A la fin des années 20 dans une Allemagne en crise, un tueur assassine des jeunes femmes. Peter Kürten, ouvrier le jour, change d'apparence la nuit pour se rendre dans un cabaret où se produit Anna (Marie-France Pisier) une chanteuse dont il s'est épris…
Comme il le dit lui-même dans l'interview qui accompagne le film, Robert Hossein a voulu s'intéresser aux sources qui ont pu inspirer M LE MAUDIT. Le cinéaste français avoue d'ailleurs avoir vu à de nombreuses reprises le film de Fritz Lang. Dans LE VAMPIRE DE DUSSELDORF, il lui rend hommage à travers certains partis-pris expressionniste (tournage en noir et blanc, les ombres…) tout en injectant une évidente influence de L'ANGE BLEU de Von Sternberg. Bien que Robert Hossein dit s'être énormément documenté pour faire son film, il faut préciser que l'évocation de Peter Kürten au travers du VAMPIRE DE DUSSELDORF ne colle pas pour autant à la réalité !
A cet effet, LE VAMPIRE DE DUSSELDORF s'applique plus particulièrement à retranscrire l'univers social où se déroule l'histoire de ce tueur en série. De nombreuses séquences semblent d'ailleurs parfois tomber comme un cheveu dans la soupe avec l'intrusion d'un thème musical martial. Lors de ces moments, on assiste aux exactions des activistes nazis : autodafé, lynchage… C'est sur ce point que LE VAMPIRE DE DUSSELDORF semble vouloir établir une sorte de parallèle entre son personnage principal et une menace collective tout aussi horrible. Si le récit des meurtres du «vampire» émeut l'opinion, la montée des nazis en Allemagne accompagnée de méthodes violentes ne soulève pas de protestation. A se demander s'il ne s'agissait pas de l'une des motivations du projet bien que Robert Hossein reste assez évasif à ce sujet considérant plutôt son personnage, sa solitude et son environnement, comme le point de mire du film.
Manifestement, Robert Hossein ne voulait pas non plus faire un film d'horreur ou fantastique. Il dit lui-même qu'il s'agit d'une œuvre «qui aurait pu passer pour un projet de film d'épouvante». La vision du VAMPIRE DE DUSSELDORF pourra donc déconcerter de par une approche rigoureusement dramatique dans la peinture des faits et de ses personnages. L'épouvante ne pointe finalement jamais le nez et l'horreur reste résolument psychologique. Le film de Robert Hossein ne cherche pas non plus à élaborer une aura de mystère dans le sens où dès le départ, on suit un personnage que l'on sait déjà coupable. Et pour lui donner vie, Robert Hossein endosse le costume du personnage avec un certain brio dans une interprétation qui le rend souvent des plus étranges : sa gestuelle, son aspect le plus souvent dénué d'émotions…
Même s'il conserve le noir et blanc de M LE MAUDIT, le film de Robert Hossein change de format et raconte son histoire en format large. Ce qui donne au VAMPIRE DE DUSSELDORF un côté classe avec de nombreux plans élaborés. Le DVD édité par Opening rend assez bien justice au travail du directeur de la photographie avec un transfert 16/9 de bonne facture. L'éditeur n'a pas cherché à créer un artificiel remix de la bande sonore en mono d'origine pour lui donner un cachet plus contemporain. La piste mono contient quelques tous petits défauts, certainement dûs aux techniques d'enregistrement, mais reste globalement plus que satisfaisante.
Bien que cela ne soit pas indiqué sur la jaquette, le disque contient la bande-annonce d'époque ainsi que des filmographies. Le DVD est aussi pourvu de trois interviews récentes. Celle de Marie-France Pisier, d'une durée très courte, n'apporte pas vraiment d'informations pertinentes. Pour cela, il sera préférable de se tourner vers l'acteur principal, réalisateur et co-scénariste du film : Robert Hossein. Une interview qui apparaît parfois frustrante puisque Henry-Jean Servat qui interviewe le cinéaste coupe trop souvent la parole de son interlocuteur et l'empêche de développer plus avant. Robert Hossein renvoie parfois l'image d'une personne qui peut manquer de modestie mais qui en même temps donne l'impression d'une certaine timidité. Cette interview permet en tout cas d'obtenir la genèse du film ainsi que diverses autres informations sur celui-ci.
La troisième interview donne la parole à Marcel Schneider qui a co-écrit un livre sur le véritable Peter Kürten. Il apporte donc une version plus véridique de l'évocation de ce tueur en série allemand. Les détails qu'il donne montrent que le personnage réel était bien plus terrifiant, dans ses crimes du moins, que celui dépeint dans le film de Robert Hossein. Pour le coup, cela contredit aussi le réalisateur français lorsque sur son interview, il indique avoir voulu dépeindre la véritable vie de Peter Kürten dans son film.
Opening continue de surprendre puisqu'en dehors de la renommée de Robert Hossein, LE VAMPIRE DE DUSSELDORF n'est pas un film spécialement connu du grand public. Pourtant, l'éditeur prend le temps pour son édition DVD de produire des interviews et soigne son disque. Franchement intéressant, bien que parfois assez lent, LE VAMPIRE DE DUSSELDORF obtient une édition DVD qui donne une excellente façon de visionner le film. Soyez tout de même, une nouvelle fois, prévenu que malgré un titre évocateur, LE VAMPIRE DE DUSSELDORF n'est franchement pas un film d'épouvante !