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Critique du film et du DVD Zone 2
ROSSA VENEZIA 2003

 

Chez Uncut Movies aussi, le printemps, c'est la saison des amours. Par conséquent, en mars 2004, cet éditeur publie deux grands films romantiques inédits dans nos contrées : THE NECRO FILES 2 et ROSSA VENEZIA, qui va être chroniqué ici. Toutefois, ces "films d'amour" ont la particularité de mélanger le Gore le plus excessif à des séquences érotiques non simulées et très explicites. ROSSA VENEZIA est donc strictement interdit aux moins de 18 ans et déconseillé aux personnes sensibles !

Andreas Bethmann produit et réalise ses propres films indépendants depuis sa première oeuvre : TANZ DER KÜRBISKÖPFE de 1996. Il semble que seul un de ses films ait été distribué dans notre pays, à savoir ANGEL OF DEATH, mélange de cinéma X et d'épouvante publié en vidéo chez Uncut Movies. Il a pourtant tourné d'autres métrages, dont des documentaires sur les réalisateurs Joe D'Amato et Jesus Franco, et a encore écrit des livres traitant de ces deux auteurs, du gore ou encore de Lucio Fulci. Il édite aussi des DVD au sein de son label X-Rated Kultvideo.

ROSSA VENEZIA, à l'instar d'ANGEL OF DEATH, a été tourné comme un mélange d'épouvante et de porno. Filmé en vidéo numérique, il est réalisé, photographié, écrit et produit (sous le pseudonyme d'André de Palma) par Andreas Bethmann, qui interprète lui-même le rôle d'un médecin-légiste. Outre des actrices déjà vues dans quelques-uns de ses films antérieurs, on retrouve, le temps de trois courtes scènes, Jesus Franco et sa muse Lina Romay, qui incarnent les parents éplorés d'une des victimes de la tueuse en série.

Nathalie Baldassari surprend un jour son mari en train de faire l'amour à une autre femme. Pour se venger, elle les assassine tous les deux. La justice la condamne alors à la prison à vie, dans un établissement tenu d'une main de fer par une directrice sadique, très portée sur les châtiments corporels. Nathalie sort au bout de dix ans pour bonne conduite, et revient dans la maison qu'elle occupait autrefois. Toujours obnubilée par l'infidélité de feu son époux, Nathalie se confie une mission : éliminer physiquement toutes les voleuses de mari et autres femmes perverties en tous genres...

Avec ROSSA VENEZIA, Andreas Bethmann cherche à rendre un hommage au giallo et aux films d'épouvante italiens gore des années 1970-1980. On trouve donc une tueuse psychopathe, convaincue d'avoir pour mission d'éliminer les pécheresses et autres femmes impures (on pense au serial killer de TENEBRES, entre autres). L'ambiance est clairement italianisante (l'intrigue est supposée se dérouler à Venise), tandis que les hommages au genre (emploi quasi-exclusif d'armes blanches, gants noirs et longs couteaux, vues subjectives mettant le spectateur à la place du tueur, emploi du zoom...) pullulent. Par ailleurs, les meurtres gore et autres passages horrifiques sont assez nombreux, et Nathalie Baldassari emploie un arsenal des plus variés, allant de la fourche au couteau électrique. Toutefois, une grande partie des plans truqués sont assez faibles et trahissent des moyens plus que limités : ainsi, lorsque Bethmann se met en tête de rendre hommage à Lucio Fulci avec une énucléation au crayon ou en citant une célèbre séquence de L'AU-DELA (un personnage a le visage ravagé par de l'acide se déversant progressivement sur son visage), les effets spéciaux sont trop grossiers pour supporter la comparaison.

Mais ROSSA VENEZIA, c'est surtout un film X, comportant de nombreuses séquences déshabillées et explicites. Celles-ci concernent essentiellement des scènes de lesbianisme, à l'exception de l'adultère placé en prologue, et d'un petit quelque chose d'autre, plus loin dans le métrage. L'emprisonnement de Nathalie, dans une prison pour femmes dirigée par une directrice très sévère, donne, bien entendu, lieu à des galipettes entre amies. Surtout, une fois la meurtrière libérée, sa tactique pour se débarasser de ses victimes varie peu. Elle attire des jeunes femmes dans sa maison, puis les ligote et leur fait subir quelques tortures et humiliations, généralement d'ordre sexuel, avant de les assassiner. On apprécie pourtant quelques idées amusantes, comme l'emploi très particulier d'une perceuse ou bien le recours à un godemiché branché sur du 220 Volts !

ROSSA VENEZIA est donc un vrai porno vraiment gore : pourquoi pas ? Hélas, il faut bien reconnaître que ce titre ne remplit pas vraiment ses promesses. D'abord, il est indéniablement fauché. Il paraît évident que très peu de choses ont réellement été tournées à Venise, le film se déroulant essentiellement dans des intérieurs exigus, où l'on retrouve, d'un lieu à un autre, les mêmes accessoires, sans doute pour des raisons d'économie. Comme on l'a vu, les séquences horrifiques sont parfois faibles, à cause d'effets spéciaux limités. Surtout, deux heures trente-cinq, c'est long, très long. Ce qui est amusant pendant une heure et demie finit par lasser, d'autant plus que les sévices et les mises à mort s'avèrent en fin de compte très répétitifs.

Bref, si ROSSA VENEZIA part sur des bases a priori amusantes, il laisse en fin de compte sur une impression mitigée, notamment à cause d'une durée trop déraisonnable et d'un amateurisme technique, certes sympathique, mais qui finit par nuire à l'ensemble du film. Destiné au marché de la vidéo, ce film a connu trois montages différents : PORNO A VENEZIA de 70 minutes, qui se consacre avant tout aux scènes X ; ROSSA VENEZIA, AUS DEM TAGEBUCH EINER TRIEBTÄTERIN de 101 minutes qui est la version thriller du film ; puis ROSSA VENEZIA, "export version", qui dure 155 minutes et regroupe toutes les séquences X et horrifiques.

L'éditeur italien Relax en a proposé une édition collector, contenant trois DVD, un CD et un T-shirt, qui inclut les trois montages de ROSSA VENEZIA. PORNO VENEZIA est, de son côté, déjà sorti en Allemagne. En France, c'est Uncut Movies qui propose ce film dans son montage le plus complet (155 minutes). Ce DVD est vendu essentiellement par correspondance, dans une édition limitée à 1000 exemplaires.

ROSSA VENEZIA est proposé dans un cadrage panoramique, annoncé comme étant du 1.85, mais semblant plus proche d'un ratio 2.0. On regrette qu'il n'y ait pas d'option 16/9 (déjà absente, hélas, du coffret Relax). Pour un film tourné en vidéo, l'image est de bonne qualité, avec notamment une compression très discrète sur la quasi-intégralité du film.

La bande-son est proposée en version anglaise, assez mal doublée et post-synchronisée, en stéréo 2.0. Les effets directionnels concernent uniquement la musique, à l'exception d'un moment au début du film (où la stéréo semble d'ailleurs inversée !). Le résultat est convenable si on le rapporte aux conditions de production du film, mais on regrette de ne pas trouver la version originale allemande (langue dans laquelle a été tournée la plupart du film) ou des mixages 5.1, pourtant disponibles sur le DVD italien. Un sous-titrage français est présent et imposé.

Les bonus proviennent en fait du coffret Relax, même si, pour des raisons de place, ils ne sont pas tous repris. On trouve d'abord une interview en anglais de Jesus Franco et Lina Romay, rejoints par Katja Bienert, actrice allemande ayant participé à des films du réalisateur espagnol au début des années 1980. On regrette une prise de son à la limite de l'audible, dont la perception est rendue encore plus délicate par la présence constante de musique. D'autre part, on note un peu d'approximation dans les sous-titres français (Katja Bienert ne joue pas dans MONDO CANNIBALE mais dans LES DIAMANTS DU KILIMANDJARO parfois, il est vrai, titré MONDO CANNIBALE IV). Heureusement, ce document de 13 minutes reste bien sympathique, Franco et ses amies se rémémorant avec nostalgie leurs travaux collectifs.

Un "Making Of" de 20 minutes reprend des chutes filmées sur le tournage, sans sous-titre ni commentaire. Ce n'est pas vraiment passionnant. On a aussi accès à une galerie de photographies, incluant notamment un jeu de photos d'exploitation (réalisé pour le plaisir, sans doute, le film n'étant pas destiné à être distribué en salles). Enfin, on trouve la bande-annonce du film, ainsi que toutes celles des autres DVD déjà publiés chez Uncut Movies.

Bref, cette édition n'est pas parfaite (on regrette l'absence de la version allemande en Dolby Digital 5.1, notamment), mais elle permet en tout cas aux francophones d'avoir accès à la version la plus complète de ROSSA VENEZIA, grâce à son sous-titrage.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
ROSSA VENEZIA DVD Zone 2 (France)
Editeur
Uncut
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
2h35
Image
1.85 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
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