Header Critique : SQUIRM (LA NUIT DES VERS GEANTS)

Critique du film et du DVD Zone 1
SQUIRM 1976

LA NUIT DES VERS GEANTS 

LA NUIT DES VERS GÉANTS est la première réalisation du New-yorkais Jeff Lieberman, par ailleurs scénariste du film. Cette petite production, soutenue par des producteurs plutôt spécialisés dans le théâtre de Broadway, est tournée en décors naturels, à Port Wenworth, une petite localité de l'état de Géorgie. Les gros plans des vers, utilisant des techniques de macrophotographie, sont néanmoins faits, en post-production, à New York. Pour le maquilleur Rick Baker, ce film est une des premières opportunités de travailler à son compte, à une époque où il oeuvrait encore dans le domaine des petites productions (il venait de réaliser le bébé du MONSTRE EST VIVANT), avant qu'il n'aborde de grosses machines comme le remake KING KONG ou LA GUERRE DES ÉTOILES. Mick, le héros de LA NUIT DES VERS GÉANTS, est interprété par Don Scardino, qu'on a revu dans CRUISING ou NOCES SANGLANTES (titre vidéo). A ses côtés, on reconnaît quelques têtes familières, vues souvent à la télévision ou au cinéma dans des petits rôles, notamment Peter MacLean (le shérif) ou William Newman (le barman Quigley).

La petite ville de Fly Creek, dans le vieux sud des États Unis, est la proie d'une terrible tempête nocturne. Une ligne électrique "haute tension" se décroche en pleine campagne et déverse son courant dans la terre. Le lendemain, le citadin Mick arrive à Fly Creek pour passer quelques jours chez son amie Geri Sanders. Des évènements insolites éveillent leurs soupçons, particulièrement en ce qui concerne la ferme voisine, spécialisée dans l'élevage de vers pour la pêche.

A priori, LA NUIT DES VERS GÉANTS n'a rien d'un film avant-gardiste. Il s'inscrit dans un courant de l'épouvante assez classique, consistant à mettre en scène une invasion de petites bêtes destructrices. Si ce style d'intrigue a déjà été mis en scène dès les années 1950, avec QUAND LE MARABUNTA GRONDE et ses armées de fourmis, il est aussi revenu sur le devant de la scène au début des années 1970, avec le retour en force de la science-fiction et du film-catastrophe. Ainsi, on a vu se succéder, sur des sujets du même style, PHASE IV de Saul Bass et LES INSECTES DE FEU de Jeannot Szwarc. Le triomphe des DENTS DE LA MER ne va faire qu'accélérer la cadence, et, dans la seconde moitié des années 1970, les petites bêtes agressives grouillent sur les écrans fantastiques, avec, par exemple, L'INÉVITABLE CATASTROPHE, QUAND LES ABEILLES ATTAQUERONT ou L'EMPIRE DES FOURMIS GÉANTES. LA NUIT DES VERS GÉANTS paraît se contenter de s'incruster dans un sillon déjà bien tracé, sans chercher à faire preuve de beaucoup d'audace par son sujet.

Jeff Lieberman avoue que, pour ce titre, il n'était qu'un réalisateur débutant, assez peu sûr de lui. Pour se guider, il choisit de s'inspirer des OISEAUX d'Alfred Hitchcock, un classique du genre. Ainsi, l'intrigue offre une structure à peu près semblable (Patricia Percy remplaçant Rod Taylor et Don Scardino prenant la place de Tippi Hedren), tandis que Fly Creek, suite à une tempête, se retrouve aussi coupée du monde que Bodega Bay. Au départ, les apparitions des vers sont assez espacées. Les incidents paraissent plus inquiétants que réellement dangereux (une cargaison de vers disparaît mystérieusement, un squelette est découvert au fond d'un jardin...). La première moitié du métrage joue donc le jeu du mystère, tout en adoptant un ton assez proche de la comédie, en soulignant le décalage culturel entre le jeune homme urbain et l'environnement rural auquel il est confronté. Cet humour fonctionne d'ailleurs bien, notamment grâce aux comédiens, et compense, en partie, une certaine mollesse, ainsi qu'une volonté de créer du mystère là où il n'y en a guère. Le spectateur a, en effet, toujours quelques encablures d'avance sur les personnages.

LA NUIT DES VERS GÉANTS ne commence à nous montrer ses petites bêtes à l'œuvre qu'à partir de son exact milieu. Le mystère étant résolu, les manifestations des vers vont se faire de plus en plus violentes et spectaculaires. Même si il n'est pas muni d'un gros budget, Lieberman tente tout de même de jouer la carte du spectaculaire, en filmant des masses monstrueuses et grouillantes envahissant littéralement des rues et des maisons. Certes, les trucages ne sont pas toujours des plus convaincants, mais l'efficacité est là.

S'il souffre d'un léger manque d'originalité ou d'un rythme parfois hésitant, LA NUIT DES VERS GÉANTS s'avère, en fin de compte, une petite production sympathique. Aux USA, il est distribué par American International Pictures, d'abord dans sa version intégrale (classée "Restricted"), puis dans un montage légèrement raccourci pour obtenir la mention "Parental Guidance". En France, il est d'abord montré au sixième Festival du Film Fantastique de Paris, avant d'être proposé en salles en novembre 1977. Après LA NUIT DES VERS GÉANTS, Jeff Lieberman persévère dans le fantastique avec un thriller de science-fiction : LE RAYON BLEU.

LA NUIT DES VERS GÉANTS arrive en DVD, pour la première fois, chez l'éditeur MGM (zone 1, NTSC), dans son montage "Restricted" complet. L'image, dans son cadrage panoramique 1.85 (avec option 16/9), est de tout beauté. A part un générique un peu granuleux et quelques rares saletés, la copie est d'une propreté irréprochable. Elle offre un étalonnage des couleurs et des lumières parfaitement naturel. A part quelques traces de compression très ponctuelles, il s'agit d'un disque tout à fait recommandable.

La bande-son originale, en anglais, est proposée dans un mono d'origine convenable (codé sur deux canaux), même s'il reste limité par la prise de son et le mixage originels, assez abrupts. Des sous-titrages optionnels sont proposés en anglais, en espagnol et en français.

En guise de suppléments (non sous-titrés), on trouve une bande-annonce et un spot TV d'époque, ainsi qu'un nouveau commentaire audio de Jeff Lieberman. Ce dernier s'avère assez bavard, même s'il a parfois tendance à faire un peu de paraphrase et a du mal à captiver sur toute la longueur du film. On relève néanmoins de nombreuses anecdotes amusantes.

Bref, ce DVD de LA NUIT DES VERS GÉANTS, le seul disponible pour le moment, est une édition qui n'appelle pas de reproches.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
SQUIRM DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h33
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Anglais
  • Français
  • Espagnol
  • Supplements
    • Commentaire audio de Jeff Lieberman
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