Après avoir tourné THE DARK POWER, la même équipe se réunit pour tourner un second film dans des conditions très semblables. Ainsi, Phil Smoot écrit et dirige à nouveau ce long métrage, qu'il co-produit avec George B. Walker. Le monteur Sherwood Jones est à nouveau de la partie, tout comme l'acteur Lash La Rue, spécialiste des rôles de cow-boys dans des séries B hollywoodienne des années 1940. Tout comme pour THE DARK POWER, l'équipe tourne ALIEN OUTLAW dans des conditions précaires, hors des circuits professionnels classiques, et les comédiens n'appartiennent pas, ou plus, au syndicat américain des acteurs. Outre Lash La Rue, nous rencontrons Sunset Carson, un autre vétéran de la série B, et Bill Cody Jr. un vieux monsieur qui fit sa carrière dans les Wild West Show. Kari Anderson, qui tient le rôle principal, venait, elle, d'une carrière de danseuse, tandis que de nombreux membres de l'équipe technique interprètent un ou plusieurs rôles dans le film.
Wes, assistant sur le spectacle itinérant de Jesse Jamison, disparaît mystérieusement alors qu'il devait rejoindre cette jeune artiste avec le matériel nécessaire au show. En fait, il a été abattu par des extra-terrestres arrivés aux commandes d'une soucoupe volante. Ayant récupéré les armes à feu utilisées par Jesse dans ses numéros (elle est une spécialiste du tir de précision), ils les utilisent pour tuer et terroriser des terriens…
Des aliens atterrissent dans l'Amérique profonde et sème la destruction autour d'eux, tout du moins dans la limite des moyens alloués par la production. A partir de ce point de départ évoquant de nombreux classiques depuis LE METEORE DE LA NUIT (bien que les envahisseurs de ce dernier s'avèrent, en fin de compte, pacifiques), les extra-terrestres vont s'empresser de mettre la main sur un stock d'armes et, à l'aide de celui-ci, abattre et violer des humains ne leur ayant rien fait. A l'instar des maléfiques aliens de TERREUR EXTRA-TERRESTRE et de PREDATOR, ces êtres violents viennent sur terre pour se livrer à un impitoyable safari, leur nature violente semblant s'épanouir au contact des armes à feu terriennes, armes dont ils font usage avec une visible jubilation.
ALIEN OUTLAW n'est pas qu'un simple film de science-fiction comme les autres. Il s'agit aussi d'un Western ! Certes, l'action se déroule dans un cadre contemporain, mais Jesse Jamison, son personnage principal, s'avère en fait une artiste travaillant au sein d'un Wild West show, c'est à dire un spectacle s'inspirant de l'ambiance "Western". Experte dans le maniement du six coups, sa tenue de scène évoque une robe de squaw et l'environnement géographique dans lequel elle évolue correspond à une Amérique profonde et rurale, elle aussi proche d'un esprit western. On s'y déplace à cheval et on se bat à coups de pistolet et de Winchester, tandis que le combat final entre Jesse et le chef des aliens prend la forme d'un duel dans la plus pure tradition du genre !
Toutefois, ne laissons pas planer l'ambiguïté : ALIEN OUTLAW est un tout petit film. Petit par les moyens essentiellement, ce qui se répercute à travers une photographie terne, des cadrages et un montage souvent approximatifs, ainsi que par des acteurs au jeu parfois passable. Les séquences d'action, tout comme les apparitions des extra-terrestres, sont rares, et elles frappent par leur maladresse et leur manque d'envergure.
Heureusement, la manière dont ALIEN OUTLAW mélange des genres aussi incompatibles que le Western et l'anticipation lui donne un charme certain. De plus, il n'hésite pas à prendre à rebours certains clichés du cinéma d'action. Le personnage principal, le seul capable de lutter contre les aliens, est une jeune femme, indépendante mais néanmoins féminine. De plus, les armes à feu y sont dépeintes comme dangereuses, dans le sens que, placées dans de mauvaises mains, elles provoquent des catastrophes et stimulent les instincts meurtriers. Alors qu'un jeune homme affirme à Jesse son contentement de vivre dans un pays où chaque homme est libre d'avoir une arme pour protéger sa famille, celle-ci lui réplique : "Certaines personnes ne devraient même pas avoir le droit de détenir un pistolet à eau" !
A force de visionner MASSACRE LA TRONCONNEUSE, LA COLLINE A DES YEUX et autres DELIVRANCE, le spectateur français considére la campagne américaine comme un repère de dégénérés consanguins en tout genre. Avec ALIEN OUTLAW, nous découvrons que cet arrière-pays est en fait peuplé de sympathiques vieux cow-boys et de tireuses d'élite toujours partantes quand il s'agit de protéger l'humanité contre un odieux péril d'outre espace. Ce n'est le moindre mérite de ce petit film fantastique, certes fauché, mais bourré d'humour et de bon esprit.
ALIEN OUTLAW est une véritable rareté puisqu'il n'avait, semble-t-il, même pas été distribué aux USA jusqu'à maintenant, bien qu'il aurait peut-être été commercialisé hors de ce pays. Il a été publié cet automne en DVD chez l'éditeur VCI (NTSC, multizone).
Pour visionner ALIEN OUTLAW,le spectateur a le choix entre le format "Widescreen" (1.66 avec option 16/9) ou bien plein écran (1.33 recadré avec perte d'image sur les côtés). Dans les deux cas, le résultat n'est pas fabuleux. Si la photographie de départ, sans doute limitée, peut expliquer des lumières et des couleurs ternes, les soucis dans la définition et la gestion de certains contrastes (particulièrement dans les séquences sombres) paraissent provenir d'un travail numérique imparfait. Quelques petites saletés sont perceptibles. Bref, ce disque offre une image regardable, mais tout de même perfectible.
La bande-son n'est disponible qu'en version anglaise originale et, là aussi, ça gratte un peu. Toutefois, les dialogues restent suffisamment audibles.
VCI propose plusieurs suppléments sympathiques. Nous avons ainsi droit à un commentaire audio réunissant Phil Smoot et son monteur Sherwood Jones, lesquels discutent sur une piste bien remplie, sans pause, et ne tombant jamais dans la paraphrase de l'action. Ensuite, nous avons accès à une interview, datant du tournage, de Lash La Rue par Sunset Carson (pour une émission télévisée consacrée au Western et animée par ce dernier). Les deux vétérans y évoquent avec nostalgie l'âge d'or de la série B américaine et le plaisir qu'ils ont pris à faire les cow-boys : dix minutes rayonnantes d'amour du cinéma devant lesquelles il est difficile de ne pas sentir un petit pincement au cœur !
Dans le même cadre, Sunset Carson discute avec Kari Anderson durant trois minutes. Ensuite, nous trouvons des extraits d'une conférence de presse tenue par l'équipe du film juste avant le début du tournage, dans la ville où ALIEN OUTLAW a été filmé. Enfin, nous pouvons assister au tournage d'une séquence à trucages, commentées par Sherwood Jones (environ 4 minutes). Le tout est complété par la bande-annonce de THE DARK POWER.
Ce DVD américain propose donc une interactivité fournie et, de toutes façons, est le seul actuellement disponible pour ce sympathique ALIEN OUTLAW.