Un vaisseau vient se poser sur Terre et trois ambassadeurs demandent à parler avec le premier ministre du Japon. Contre toute attente, il ne s'agit pas d'extra-terrestres mais de trois envoyés du futur qui viennent demander de l'aide pour éliminer Godzilla avant que celui-ci ne détruise totalement le Japon !
A l'issue de GODZILLA VS BIOLLANTE, Kazuki Omori planche sur un MOTHRA VS BAGAN. Un ambitieux projet auquel la Toho préfère ne pas donner suite considérant que Mothra est commercialement peu viable en dehors du marché japonais. Pendant ce temps, l'idée d'utiliser l'un des scénarios du concours organisé pour GODZILLA VS BIOLLANTE est abandonnée, jugeant que les recettes du film étaient insuffisantes. De là naît l'idée de ramener l'un des monstres populaires de la première série de films. MOTHRA VS BAGAN, qui ne sera donc jamais tourné, devait mettre en scène un dragon du nom de Bagan et, comme par hasard, c'est Ghidorah, sorte de dragon à trois tête qui revient dans le très justement nommé GODZILLA VS KING GHIDORAH.
Le producteur Tomoyuki Tanaka en raison de gros problèmes de santé est obligé cette fois de laisser son poste à Shogo Tomiyama. Akira Ifukube fait aussi son grand retour sur ce film puisqu'il n'avait pas signé la musique d'un Godzilla depuis l'arrêt de la première série qui s'était clôturée avec LES MONSTRES DU CONTINENT PERDUS. Evolution de taille, si Kenpachiro Satsuma reprend le rôle de Godzilla, le monstre géant voit ses mensurations une nouvelle fois s'accroîtrent. En effet, au début de la nouvelle série, avec THE RETURN OF GODZILLA, le monstre atomique avait gagné trente mètre, ce qui l'amenait à quatre-vingt mètres de hauteur. Pour ce nouvel opus, il atteint l'imposante stature d'une centaine de mètres !
Le scénario est fortement influencé par TERMINATOR et TERMINATOR 2, ce dernier étant d'ailleurs sorti plusieurs mois avant GODZILLA VS KING GHIDORAH. Pas mal de points communs sont ainsi à noter comme une mission dont le but est d'éliminer une personne avant que celle-ci ne puisse donner naissance à une menace. Ici, c'est donc une équipe qui remonte le temps avant la création de Godzilla tel que nous le connaissons pour empêcher qu'il puisse se transformer. Le film contient aussi son robot indestructible aux possibilités proche de celles de L'HOMME QUI VALAIT TROIS MILIARDS et qui a une allure ressemblant assez vaguement à Robert Patrick dans TERMINATOR 2. Les quelques séquences mettant en scène ce personnage sont le plus souvent incongrues et frôlent même le ridicule. La construction du scénario n'est pas en reste puisque le problème des paradoxes temporels échappe visiblement à Kazuki Omori, ce qui provoque pas mal d'incohérences !
Mais tout cela n'est pas bien important puisque GODZILLA VS KING GHIDORAH vient donner en image sa théorie sur la création de Godzilla et au passage celle de King Ghidorah puis de sa mise à jour. Les allers et retours dans le temps permettent aussi de passer de 1944 à nos jours jusqu'au futur de 2204. Trois unités de temps auxquelles il faudra ajouter des univers légèrement parallèles donnant ainsi lieu à un scénario touffu, parfois incohérent, mais qui a au moins le mérite de donner une diversité plaisante à l'histoire.
Les deux précédents films contenaient déjà des éléments nationalistes pro-japonais qui n'ont pas dû être du goût de tout le monde. Le troisième film de cette série pousse encore un peu plus loin l'idée, ce qui sera d'ailleurs probablement la raison expliquant l'absence de distribution à l'époque aux Etats-Unis. GODZILLA VS KING GHIDORAH ramène le souvenir de la défaite japonaise durant la Seconde Guerre Mondiale, ce qui en soi n'a rien de bien glorieux. Toutefois, par l'entremise d'un personnage de commandant héroïque devenu celui qui a redressé l'économie japonaise, le film en vient à expliciter le fait que le pays du Soleil levant est le grand vainqueur économique mondial. Les envoyés du futur sont d'ailleurs encore plus clairs et nets à ce sujet puisqu'on y évoque l'écrasante suprématie du Japon sur toutes les autres nations dans les siècles à venir !
Relativisons tout de même car, en quelque sorte, ce GODZILLA VS KING GHIDORAH est aussi une sorte de critique de l'économie galopante du Japon. Même si le pays ne détient pas d'armes nucléaires, le film nous présente un industriel qui détient son sous-marin atomique privé qui, de façon hypocrite, navigue hors des eaux japonaises ! Godzilla viendra remettre les pendules à l'heure en ingurgitant l'homme qui symbolise l'économie toute puissante, détruisant en même temps le bâtiment qui la représente le mieux avant la fin du métrage.
Pendant une période de la première série de films des Godzilla, le monstre géant était devenu sympathique et coopératif envers les humains. Ironiquement, il l'est aussi dans GODZILLA VS KING GHIDORAH mais en 1944 lorsqu'il n'a pas encore subi une exposition aux radiations atomiques. Passée sa transformation, il devient la menace radioactive qu'il n'aurait jamais dû cesser d'être dans le premier film original d'Inoshiro Honda. Cette séquence en 1944 donne donc pour la première fois la possibilité de voir ce qu'était réellement Godzilla avant de devenir la mythique créature ! Quelques séquences qui devraient susciter à elles seules l'envie de découvrir ce film, tout du moins pour ceux qui apprécient Godzilla.
Godzilla a droit à ses origines mais le film s'attarde aussi sur celles, assez surprenantes, de Ghidorah. Elles sont d'ailleurs assez différentes de celles explicitées en 1964 dans GHIDRAH THE THREE HEADED MONSTER. Cette espèce de dragon à trois têtes reviendra ensuite dans INVASION PLANETE X, LES ENVAHISSEURS ATTAQUENT et OBJECTIF TERRE, MISSION APOCALYPSE avant de prendre un repos d'une vingtaine d'années et réapparaître ici ! De plus, il subira une transformation de taille à la fin du film qui annonce le retour de Mechagodzilla dans GODZILLA VS MECHAGODZILLA II.
GODZILLA VS KING GHIDORAH était déjà disponible aux Etats-Unis depuis un bon moment déjà. Seul souci, le film y est recadré, sacrifiant des morceaux d'images, et ne propose que le doublage anglais. Se tourner vers le marché japonais règle ces deux problèmes mais empêchait toute compréhension puisque le disque ne comporte que du japonais ! Aventi vient donc à la rescousse des francophones amoureux des films de monstres japonais puisque leur édition propose GODZILLA VS KING GHIDORAH au format mais aussi avec la version japonaise sous-titrée en français.
La présentation de l'image dans son format cinéma d'origine est une bonne nouvelle. Toutefois, le transfert ne propose pas l'option 16/9 et la copie comporte quelques petits défauts de pellicule. A noter aussi que les sous-titrages se placent dans la barre noire du bas ce qui empêchera, par exemple, de trop zoomer avec téléviseur 16/9 ou un écran de projection au même format. Au delà de ce problème, l'image s'avère très honnête même si la définition aurait pu être améliorée (au prix d'un nouveau transfert). De plus, on retrouve le même petit soucis que sur GODZILLA & MOTRAH avec d'inexplicables petites pauses sur écran noir pendant une ou deux secondes.
La piste audio en stéréo surround peut être décodée en mode Dolby Pro Logic pour en tirer le meilleur parti. Il n'est pas question ici de produire les mêmes effets assourdissants que ceux d'une piste 5.1 mais la plupart des effets de destruction massive gagnent en ampleur et en profondeur. Comme déjà mentionné, la piste japonaise se voit épaulée par un sous-titrage français qui sera la seule possibilité de visionner le film. En effet, comme tous les autres titres de la collection, aucune piste sonore française n'est présente.
L'absence de suppléments peut sembler à première vue un manque impardonnable. Mais il faut tout de même ne pas oublier le prix de vente assez réduit de cette édition DVD qui, en plus de GODZILLA VS KING GHIDORAH, ajoute un second film extirpé cette fois de la première série des Godzilla avec EBIRAH CONTRE GODZILLA.
Pas toujours d'une très grande cohérence, GODZILLA VS KING GHIDORAH est un plaisant film du genre dont le scénario complexe intègre parfaitement à son récit les monstres géants et les êtres humains. La qualité audio/video du film est somme toute d'un bon niveau, ce qui place cette édition DVD comme la meilleure existante… à moins que vous ne compreniez le japonais !