Critique du film
et du DVD Zone 0
GREASEPAINT AND GORE
2004
En 1999, Bruce Sachs et Russell Wall publient "Greasepaint and Gore : The Hammer Monsters of Roy Ashton", un livre dédié au travail accompli par le maquilleur Roy Ashton au sein de la firme Hammer. Quelques années plus tard, ils récidivent en réunissant, dans ce DVD à l'intitulé comparable, deux documentaires durant environ 70 minutes chacun, consacrés respectivement à deux grands maquilleurs ayant œuvré au sein du studio britannique : Phil Leakey et Roy Ashton.
Le premier document, GREASEPAINT AND GORE : THE HAMMER MONSTERS OF PHIL LEAKEY, nous invite à suivre les travaux du premier d'entre eux. Il travaille pour la Hammer avant qu'elle ne se mette réellement au fantastique, et il sera l'homme de la situation lorsque la compagnie, appâtée par le succès de la série télévisée anglaise THE QUATERMASS EXPERIMENT, décide d'en faire une adaptation pour le cinéma. Ce sera LE MONSTRE, première aventure cinématographique du professeur Quatermass, pour laquelle Leakey réalise les mutations d'un astronaute contaminé par un mal d'outre espace. Devant le succès rencontré, la Hammer met en route une suite, LA MARQUE, qui fait encore appel au service du maquilleur.
Par la suite, la firme a l'idée de produire des films d'épouvante gothique, genre tombé en désuétude depuis les années quarante. Elle fait ainsi réaliser par Terence Fisher : FRANKENSTEIN S'EST ECHAPPE !, dans lequel Leakey crée le maquillage du Monstre sur le visage de Christopher Lee, ainsi que les différents morceaux humains que manipule le Baron Frankenstein. Cet énorme succès encourage la Hammer à persévérer dans l'"Horror", permettant ainsi à Leakey d'œuvrer encore sur deux autres titres de légende : LE CAUCHEMAR DE DRACULA et LA REVANCHE DE FRANKENSTEIN.
GREASEPAINT AND GORE : THE HAMMER MONSTERS OF PHIL LEAKEY retranscrit le parcours de ce pionnier du maquillage fantastique à travers de nombreux témoignages, en grande partie ceux de l'intéressé, tandis qu'il se livre même à des démonstrations devant la caméra. On retrouve aussi des collaborateurs des premiers films fantastiques Hammer, comme le scénariste Jimmy Sangster, le réalisateur Val Guest ou bien les acteurs Christopher Lee et Hazel Court, pour plus d'une heure d'informations et de documents très intéressants. Certes, on peut faire quelques reproches sur la forme : ainsi, sans doute pour des raisons de droits, on ne voit pas de véritables extraits des films, et il faut se contenter d'extraits de bandes annonces, pas toujours en très bon état. Néanmoins la quantité d'informations, précises et rigoureuses, en fait un "Must" pour les amateurs de cinéma fantastique britannique.
A la fin des années cinquante, Leakey s'éloigne de la Hammer et cède la place à un nouveau maquilleur, Roy Ashton, auquel est consacré le second documentaire du DVD : GREASEPAINT AND GORE : THE HAMMER MONSTERS OF ROY ASHTON. Il commence à œuvrer pour la compagnie anglaise à partir du CHIEN DES BASEKERVILLE, mais son premier gros travail "monstrueux" est accompli sur THE MAN WHO COULD CHEAT DEATH, en 1959, pour lequel il orchestre la décrépitude accélérée d'Anton Driffing.
Dès lors Ashton devient un élément fondamental de l'équipe Hammer et, dans toute la première moitié des années soixante, travaille sur de nombreux classiques : LA MALEDICTION DES PHARAONS, LES MAITRESSES DE DRACULA, THE TWO FACES OF DR. JEKYLL, LA NUIT DU LOUP-GAROU, L'INVASION DES MORTS-VIVANTS… Certes, parmi ces titres, certains révélaient des qualités de maquillage parfois un peu décevante (L'EMPREINTE DE FRANKENSTEIN, LA FEMME-REPTILE…), mais il a offert au bestiaire du cinéma fantastique certains de ses monstres les plus beaux et les plus influents, comme les zombies du film de John Gilling, ou le maquillage de Leon le loup-garou.
Fonctionnant selon la même formule que le documentaire sur Leakey, GREASEPAINT AND GORE : THE HAMMER MONSTERS OF ROY ASHTON propose de nombreux témoignages de personnes ayant collaboré avec la Hammer de cette époque comme, outre les intervenants du premier document, le réalisateur Freddie Francis ou l'actrice Barbara Shelley. La carrière "monstrueuse" de Ashton étant plus riche en titres que celle de Leakey, le reportage semble même plus rythmé. Le maquilleur n'ayant pas enregistré de témoignages en vidéo avant sa mort, contrairement à Leakey, ses nombreuses notes sont lues par sa veuve.
Ashton ayant travaillé à la Hammer à la suite de Leakey, les deux documentaires s'enchaînent chronologiquement, sans donner une impression de "trou" ou de redite. Mis bout à bout, ils offrent donc plus de deux heures de témoignages et d'informations, souvent pointues et rares, sur l'histoire de la Hammer et le développement de ses films.
Cette édition DVD est produite directement par Tomahawk Films qui est la société éditrice d'ouvrages anglais dont «Greasepaint and Gore : The Hammer Monsters of Roy Ashton». A l'heure actuelle, le disque n'est disponible que par correspondance auprès de l'éditeur que vous pouvez contacter grâce à leur site internet.
Bien que d'origine anglaise, ce DVD est encodé en NTSC. Il est important de le noter puisqu'il ne s'agit pas du format vidéo utilisé chez les Britanniques pas plus qu'en France. Pourtant tous les lecteurs de DVD européens sont capables de lire les DVD en NTSC cela ne devrait donc pas poser de problème à ce niveau là. En fait, c'est surtout du côté des téléviseurs que cela risque de poser des soucis. En effet, le vôtre n'est pas forcément compatible même si quasiment tous les modèles récents et de grandes marques n'ont aucun problème à afficher du NTSC.
Ces documents, regroupés sur un seul DVD (multizone et NTSC), ont une qualité d'image assez semblable : c'est-à-dire que le résultat est plutôt passable, avec notamment une compression assez fourmillante, des contrastes un peu tristounets et, comme on l'a vu, des extraits de bandes annonces pas toujours très frais. Ce disque valant plus pour son contenu documentaire que pour sa qualité technique, ce n'est de toutes manières, pas dramatique.
La bande-son n'est disponible qu'en anglais non sous-titré, en stéréo. La plupart des interventions sont très clairement restituées, même si il faut reconnaître que quelques documents audiophoniquess anciens (les enregistrements de Roy Ashton) sont un peu plus durs à comprendre.
En bonus, on trouve des galeries regroupant des photographies de plateau, des croquis et autres joyeusetés visuelles. Certains travaux non abordés dans le document sur Roy Ashton sont ainsi documentés à travers certains dessins (LE FANTOME DE L'OPERA par exemple). Un petit supplément (à peine) caché permet de trouver une photographie récente, faite à l'occasion du documentaire, réunissant Christopher Lee et Barbara Shelley, en souvenir du temps de DRACULA, PRINCE DES TENEBRES, sans doute !
Contenant deux documentaires tout à fait intéressants, le DVD GREASEPAINT AND GORE propose un contenu d'une grande richesse, offrant des interventions inédites et des informations rares, à même d'intéresser tous les amateurs de la Hammer.