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Critique du film et du DVD Zone 2
NORTHFORK 2003

 

Mark et Michael Polish rentrent dans l'univers du cinéma en tant que comédiens, ces deux jumeaux incarnant un double-cénobite dans HELLRAISER : BLOODLINE. Mais leurs carrières commencent réellement en 1999, avec LES FRERES FALLS, dans lequel ils incarnent des frères siamois. Ce titre, réalisé par Michael et co-écrit par Mark remporte un beau succès d'estime, notamment dans les Festivals dédiés au cinéma indépendant. Leur film suivant, JACKPOT, rencontre encore un accueil critique favorable, mais, même à l'échelle des circuits de cinéma d'Art et Essai, il ne rencontre pas son public.

Cela n'empêche pas les frères Polish de préparer NORTHFORK, leur troisième long métrage, qu'il considère comme la conclusion d'une trilogie dont les premiers volets seraient leurs deux œuvres précédentes. Ils envisagent de tourner dans l'état du Montana, notamment sur le site du barrage hydroélectrique de Fort Peck. Pour l'occasion, ils réunissent des acteurs prestigieux, comme James Woods (VIDEODROME…), Peter Coyote (E.T.…), Daryl Hannah (BLADE RUNNER…) et Nick Nolte (HULK…). Alors que NORTHFORK aurait du être le plus "coûteux" des films des frères Polish (un peu moins de deux millions de dollars), ils ont la mauvaise surprise, une fois arrivée sur place, d'apprendre le soudain désengagement de leurs investisseurs ! Heureusement, le tournage est convenablement mené à son terme.

En 1955, la petite ville de Northfork vit ses derniers instants. En effet, elle va bientôt être engloutie sous des tonnes d'eau suite à l'achèvement d'un nouveau barrage. La plupart des habitants sont déjà partis, mais certains refusent de céder. Ainsi, le Père Harlan, prêtre de la communauté et responsable de l'orphelinat, reste sur place pour soigner un enfant malade. Dans une maison, d'étranges personnages attendent la venue d'un ange, tandis qu'un autre habitant de la ville a bâti une arche sur le modèle de celle de Noé, dans l'attente du déluge. Parmi la population, l'état recrute des agents chargés de chasser ces derniers entêtés…

Condamnée à être sacrifiée sur l'autel du progrès, la petite ville de Northfork, une paisible bourgade construite sur le coude d'un fleuve, se dirige vers sa fin inéluctable. A partir de ce point de départ tragique, et plutôt réaliste, les frères Polish racontent trois histoires différentes, plus ou moins imprégnées de surnaturel. La plus émouvante nous montre un prêtre veiller sur un enfant, très malade, qui ne peut pas espérer trouver une famille d'accueil. Le second récit suit les étranges aventures de Flower Hercules, Cup of Tea, Cod et Happy, quatre vagabonds insolites venus à Northfork pour y rencontrer l'Ange de l'Inconnu. Enfin, huit agents à la solde de l'état tentent, avec des fortunes diverses, d'expulser les derniers récalcitrants qui refusent de quitter la ville. Parmi ces agents, Walter O'Brien s'inquiète de ce que va devenir le corps de son épouse, inhumé dans le cimetière de la ville.

Ces trois intrigues se déploient parallèlement, en adoptant chacune un ton différent. Si la veille du père Harlan constitue la partie la plus touchante et la plus grave du film, les expéditions des agents expulseurs joue la carte de l'humour burlesque et fantaisiste. Quant aux quatre voyageurs, leur périple constitue sans doute la partie la plus fantastique et la plus poétique de NORTHFORK.

Adoptant un rythme calme, qui peut rebuter au début du métrage, et se perdant un peu dans des saynètes contemplatives ou à l'humour un peu vain, NORTHFORK peut sembler, au premier abord, hermétique et chichiteux. Spontanément, l'expression "sous-Lynch" vient à l'esprit du spectateur… Pourtant, pour peu qu'il se laisse envoûter par la cadence calme de ce métrage, ce spectateur finit par tomber sous le charme de ce long métrage, imprégné d'une nostalgie mélancolique, inspirée par la disparition d'un âge d'or, d'un temps auquel l'homme et la nature cohabitaient dans une parfaite harmonie. Derrière les touches d'ironie surréaliste et le symbolisme onirique se dessine alors une déclaration d'amour, à la fois émouvante et triste, aux paysages naturels américains.

Passé plutôt inaperçu à sa sortie dans les salles françaises, NORTHFORK bénéficie d'une distribution en DVD par Metropolitan. Le film est présenté dans son format 2.35 d'origine, par le biais d'un télécinéma 16/9 de toute beauté. Les petites saletés sont rarissimes, et le rendu des contrastes et des nuances de gris et de beige est des plus satisfaisants. Quelques traces de compression dans les noirs ne suffisent pas à gâcher le haut niveau de qualité proposé ici.

Disponible dans des mixages 5.1 (français ou anglais, avec sous-titres français imposés), les bandes-son de ce DVD ne se distinguent pas par des performances explosives, et c'est tant mieux, car ce n'est pas ce qu'on attend d'elles. Les voix arrières restituent avant tout des ambiances musicales raffinées, distillées tout au long du métrage.

En supplément, Metropolitan nous offre une section dédiée au matériel promotionnel du film, laquelle contient trois affiches, une bande-annonce et une galerie de belles photographies de plateau en noir et blanc. Plus anecdotique, une section consacrée au "film et à ses paysages" fait défiler des captures d'images du film, ce qui n'est guère passionnant.

Le plus intéressant des suppléments est sans doute le « Making Of » de 36 minutes réalisé par Matt Polish (frères des deux auteurs, Michael et Mark), qui revient sur le tournage difficile de NORTHFORK, ainsi que sur la collaboration de Nick Nolte ou l'élaboration des décors. Enfin, la section bonus propose une filmographie de Mark et Michael Polish, ainsi que trois bandes annonces de films indépendants distribués par Metropolitan (COMPANY, MONSTER et WONDERLAND). Si on compare ce DVD au disque américain édité par Paramount aux Etats-Unis, on note la perte de deux suppléments : un petit sujet informatif de cinq minutes tourné pour la télévision et, plus grave, le commentaire audio enregistré par les deux frères.

Si, en ce qui concerne de l'interactivité, cette édition française s'avère moins complète que son homologue "Zone 1", elle n'en reste pas moins la seule à proposer des options francophones.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
NORTHFORK DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h39
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Le journal du tournage (36mn22)
      • Galerie de photos
      • La production
      • Le film et ses paysages
      • Les affiches
      • Bandes-annonces
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