter les francophones. Du côté des suppléments, cela s'avère extrêmement alléchant avec un commentaire audio de Nicolas Roeg en compagnie de David Bowie et Buck Henry sans oublier pas mal de nouvelles interviews ou encore le livre original de Walter Tevis offert avec le film. Cette édition Criterion ne reprend pas, en tout cas, le documentaire présent sur les éditions précédentes. Néanmoins, tout cela n'est à réserver qu'à ceux qui comprennent parfaitement l'anglais puisque ces suppléments ne devrait offrir aucun sous-titrage !

Quoi qu'il en soit, pour un public francophone, l'édition de Studio Canal est de très bonne facture avec, d'ailleurs, quelques ajouts totalement inédits comme de pouvoir jeter une oreille sur le doublage français d'époque. Ce double DVD offre ainsi d'excellentes conditions pour découvrir l'étrange film de Nicolas Roeg.

Rédacteur : Antoine Rigaud
2025 ans
4 news
635 critiques Film & Vidéo
2 critiques Livres
On aime
Un film atypique et intrigant
Une belle édition DVD
On n'aime pas
Impossible d'accèder directement à un spot TV ou une bande-annonce de son choix
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L'édition vidéo
THE MAN WHO FELL TO EARTH DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
2 DVD
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
2h13
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
English Dolby Digital Stéréo
Francais Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Watching the Aliens (24mn17)
    • Entretien avec Paul Mayersberg (16mn10)
    • Bandes-annonces
    • Spots TV
    • Galerie de photos
      • DVD-Rom
      • Brochure d'exploitation anglaise
      • Script original
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