D'origine française, le réalisateur Philippe Mora démarre sa carrière de réalisateur par des documentaires composés à partir d'images d'archives (SWASTIKA et T'AS PAS CENT BALLES ?). Puis, il fait un détour par l'Australie (avec le western MAD DOG MORGAN) avant d'arriver aux USA où il signe sa première réalisation fantastique : LES ENTRAILLES DE L'ENFER. Distribuée par United Artists, cette petite production s'inspire d'un roman d'Edward Levy, adapté en l'espèce par Tom Holland (futur réalisateur de VAMPIRE, VOUS AVEZ DIT VAMPIRE ? et de JEU d'ENFANT).
Surtout, la musique de ce film est une des dernières partitions signées par Les Baxter, inusable serviteur de la série B américaine, ayant oeuvré pour Reginald Le Borg (THE BLACK SLEEP, VOODOO ISLAND) et, surtout, Roger Corman (LA CHUTE DE LA MAISON USHER...). LES ENTRAILLES DE L'ENFER bénéficie encore de la présence de comédiens confirmés, comme Ronny Cox (impitoyable méchant de ROBOCOP), R.G. Armstrong (ENFER MÉCANIQUE...) ou L.Q. Jones (TIMERIDER...).
En 1964, Eli et Caroline McLeary se perdent en voiture, en pleine nuit, près de la petite ville de Nioba. Alors qu'Eli est parti chercher du secours, son épouse, restée seule, se fait agresser et violer par une créature monstrueuse. Dix-sept ans plus tard... Un enfant, nommé Michael, est né de cette nuit terrible, et Eli et Caroline l'ont élevé avec amour. Mais, en pleine adolescence, il commence à être victime d'étranges symptômes : constamment affamé, il est, en plus, hanté par des visions étranges. Réussissant à s'évader de l'hôpital, Michael s'enfuit à Nioba, où l'attend son destin...
Par certains aspects, LES ENTRAILLES DE L'ENFER évoque plusieurs écrits de Lovecraft. Ainsi, le nom du croque-mort, Dexter Ward, renvoie immanquablement à "L'affaire Charles Dexter Ward", tandis que la petite ville de Nioba recèle une famille mal aimé, les Curwin, nom évoquant le sorcier Joseph Curwen du même texte. Au-delà de ces clins d'œil, ce récit peut aussi être rapproché de "L'abomination de Dunwich", avec sa petite ville morne et peu accueillante, ou son accouplement contre-nature donnant naissance à un rejeton monstrueux.
Toutefois, LES ENTRAILLES DE L'ENFER ne se permet pas trop de références directes à un texte précis du maître de Providence. Son scénario préfère mélanger, en une même histoire, des éléments fantastiques de provenances variées. Michael, lorsqu'il est pris de crise, boit le sang de ses victimes à même leurs gorges, comme un vampire. Plus généralement, son cas relève, de toute évidence, d'une possession dans le plus pur style du cinéma fantastique des années 1970, possession rehaussée d'une légère touche de lycanthropie. Ainsi, une nuit de pleine lune, il se transforme en une créature hideuse, au terme d'une métamorphose très nettement inspirée par HURLEMENTS et LE LOUP-GAROU DE LONDRES, dont les effets spéciaux étaient alors très innovants.
Outre cette séquence, moyennement réussie par rapport à ses modèles, LES ENTRAILLES DE L'ENFER tend à laisser passer beaucoup de longueurs. Une fois Michael arrivé à Nioba, les évènements deviennent un peu trop prévisibles et répétitifs, tandis que les séquences horrifiques manquent d'impact, malgré un certain sens du détail gore. En dépit de ses nombreuses scènes nocturnes et de ses tentatives d'installer du suspens, ce film ne fait jamais réellement peur, ni n'inquiète vraiment.
LES ENTRAILLES DE L'ENFER a tout de même plus d'un atout à jouer, parmi lesquels son casting attachant, dominé par Ronny Cox et le jeune Paul Clemens, n'est pas le moindre. Son ton sérieux, ainsi que l'atmosphère lugubre dispensée généreusement à Nioba, participent aussi à la relative réussite de cette oeuvre. Enfin, les compositions superbes de Les Baxter apportent une touche de lyrisme bienvenue, renforçant le caractère pathétique des aventures de la famille McLeary.
Sans être génial, LES ENTRAILLES DE L'ENFER est un agréable film d'épouvante, approchant le genre avec respect et avec une certaine ambition. Pourtant, son exploitation dans les salles américaines sera sans éclat, tandis que, en France, il sort directement en vidéo. Mora persévèrera pourtant dans le fantastique, notamment avec ses deux oeuvres suivantes : la parodie de film de super-héros THE RETURN OF CAPTAIN INVICIBLE, et HORROR, la suite de HURLEMENTS.
Aves cette édition DVD des ENTRAILLES DE L'ENFER (zone 1, NTSC), la collection "Midnite Movies" de l'éditeur MGM sauve à nouveau de l'oubli un titre du cinéma fantastique américain. Celle-ci propose une image au format 2.35 d'origine (avec option 16/9). Bien que paraissant un peu fatiguée (couleurs doucement pâlichonnes, définition perfectible, scènes sombres manquant de limpidité, points blancs de temps en temps...), elle tient tout de même correctement la route, particulièrement grâce à la rareté de ses défauts d'état.
La bande-son originale anglaise bénéficie d'un mixage "Dolby Stéréo" d'origine, assez soigné et apportant un plus réel en terme de puissance et d'atmosphère sonore. Des sous-titrages français et espagnols sont disponibles. Au rayon des suppléments, il faut se contenter d'une simple bande-annonce d'époque.
Unique édition DVD de ce film, ce disque a pour lui de présenter LES ENTRAILLES DE L'ENFER dans des conditions techniques honnêtes, avec, en prime, un sous-titrage francophone.