Dans le style, SCANNERS ressemble a une sorte de thriller d'espionnage
: Complot, traîtrise et taupe à la clef ! Sur ce canevas
assez classique, Cronenberg
ajoute ses propres thèmes. Comme dans ses précédents
films, il nous parle de médecine et de dérapages scientifiques.
Le complot vise à la domination du monde. Pas pour les raisons
politiques habituelles. Derrière le nouvel ordre en marche se
cachent des "monstres" créés par la science.
D'apparence entièrement humaine, leur monstruosité provient
de leur pouvoir télépathique. Sournois, le complot passe
par une invasion radicale qui vise à remplacer l'humanité
par une nouvelle race.
Les Scanners sont-ils vraiment des monstres ? Oui au sens propre du terme sans s'attacher aux questions de bien ou de mal. Parmi ces mutants, il y a pourtant deux visions qui s'opposent. D'un côté, une faction où les Scanners partagent leur esprit dans une sorte de communion mystique. Inoffensifs, ils n'aspirent qu'à leur intégration. De l'autre, le mal dirigé par Darryl Revok (Michael Ironside) conscient de ses aptitudes supérieures et surtout qui détient la vérité de leur origine. En parfait dictateur, il dirige donc cette invasion planifiée pour remplacer une race qu'il juge inférieure ainsi que par esprit de revanche. Cameron Vale (Stephen Lack), le héros du film, est aussi un Scanner. Candide, il est recruté par l'organisation ConSec et le docteur Paul Ruth (Patrick McGoohan). A mesure qu'il prendra conscience de ses pouvoirs et qu'il lèvera le voile sur l'intrigue, il choisira son camp. Jusqu'à une confrontation inéluctable où tout sera révélé.
Sorte de remake de STEREO, son premier long-métrage pratiquement introuvable, on nous présente donc des mutants aux pouvoirs télépathiques sous un contrôle scientifique. Etrangement, il n'y a pas de connotations sexuelles dans cette version. Chose rare puisque le réalisateur/scénariste nous y avait habitué jusqu'alors (FRISSONS, RAGE...). De même sur une construction classique, le récit nous évite la "love story" de rigueur. S'il y a un couple, nous n'aurons pas droit au coup de foudre quasi systématique au cinéma entre le héros et l'héroïne.
SCANNERS contient deux scènes chocs. Une expérience présentée en public qui tourne assez mal. Et un affrontement final dévastateur. Ce ne sont pourtant pas les séquences les plus inquiétantes. Il faut plutôt regarder du côté des passages contenant le moins d'effets spéciaux comme la salle d'attente avec la femme enceinte. Il n'en reste pas moins que les deux scènes chocs en question sont celles qui ont marqué les esprits au moment de la sortie du film puis lors de son exploitation en vidéo. Deux moments forts et gores qui contrastent à merveille avec le reste du récit.
Le producteur, Pierre
David, qui détient les droits du nom SCANNERS n'a
pas hésité à donner des suites au film de David
Cronenberg. Il en résulte SCANNERS 2, SCANNERS 3
puis SCANNER COP. En deçà de l'original, plus les
séquelles se faisaient et plus les histoires ou la réalisation
devenaient intéressantes, ce qui n'est pas toujours le cas.
Opening avait sorti, il y a quelques mois, une excellente édition de DEAD ZONE. On retrouve sur cette édition de SCANNERS l'un des suppléments qui avait été produit pour le DVD de DEAD ZONE. Une biographie de David Cronenberg portant le nom de "L'horreur selon Cronenberg". Pas une biographie sur écran fixe mais monté à la manière d'un mini-documentaire. Sur ce disque, on trouve aussi une présentation de SCANNERS par Serge Grünberg l'auteur d'un livre sur David Cronenberg. L'écrivain fait d'ailleurs un étrange rapprochement avec STAR WARS. Je ne partage pas forcément son entrain même si l'on peut effectivement faire une sorte de parallèle. A la limite, il aurait été aussi judicieux, voire plus, de parler de X-MEN. On nous propose aussi un entretien avec Howard Shore, compositeur de la musique, et David Cronenberg qui s'est déroulé au Virgin Megastore au moment de la promotion du livre de Serge Grünberg. On y parle essentiellement de la musique et David Cronenberg n'y est pas très loquace. Opening nous a expliqué que cet entretien avait eu lieu à la fin du voyage de promotion et que le réalisateur était assez fatigué. L'entretien n'est donc pas forcément une référence ni même très informatif. Il a tout de même le mérite d'exister et on peut saluer Opening d'essayer de dénicher ou tout simplement fabriquer des suppléments. Quoi qu'il arrive, le disque ne coûte pas plus cher pour le consommateur, autant en avoir le maximum, non ?
Techniquement, cette édition de SCANNERS est étonnante. L'image est excellente. Bien supérieure au Laserdisc édité par Image Entertainement il y a quelques années. Un Laserdisc qui était alors la référence pour la qualité d'image de ce film. Ce Laserdisc contenait aussi une bande-annonce (de mauvaise qualité) et la musique isolée. Dommage que ces deux suppléments n'aient pas pu se retrouver sur le DVD. La bande-son en mono d'origine ne va pas vous servir d'étalon pour vos différentes boites à composants électroniques et votre ribambelle d'enceintes acoustiques. Pour cela, il vous faudra vous tourner vers d'autres DVD. Pourtant Mono ne veut pas dire obligatoirement bande-son tristounette. La version anglaise d'origine bénéficie tout de même d'une excellente dynamique. Cela se retranscrit assez bien sur les effets sonores particuliers mêlés à la musique de Howard Shore. Seul écueil, les dialogues qui souffrent par moment d'un enregistrement un peu daté. En choisissant l'option de regarder la version originale, un sous-titrage français vous sera imposé. Cela ennuie certaines personnes. Dans le cas présent, le sous-titrage est par moment assez incomplet voire mal traduit par rapport à ce qui se dit. Plus génant, comme nous l'avions vu il y a quelques jours sur le disque de HANTISE, une phrase n'a pas été sous-titrée !
Devant une telle qualité d'image et malgré quelques petits bonus finalement peu excitants, Opening nous sort LE disque de SCANNERS ! Ecrasant sans aucun problème le disque anglais, de qualité moyenne, seule version existante jusqu'alors en DVD.