Reprenant la même équipe que pour LES AVENTURIERS DU COBRA D'OR (I CACCIATORI DEL COBRA D'ORO), Anthony Dawson (alias Antonio Margheriti) décide de remettre le couvert avec I SOPPRAVISSUTTI DELLA CITTA MORTA, (traduction littérale : "Les Survivants de la Ville Morte", connu également sous le nom d'export de THE ARK OF THE SUN GOD ou bien encore LE TEMPLE DU DIEU SOLEIL en France ), nouveau rip-off des AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE.
L'homme à tout faire du cinéma italien réunit donc à nouveau David Warbeck, un de ses interprètes fétiches (HEROS D'APOCALYPSE, LES AVENTURIERS DU COBRA D'OR…) mais également John Steiner et son inséparable Alan Collins (Luciano Pigozzi).
David Warbeck est ici un aventurier américain qui arrive en Turquie avec sa femme (Susie Sudlow). Il est engagé par John Steiner afin de retrouver une mystérieuse cité enfouie dédiée à Gilgamesh, le Dieu Soleil . Il n'est cependant pas le seul à s'y intéresser puisque selon une légende, la cité contiendrait un sceptre doté de pouvoirs fantastiques…
Antonio Margheriti s'est offert un tournage en extérieurs en Turquie pour ce nouvel avatar des Aventuriers. Intrigue décontractée, ambiance humoristique, le film y est totalement décomplexé. Et Margheriti s'en donne à cœur joie dans les multiples scènes d'action improbables qui jalonnent les 97 minutes. A noter un cambriolage de haute voltige avec David Warbeck en pleine forme, une poursuite en voiture qui se termine avec l'une d'entre elles encastrée dans un train au milieu d'explosions en tous genre et la bataille dans le temple de Gilgamesh.
Et de voir avec bonheur la grande réussite des miniatures employées pour moultes explosions et cascades de voitures ! Les effets spéciaux ont en effet la part belle et leur qualité artisanale n'est plus à démontrer. Les scènes finales dans le temple de Gilgamesh restent à ce titre parmi les plus spectaculaires du film : miniatures, effets d'optiques, matte paintings… tout l'attirail visuel est au complet pour l'illusion fantasmatique.
Le spectateur est ici en plein terrain balisé. Il ne faut ainsi pas s'attendre à une grande originalité dans le traitement, le démarquage du film qui consacra définitivement Harrison Ford ne demeure qu'à peine voilé. Mais la bonne humeur ambiante, les clins d'œils permanents et le plaisir évident que les acteurs et actrices ont à jouer emportent l'adhésion. La mise en scène tire d'ailleurs un très beau parti des décors naturels turcs. Un seul regret, que Margheriti n'ait pas utilisé le format anamorphique, ce qui aurait grandement aidé à obtenir un cachet plus classieux. Surtout avec le budget du film qui apparaît plus important qu'à l'habitude dans ce type de films.
Techniquement parlant, le transfert du DVD n'est hélas pas une grande réussite. Parfois trop clair, il souffre certainement d'un film surexposé par moments. Ce qui laisse apparaître un grain malheureux dans les scènes se déroulant dans l'obscurité (notamment le premier cambriolage). On y voit aussi de nombreuses griffures et des perforations (pendant le générique).
Le mixage en 5.1 de la bande son italienne n'était pas non plus franchement nécessaire. La spatialisation du son est devenue une spécialité italienne chez Pulp Vidéo : cela en devient assourdissant avec la chanson du générique qui paraît étouffée ! Il vaut mieux, pour les multilingues, se rabattre sur les version d'origine mono italienne et anglaise. Moins préfabriquées, plus fluides, elles contiennent une bonne part de souffle par instants, mais elles sont plus cohérentes avec ce qui se passe à l'image.
Côté bonus, c'est plutôt maigre avec la bande annonce italienne d'origine et une bio-filmographie sélective du grand Antonio. C'est hélas une marque de fabrique de Pulp : voir KRIMINAL et LE RETOUR DE KRIMINAL qui ont subi le même traitement.
On prend néanmoins toujours d'un certain plaisir à retrouver ces deniers représentants du cinéma d'aventures bis italien. En effet, passé le milieu des années 80, la présence grandissante de la télévision et l'émergence de la vidéo auront tué une certaine idée de liberté du cinéma populaire transalpin. Ce DVD est donc le seul moyen de découvrir ce film d'aventures au charme un peu suranné des séances d'un dimanche après-midi pluvieux.