Header Critique : MERCANO LE MARTIEN (MERCANO, EL MARCIANO)

Critique du film et du DVD Zone 2
MERCANO LE MARTIEN 2002

MERCANO, EL MARCIANO 

Peinard sur sa planète, Mercano promène son animal de compagnie dans la campagne martienne. Tout irait pour le mieux si un objet tombé du ciel n'était pas venu délivrer un message de paix en écrasant la pauvre bestiole ! Aucune erreur quant à la provenance de la sonde Voyager, Mercano décide d'aller montrer de quel bois il se chauffe aux terriens. Malheureusement pour lui, il se retrouve échoué sur Terre après un incident lors de son entrée dans l'atmosphère. Il est alors obligé de cohabiter avec ceux qu'il était venu écrabouiller…

Juan Antin est en charge du département d'animation digitale de la Universidad del Cine de Buenos Aires lorsqu'il bricole MERCANO EL MARCIANO avec Ayar Blasco. Non pas le film mais une série de petits courts métrages en vidéo qui seront diffusés sur Much Music, l'équivalent argentin de MTV. Ces petits segments animés connaissent un certain succès et totaliseront une soixantaine d'épisodes avant que germe l'idée de se lancer dans un projet de long métrage. Les moyens mis en œuvre ne sont pas faramineux mais le film va surtout utiliser une nouvelle méthode permettant de créer de l'animation à moindre coût pour le cinéma. Ainsi, une part des dessins est réalisé de façon traditionnelle à la main puis convertie en numérique. Là, il est possible de triturer les images et d'y ajouter divers effets créés entièrement par ordinateur. Lorsque l'animation est prête, chacune des images est alors transférée directement sur pellicule grâce à une caméra Mitchell 35mm couplée à un moniteur informatique haute définition, le tout modifié spécialement pour l'occasion.

Bien que MERCANO LE MARTIEN se tourne déjà à l'économie avec le soutien de la Universidad del Cine de Buenos Aires, un écueil inattendu va poser un problème financier pour le film mais surtout secouer l'Argentine en raison d'une crise économique et d'un soulèvement populaire. Juan Antin réussit à convaincre une part de son équipe de continuer à travailler pour rien sur le film ce qui permet de le finaliser. Il est pourtant difficile aujourd'hui de savoir si ces événements ont eu une influence sur l'aspect technique final de MERCANO LE MARTIEN. Il faut dire que le type d'animation employée ainsi que l'approche graphique très stylisée et brute ne place pas le film de Juan Antin sur le même pied d'égalité que ceux des «ténors» de l'animation cinématographique. Ce qui ne l'empêchera pas de récolter plusieurs prix dans divers festivals à travers le monde.

Souvent apparenté à SOUTH PARK pour son humour, cet amalgame jouerait plutôt en défaveur de MERCANO LE MARTIEN. Si les deux sont issus d'une série télévisée et utilisent des méthodes techniques à bas prix, la comparaison s'arrête là. Les dessins animés de Matt Stone et Trey Parker foisonnent sans discontinuer de conneries et autres gags de mauvais goûts (donc très drôles), MERCANO LE MARTIEN est déjà bien plus posé. Le film de Juan Antin n'a pas le même rythme frénétique et outrancier que SOUTH PARK et ceux qui pensent y trouver leur compte en débilité puérile et assumée ne pourront qu'être déçus ! En fait, étrangement, ce n'est pas du côté de l'animation que l'on pense à la vision de MERCANO LE MARTIEN mais plutôt à un petit ouvrage d'Eduardo Mendoza publié au début des années 90. «Sans nouvelles de Gurb» raconte l'histoire d'un extraterrestre bloqué momentanément à Barcelone ce qui permet à son auteur de délirer en roue libre tout en dressant un portrait amusé de la ville espagnole. Le martien Mercano est, lui, planté en Argentine et cherche aussi un moyen de retourner se mettre au vert sur la planète rouge. Ce qui l'amenera forcément à côtoyer les autochtones terrestres…

MERCANO LE MARTIEN ne prend pas le parti de s'interroger sur la bizarrerie des humains vus par l'œil extraterrestre, mais certaines scènettes jouent tout de même sur la différence culturelle. L'intrusion de Mercano dans notre monde donne surtout l'occasion à Juan Antin de dépeindre notre société de consommation mais aussi, et surtout, les travers du capitalisme galopant et de la mondialisation. Les grandes sociétés s'affranchissent des gouvernements et pompent (littéralement dans le film) ce dont ils ont besoins en toute immoralité. La démonstration caricaturale ne prend pas de gants et pousse le bouchon très loin dans sa vision du client transformé en mouton juste bon à consommer. Le film n'oublie pas au passage de débattre sur la contradiction qui ne manque pas de naître pour peu que l'on essaye de devenir totalement réfractaire à ce système. Tous ces thèmes ne sont pas toujours dépeints avec une grande subtilité mais cela participe au côté naïf et donc sympathique du film.

Mais le métrage de Juan Antin n'est pas un brûlot anti-mondialiste parfait. Bien que déjà assez court, un peu moins d'une heure et quart, MERCANO LE MARTIEN souffre tout de même de quelques passages à vide et de remplissage qui ont tendance a laisser retomber son soufflet satirique. Le rythme n'est pas toujours bien maîtrisé et le résultat final dilue ses nombreuses bonnes idées ce qui en diminue d'autant l'impact. L'ajout de quelques scènes gratuites en image de synthèse (le survol de Mars...) n'aide pas vraiment tout comme un final musical artificiel qui se clôt tout de même par un dénouement radical qui a le mérite de refermer le film sur une note agressive.

Le DVD français est pourvu d'une image au format 1.77 et tirant parti du 16/9. En raison de la durée assez courte de MERCANO LE MARTIEN et de son origine animée, l'image devrait être irréprochable. Pourtant, si dans l'ensemble, le résultat est de bonne facture, il faut bien pointer le doigt vers quelques soucis visibles de compression surtout au début du film dans des aplats qui devraient être parfaitement stables et uniformes. Passé ce souci notable et de tout petits défauts de pellicule, comme déjà dit, l'image est plus qu'honnête. Une seule piste sonore est disponible en espagnol et pourvue d'un sous-titrage en français. Celle-ci délivre une stéréo surround qui n'appelle pas de long commentaire.

L'éditeur a produit spécialement pour l'occasion une interview de Juan Antin. Le jeune cinéaste y explique ses intentions ainsi que sa façon d'appréhender l'animation. Pour lui, Disney est l'anti-thèse de ce qu'il peut faire et il préfère nettement Bill Plympton ou Matt Groening. Un exemple pas spécialement pertinent dans le sens où le plus souvent Disney est à destination d'un jeune public alors que les exemples en contrepoint sont orientés vers un public adulte ou adolescent. De même, il est assez amusant d'entendre qu'il apprécie Pixar mais seulement avant qu'il n'ait été contaminé par le grand Capital Disney.

La présence de six épisodes de la version télévisée de MERCANO EL MARCIANO permet de jeter un œil à ce qui fut l'ébauche du personnage. Manifestement réalisé avec beaucoup moins de moyens, les dessins y sont bien plus bruts encore que dans la version cinéma. Chacun des épisodes dure entre une à trois minutes et se suive plus ou moins. Etant donné que le disque ne contient que six des épisodes sur la soixantaine produit, la continuité est totalement absente. Ainsi, la plupart des épisodes semblent démarrer et se terminer sans que l'on ne puisse trouver un véritable intérêt scénaristique. Il faut dès lors plutôt s'intéresser à ceux qui fonctionnent seul à la manière d'une petite vignette humoristique. Ainsi, le premier épisode est quasiment identique au point de départ du film alors que le deuxième est un hommage au FRANKENSTEIN de James Whale.

Pour clôturer les suppléments, le disque contient aussi trois spots TV espagnols et la bande-annonce de MERCANO LE MARTIEN mais aussi celles d'autres titres édités par CTV (UNDEAD, MEMORIES OF MURDER...). Parmi celles-ci, pour rester dans le domaine de l'animation, il y a LA LEGENDE DU CID, une production espagnole qui n'a, à première vue, rien à envier d'un point de vue qualitatif aux derniers longs métrages animés de Disney. A suivre, pour ceux qui aiment, même s'il n'y a, à première vue, aucun élément fantastique dedans…

La critique humoristique et acerbe de MERCANO LE MARTIEN en fait un dessin animé plutôt sympathique même si celle-ci ne réussit pas à maintenir à flot son piquant discours tout du long. Même s'il y a de petits soucis, l'édition DVD est du même tonneau.

Rédacteur : Antoine Rigaud
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635 critiques Film & Vidéo
2 critiques Livres
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Un dessin animé militant et rigolo
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Rythme du film très inégal
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L'édition vidéo
MERCANO, EL MARCIANO DVD Zone 2 (France)
Editeur
CTV
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h09
Image
1.78 (16/9)
Audio
Spanish Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Interview de Juan Antin (29mn)
    • Mercano, el Marciano (6 épisodes)
    • Spots TV (3)
      • Bandes-annonces
      • Mercano le martien
      • La Légende du Cid
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