CINEMA : RING, RING 2 ET RING 0

21 mars 2002 
CINEMA : RING, RING 2 ET RING 0 N'en déplaise aux fans de STAR WARS et du SEIGNEUR DES ANNEAUX, la trilogie la moins téléphonée du moment est celle de RING. La sortie du DVD français du premier film de la série et du deuxième volet dans les salles de cinéma ce mercredi 20 mars nous permet de nous replonger avec bonheur et effroi dans les noirceurs de cette série occulte très culte, maintes fois copiée, mais jamais égalée. D'autant qu'un RING 0, la préquelle, pointe déjà le bout de son nez en DVD zone 2 chez nos voisins britanniques. Avis aux amateurs.

Quand Hideo Nakata a eu le best-seller RING dans les mains, il a tout de suite su qu'il pouvait en tirer quelque chose de diablement efficace. Et son audace lui a donné raison. Son adaptation a provoqué un véritable raz-de-marée dans les salles nippones. Sa réussite ? Le cinéaste privilégie la terreur psychologique au détriment des effets gore (complètement absents) et des effets spéciaux utilisés avec une parcimonie savoureuse. Il faut dire qu'il adressait son film à la base à un public féminin nippon, amateur de mangas surnaturels pour lesquels il vaut mieux suggérer qu'étaler. Tout naturellement les protagonistes de la série sont donc principalement des jeunes femmes (elles sont étudiantes, journalistes, lycéennes…). RING number one suit l'enquête d'une journaliste sur les méfaits d'une cassette maudite dont on dit le visionnage tout simplement mortel. Est-ce une légende urbaine alimentée par la jeunesse locale ? Le faux suspense tombe bien vite car le surnaturel et l'irrationnel surgissent de manière définitive tandis que la malédiction frappe les principaux personnages.

La grande force de RING est bien sûr d'en montrer le moins possible. Nakata repousse l'apparition du spectre de Sadako qui prend son temps pour sortir de son puits sépulcral, et ce pour mieux titiller l'imagination débordante des spectateurs. Pour nous faire patienter le cinéaste sait nous mettre en condition. Il nous plonge dans un univers froid où il ne fait pas bon sourire. Il transcrit avec précision la difficulté des Japonais à communiquer et surtout leur impossibilité à exprimer leurs sentiments, comme l'illustrent les relations distantes entre la journaliste et son ex-mari ou bien l'absence de cette journaliste dans la vie quotidienne de son fils. Le cinéaste utilise le fantastique pour mieux faire rejaillir l'aliénation et la frustration d'un peuple et le pouvoir néfaste de l'image sur l'individu, car ici l'image tue.
Pour imposer une ambiance des plus angoissantes, une bande-son stridente contribue à entretenir la terreur. On n'est pas du tout, du tout à l'aise. On se surprend à avoir la chair de poule et à trouver la salle de cinéma bien sombre et silencieuse. Pari gagné donc, RING est un vrai film d'épouvante qui va au bout des choses jusqu'à sa danse macabre finale belle comme une peinture. Tandis que l'enquête de la journaliste et de son ex-mari extralucide se poursuit, le spectateur comprend qu'ils ne vont qu'au devant d'une fin bien noire, car les fantômes de la haine auront le dernier mot.

Et on a raison car un an après la sortie française de RING voilà que déboule sur nos écrans RING 2 avec Nakata aux commandes. Après tout le téléphone sonne toujours deux fois. Et le cinéaste et ses producteurs ont bien fait de se laisser aller à la facilité de la suite, car on voulait quand même en savoir plus sur Sadako et cette cassette maudite. RING 2 reprend là où s'arrêtait le premier volet, on reprend les mêmes personnages (en particulier le fils de la journaliste et l'étudiante du premier volet) et on en rajoute une couche. C'est ce qui fait la force du film, mais également sa faiblesse, car le problème de RING 2, c'est qu'il ne s'auto-suffit pas. Il est même dépourvu d'intérêt pour ceux qui ont raté le premier opus tant son intrigue complexe est liée au premier numéro. D'ailleurs ceux qui l'ont vu depuis un certain temps devront faire preuve d'une sacrée mémoire pour pouvoir profiter à fond du spectacle. Les noms japonais réapparaissent de manière confuse et on ne sait plus vraiment qui est qui et qui a fait quoi. D'autant plus qu'au surnaturel s'ajoutent une enquête policière et des recherches scientifiques (vraiment pas la meilleure idée du film) qui essaient de rationaliser les événements toujours aussi bizarres qui ponctuent le film. On retrouve les bruits stridents du premier volet. Ils renflouent encore une ambiance des plus pesantes qui, même si elle n'atteint jamais le niveau d'adrénaline du premier film, réserve son lot de surprises et parvient même à extirper un hurlement collectif des spectateurs durant l'implacable scène finale.
Sadako se fait plus rare dans le deuxième volet tant le gamin et ses inquiétants pouvoirs lui volent la vedette. Entité ténébreuse née de la haine et du désir de vengeance, Sadako et son étrange vidéo maudite nous dévoilent quand même quelques-uns de leurs secrets, mais pas assez pour rassasier les curieux spectateurs que nous sommes. Pourquoi tant de haine, pourquoi a-t-elle été plongée dans ce puits (où elle a survécu pendant 30 ans !), qui est son père ? Autant de questions qui trouveront toutes (enfin presque toutes) une réponse dans l'inévitable et nécessaire préquelle, RING 0.

RING 0 a le mérite d'en dire très long sur le passé et en particulier l'adolescence de Sadako, car ici la jeune fille au voile capillaire ténébreux est bel et bien vivante : elle joue la comédie (et oui Sadako est une jeune comédienne débutante dont l'arrivée dans une troupe de théâtre provoque des morts inexpliquées) et tombe même amoureuse d'un jeune homme, une amourette compromise par les démons qui hantent la jeune fille.
Malheureusement le résultat n'est pas à la hauteur des premiers volets. Il faut dire qu'entre les 2ème et 3ème volets un changement de réalisateur s'est opéré et que le responsable de RING 0 filme plan-plan un récit pourtant captivant. Et à force de filmer plat, le récit s'apparente de plus en plus à un récit dramatique parfumé à l'eau de rose. Avec quand même une poignée de rebondissements surnaturels (plutôt réjouissants) à la fin pour les nostalgiques du frisson téléphoné ! Même si l'on ne s'ennuie pas de voir le joli minois perturbé de Sadako lors des répétitions théâtrales, l'ambiance pesante des deux premiers volets vient à nous manquer.
Si RING est tout bonnement indispensable pour tout amateur de frisson qui se respecte, RING 2 s'avère être la continuation imparfaite mais réjouissante de cette sombre histoire de vidéo maudite. Pour initiés seulement. Quant à la préquelle, prenons-la pour la cerise sur le gâteau, une cerise un peu trop sucrée mais qui ne nous dégoûtera en rien de la saveur de cette saga. RING a refait de la peur une sensation exquise et a relancé la mode du cinéma fantastique au pays du Soleil levant, permettant à des films comme l'excellent KAIRO (un budget plus conséquent et l'internet qui se substitue à la vidéo) ou l'hilarant UZUMAKI d'exister. Sadako est un vrai miracle, je vous dis.

Frédéric Mignard aka Zecreep

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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