Il y a longtemps, très longtemps, dans une lointaine galaxie… Les succès consécutifs de LA GUERRE DES ETOILES, L'EMPIRE CONTRE-ATTAQUE et LE RETOUR DU JEDI mettent sens dessus dessous le box office mondial ! De 1977 au milieu des années quatre-vingts, des films de science-fiction provenant du monde entier vont tenter de réitérer la formule qui fit le succès des films de George Lucas. Parmi eux, nous trouvons une oeuvre américaine co-produite par la MGM, ce studio autorisant même l'emploi de ses films antérieurs. Ainsi, sur plusieurs moniteurs des vaisseaux spatiaux, on peut voir défiler des images de ROLLERBALL, tandis que la vue d'ensemble d'une des villes provient de L'AGE DE CRISTAL.
ICE PIRATES se voit signé par Stewart Raffill, un metteur en scène ayant commencé par se spécialiser dans les films d'aventure familiaux (LA LIBERTE SAUVAGE, LES NAUFRAGES DE L'ILE PERDUE…) avant de s'orienter vers la science-fiction avec ICE PIRATES, PHILADELPHIA EXPERIMENT et autres MAC ET MOI.
La distribution de ICE PIRATES a pour particularité de mettre en vedette des comédiens dont la carrière s'est faite avant tout à la télévision. Il en est ainsi de Robert Urich, interprète du pirate Jason, qui, à ce moment, tourne dans quelques titres d'anticipation (ESPECE EN VOIE DE DISPARITION d'Alan Rudolph et INVITATION POUR L'ENFER de Wes Craven, tous les deux sortis directement en VHS en France). C'est aussi le cas de Mary Crosby (DALLAS…) et Michael D. Roberts (MANIMAL…). Par contre, dans les seconds rôles, nous rencontrons des acteurs alors assez peu célèbres qui se sont finalement affirmés comme des comédiens vedettes : Anjelica Huston (LA FAMILLE ADDAMS…) et Ron Perlman (HELLBOY…). Enfin, signalons la courte apparition, assez triste il faut bien le dire, de notre cher John Carradine (LA MAISON DE FRANKENSTEIN, LA MAISON DE DRACULA…).
Dans le futur… L'eau potable est devenue une substance rarissime. Sa circulation repose entièrement entre les mains des sinistres templiers de l'espace. Jason le pirate et son équipage s'attaquent à leurs vaisseaux spatiaux afin d'y voler l'eau qu'ils contiennent, stockée à l'état de glaçon. Au cours d'un de ces assauts, ils kidnappent la princesse Karina et, en retour, se font rapidement capturer par les templiers…
Dans la catégorie des sous-STAR WARS, ICE PIRATES se range plutôt aux côtés de pastiches rigolards capables de faire passer le FLASH GORDON de Mike Hodges ou LES EVADES DE L'ESPACE pour des summums de sobriété. On serait plus tenté de le rapprocher de parodies dans le genre de Y-A-T-IL ENFIN UN PILOTE DANS L'AVION ? ou de LA FOLLE HISTOIRE DE L'ESPACE. En effet, si ICE PIRATES reprend des éléments classiques de la science-fiction ou du cinéma de piraterie, il les tourne souvent en dérision, n'hésitant pas à recourir à des anachronismes faciles (le robot souteneur) ou à quelques touches d'humour pipi-prout.
Pourtant, ICE PIRATES ne pousse pas la gaudriole aussi loin que les deux titres précités. Il reste en son sein une véritable histoire de science-fiction et de véritables personnages. Malheureusement, l'incroyable confusion de sa narration rend son récit quasiment incompréhensible, tandis que la description de l'univers où elle se déroule paraît trop superficielle pour convaincre. Dès lors, ICE PIRATES ne retient pas vraiment l'attention du spectateur sur toute sa longueur. Si on apprécie certaines séquences en particulier, on a du mal à s'intéresser à l'ensemble en général…
Parfois ennuyeux, ICE PIRATES compose tout de même un univers de vaisseaux spatiaux, de robots et de planètes extraterrestres aussi réjouissant que varié, riche en idées réellement amusantes. Certains détails parodient la science-fiction de manière efficace, à la manière de l'infect herpès cosmique qui surgit d'une dinde en plein repas. Citons encore cette chambre recréant artificiellement des atmosphères aphrodisiaques ou cette redoutable machine à castrer les prisonniers !
Le passage le pus astucieux de ICE PIRATES est sans doute son dénouement, lequel décrit un affrontement à bord d'un vaisseau voyageant dans une dimension où le temps s'écoule à très grande vitesse. En quelques minutes, les personnages vieillissent de plusieurs dizaines d'années, ce qui donne lieu à des trouvailles hilarantes et à une folie assez contagieuse, évoquant les meilleurs passages du "Guide du routard galactique". Dépassant le stade de la parodie bébête qui n'utiliserait l'univers du space opera que comme la toile de fond de gags simplets, ICE PIRATES crée alors une séquence de comédie intelligente, exploitant un véritable argument de science-fiction.
En France, ICE PIRATES connut une carrière des plus discrètes puisqu'il dut se contenter d'une simple sortie en vidéo. En DVD, il est publié en 2005 en zone 1 chez Warner. Ce disque propose le film dans une copie cadrée en 1.78 (proche du format 1.85 d'origine), avec un télécinéma 16/9. Sa propreté est tout à fait satisfaisante, tout comme la qualité d'ensemble du télécinéma. Pour chipoter, on regrettera juste quelques petits soucis dans la gestion des contrastes et de la compression pour des scènes très sombres.
La bande-son est disponible dans son mixage mono d'origine d'origine codé sur la voie centrale. On trouve les pistes française et anglaise, toutes deux bien propres et assez agréables à l'écoute. Des sous-titrages français, espagnols et anglais accompagnent ICE PIRATES. Pour tout supplément, il faut se contenter d'une simple bande-annonce.
Bref, Warner nous fournit une édition minimaliste, mais dont les qualités techniques s'avèrent tout à fait honorables. Par ailleurs, le même DVD est sorti dans la zone 2 (mais pas en France) et propose lui aussi une piste et un sous-titrage français. On devrait pouvoir l'acheter en Belgique à partir du mois de juillet 2005.