BOX OFFICE (15/07/02)
Première semaine :
Il y a des échecs plutôt énervants. Celui de JEEPERS CREEPERS en est le dernier exemple en date. Sorti il y a un peu moins d'un an en août dernier aux States, cette série B avait cassé la baraque dans son genre prenant la tête du box office le temps d'une semaine pour finir sa carrière autour des 37M$. Surprenant. Le film est sorti depuis un peu partout dans le monde notamment de manière triomphale en Angleterre en octobre dernier. On pouvait donc s'attendre à une sortie rapide et bien orchestrée en France. Résultat le film sort à la va-vite 11 mois après les Etats Unis, sacrifié par le distributeur Bac Films (pourtant bien rodé dans le fantastique avec les succès des SCREAM, THE FACULTY ou HALLOWEEN 20 ANS APRES…) au bord de l'asphyxie financière depuis quelques mois. La critique avait pourtant applaudi ce retour à la série B tribale. Première a fait de JEEPERS CREEPERS son film du mois, Télérama a été étonnamment élogieux pour un film de genre… Pourtant le film ne parvient pas à dépasser les 31.000 spectateurs sur Paris et sa périphérie et les 106.000 entrées sur toute la France. En conséquence le film perd toutes ses salles en deuxième semaine : à Paris intra muros son circuit passe de 14 à 4 salles. Sa carrière est donc presque terminée. Injuste, vraiment injuste. Bac n'a pas su (pu ?) distribuer et soutenir cette série B alors que le distributeur était désespérément en quête d'un succès salvateur. Tant pis pour lui.
Autre curiosité estivale, MES CHERS VOISINS a bien failli connaître le sort des deux précédents films d'Alex de la Iglesia (PERDITA DURANGO et MUERTOS DE RISA) et ne jamais sortir sur notre territoire. En effet cette comédie noire jubilatoire est sortie il y a tout de même deux ans en Espagne et on commençait à s'impatienter, car même si le renouveau du cinéma espagnol est une réalité des plus réconfortantes, on attend toujours un véritable engouement des Français pour ce cinéma exquis qui nous a rarement déçu ces dernières années (TESIS, EL MAR, LUCIA Y EL SEXO, EL DIA DE LA BESTIA, LA LANGUE DES PAPILLONS…). MES CHERS VOISINS a réussi à susciter une certaine curiosité à Paris où 14.000 parisiens ont goûté aux joies du "bon" voisinage dans à peine 12 salles, tandis que la province a eu plus de mal à succomber au charme hispanique de cette farce macabre (moins de 15.000 spectateurs dans le reste du pays, médiocre).
Films en continuation :
Le match LILO ET STITCH / L'AGE DE GLACE est l'un des plus intéressants du moment. LILO ET STITCH, le dernier Disney était un pari risqué pour l'empire de Mickey qui n'avait jamais lancé de nouveautés de cette envergure en cette période de l'année sur notre territoire. Le film devait initialement sortir le 26 juin, mais face à la concurrence de L'AGE DE GLACE (un succès patenté dans le monde entier) et l'attrait de la Fête du Cinéma, le distributeur a jugé bon d'avancer sa sortie au samedi 22 juin. Date de sortie déconcertante pour les Français qui n'ont pas compris la démarche Disney. De même la campagne promotionnelle très (trop ?) enfantine et l'absence d'échos venus d'outre Atlantique (le film est sorti aux USA un jour auparavant) n'ont pas aidé le film a bien démarrer. Les spectateurs ont donc plus ou moins boudé le film qui a commencé timidement sa carrière avec 304.000 entrées France (dont 70.000 sur la capitale). Heureusement grâce à un bon bouche à oreille et des critiques plutôt encourageantes, le film s'est maintenu et a eu le culot de voir ses entrées croître de 10% en 3ème semaine. Le film a donc conquis plus de 760.000 spectateurs en 3 semaines. L'honneur est sauf, même si on est très loin des scores remarquables des Disney de fin d'année et du carton du film aux USA (118M$ en 4 semaines).
L'AGE DE GLACE pendant ce temps fait le double d'entrées et affiche fièrement 1.200.000 spectateurs sur la France en à peine deux semaines d'exploitation. Le succès, même s'il n'est pas encore à la hauteur du triomphe international, est d'autant plus solide qu'en deuxième semaine le film n'a perdu que 4 % de ses entrées et s'accroche hautainement à sa deuxième place derrière l'increvable SPIDERMAN. Ce dernier trône au sommet depuis 4 semaines avec un peu moins de 5 millions de spectateurs sur la France (le seuil sera franchi la semaine prochaine). Sur Paris, le super héros crée par Stan Lee et immortalisé sur le grand écran par Sam Raimi vient de dépasser le million d'entrées. C'est le 4ème film sorti en 2002 à dépasser cette barre symbolique après ASTERIX ET OBELIX MISSION CLEOPATRE (2.044.000 gaulois), STAR WARS : EPISODE 2 (1.210.000 Jedis) et OCEAN'S ELEVEN (1.102.000 mauvais joueurs).
Autre film de super héros, BLADE II avait connu un démarrage des plus toniques grâce à la Fête du cinéma, il a revu depuis ses ambitions à la baisse. Le très efficace film de Guillermo del Toro vient tout de même dépasser le million d'entrées France (le premier s'était arrêté aux alentours des 660.000 entrées France). A Paris, il doit se contenter de 245.000 entrées en 3 semaines, ce qui est moyen.
On ne pleurera pas la quasi-disparition de LA REINE DES DAMNES, un mauvais film de vampire produit par la Warner qui s'écroule de 74% de ses entrées en 3ème semaine après avoir mordu 325.753 adolescents sur la France. A Paris, Lestat, superstar de rock, n'aura pu séduire que 87.000 spectateurs. Désormais il n'est plus à l'affiche.
Aux USA :
MEN IN BLACK II avait tout cassé sur son passage la semaine dernière en engrangeant 87M$ en quelques jours, mais les critiques défavorables et le bouche à oreille mitigé semblent avoir joué en la défaveur du film qui pour son deuxième week-end n'a plus que 25M$ à offrir à Sony sur plus de 3660 sites. La chute est brutale, mais le film qui a coûté une fortune (on parle d'un budget de 140 M$) devrait être rentabilisé. Barry Sonnenfeld peut donc souffler après le méga bide de sa comédie BIG TROUBLE avec Tim Allen et Rene russo (7M$ de recettes pour 45M$ de budget).
LE REGNE DU FEU et son armada de dragons aurait dû embraser le box office, mais cette sombre histoire post-apocalyptique a dû se contenter d'une petite troisième place au box office et de 16M$ pour son premier week-end. Un four. Le film de Rob Bowman (à qui l'on doit de nombreux épisodes de X-FILES) doit sortir chez nous le 21 août.
Michael Myers a fait cette semaine son grand retour dans HALLOWEEN RESURRECTION. Ce 8ème volet de la saga jadis créée par un Carpenter au sommet de son art a tout de même empoché 12M$ sur 1954 salles. Honnête. Le précédent volet, HALLOWEEN 20 ANS APRES… sorti pour la fête du même nom avait fait légèrement mieux (16M$) pour son week-end d'ouverture avant de finir sa carrière à 55M$. Il est quasiment certain que le tout dernier des HALLOWEEN n'ira pas aussi haut. Il a tout d'un nanar écervelé qui se repose sur une franchise à bout de souffle.
Parmi les continuations saluons la pêche de SCOOBY DOO qui a 144 M$ à son actif pendant que le décevant MINORITY REPORT de Spielberg doit se contenter de 110M$ en 4 semaines. Du côté des désastres, THE POWERPUFF GIRLS THE MOVIE ne dépassera pas les 10M$ malgré une sortie conséquente dans plus de 2.340 cinémas. Cette adaptation d'une célèbre série animée américaine contribue au désarroi de la Warner qui ne doit son salut cette année qu'au très bon score (pourtant inattendu) du cabot en images de synthèse.
Frédéric Mignard aka Zecreep