Pressé d'arriver à un rendez-vous important, Chris se retrouve bloqué dans un embouteillage. Plutôt que patienter, il décide de prendre les chemins de traverse. Un détour qui devrait lui permettre d'atteindre son but sans perdre trop de temps. Grave erreur !
Après la remise au goût du jour des slashers, le cinéma d'épouvante s'oriente vers d'autres horizons et plus particulièrement celui du survival. DETOUR MORTEL en fait partie et le réalisateur affiche d'ailleurs ses ambitions que ce soit dans le commentaire audio ou le making-of. Ses modèles, ce sont MASSACRE A LA TRONCONNEUSE, LA COLLINE A DES YEUX et même DELIVRANCE. L'histoire est donc déjà connue d'avance car comme dans tout bon survival, les personnages principaux vont se retrouver rapidement la cible d'une bande de chasseurs dégénérés ! Rien de bien neuf à l'horizon pour une recette depuis longtemps éprouvée puis utilisée et réutilisée avec plus ou moins de bonheur comme dans le très réussi SURVIVANCE de Jeff Lieberman, qui s'avère finalement être le métrage le plus proche de DETOUR MORTEL, sorte de mix entre le survival et le slasher.
Rob Schmidt qui ne s'était pas jusque-là essayé à l'horreur, réussit donc une introduction montagnarde sur les chapeaux de roues suivie de la progression des personnages principaux sur un territoire dangereux. Le summum de l'horreur étant atteint par une visite de la maison des autochtones, qui se conclut à la façon d'un cruel conte où les vilains de l'histoire sont dépeints comme des ogres. Les héros, comme les spectateurs, sont alors forcés, comme des enfants, de se cacher pour éviter un affrontement direct. Un passage où l'on ne serait pas surpris si l'un des horribles habitants du coin venait à s'écrier «Ca sent la chair fraîche, ici !».
Passé cet excellent moment, DETOUR MORTEL perd un peu de son aura puisque le métrage prend le parti d'une simple course-poursuite en forêt. Plus immédiat puisque orienté vers l'action, et donc moins horrible, la suite devient de plus en plus prévisible. On notera tout de même quelques surprises comme l'intrusion d'un shérif, mais dans son ensemble l'aspect horrifique, tout du moins tel qu'on l'entend par rapport aux références mentionnées, s'émousse pas mal. Toutefois, le film est relativement bien rythmé pour que l'on ne s'y ennuie pas une seconde, même si les inactions ou actions entreprises par les personnages sont parfois un peu stupides comme le passage dans la tour.
Distribué par TF1, ce DVD édité par CTV n'est pas une galette dégénérée ! Le film s'affiche sur le premier DVD avec une image de très grande qualité et quasiment sans faille. L'éditeur a d'ailleurs préféré, même si le film est plutôt court, recaler tous les suppléments sur un deuxième disque. Ainsi, le film prend ses aises, accompagné de quatre pistes sonores. Deux en Dolby Digital 5.1 pour la version originale anglaise et le doublage français qui sont, toutes les deux, d'excellents moments d'ambiances forestières ! Quelques branches au-dessus, on retrouve la piste audio anglaise mais cette fois dans un DTS qui retranscrit avec un peu plus de finesse la richesse de la bande sonore de DETOUR MORTEL. La quatrième piste étant, elle, dédiée au commentaire audio...
Rob Schmidt, Eliza Dushku et Desmond Harrington se sont retrouvés pour enregistrer un commentaire audio. Ne comptez pas y retrouver un moment hautement éducatif, distrayant ou ne serait-ce même qu'intéressant. Les trois protagonistes n'ont quasiment rien à dire ou presque. Ca démarre d'ailleurs assez fort lorsque l'on nous explique «Ce sont des arbres» pour un plan aérien de forêt. Probablement au cas où vous n'auriez jamais vu un arbre de votre vie ? De son côté l'actrice nous apprend le choix de son t-shirt ou alors qu'elle est flippée chez elle dès qu'elle voit un film d'horreur (elle regarde sous son lit, au cas où avant de se coucher !). Les trois ont tellement à nous apprendre qu'une même anecdote est parfois réutilisée deux à trois fois sur l'intégralité du commentaire audio (la cheville de Desmond Harrington...).
Pour en apprendre plus sur le film, il faut donc se reporter au second DVD. Et pourtant, il ne présente, relié à DETOUR MORTEL, que des featurettes assez courtes et très promotionnelles (le Making-of, les effets spéciaux, l'actrice principale...). Trois scènes coupées, ce qui est plutôt mensonger puisque seule l'une d'entre elles peut être qualifiée ainsi (nos deux héros se font des papouilles derrière la cascade...). La seconde étant celle de la mort de l'un des personnage et la troisième les rushs de toutes les prises de cette même scène ! Ensuite, vous pouvez vous reporter sur une petite galerie de photos sympas qui s'ouvre par diverses affiches du film.
Innovation toutefois du DVD français qui ne s'est pas contenté de recycler le contenu du disque produit aux Etats-Unis par la Fox. En effet, CTV propose deux sujets consacrés à Stan Winston, producteur du film et spécialiste des effets spéciaux. Des deux, le plus intéressant est «Stan Winston Land» qui étrangement aurait peut-être du porter le nom de l'autre segment («Dr. Stan & Mr. Winston») tant il est présenté comme un artisan des effets spéciaux devenu, en quelque sorte, exploiteur de talents. A cet effet, on nous présente donc des interviews d'un très grand nombre de ses collaborateurs dont certains se sont envolés du nid pour voler de leurs propres ailes. A propos de «Dr. Stan & Mr. Winston», il s'agit d'une longue interview qui devient assez rapidement peu intéressante en raison d'un manque de rythme et surtout de l'impression parfois d'entendre de nouveau un peu les mêmes infos. A noter que sur l'un des deux docus., le sous-titrage français se plante en citant LE JOUR OU LA TERRE S'ARRETA alors qu'il s'agit de DAY THE WORLD ENDED. Toutefois, il est assez intéressant de confronter ces deux vidéos à celles produites pour la promotion du film et dédiées à Stan Winston (disponible sur le même menu) pour bien comprendre la différence entre un documentaire réfléchi et un autre qui se veut avant tout un outil promotionnel.
La survie en forêt selon DETOUR MORTEL donne lieu à un énergique métrage. Bien orchestré, on regrettera toutefois un manque d'originalité flagrant qui nous renvoie à tous les films mentionnés parmi les suppléments dédiés au film et à bien d'autres métrages du même genre (SURVIVANCE ? SANS RETOUR ?). Le film en devient alors bien trop prévisible. Un problème qui n'empêche pas pour autant le film de valoir le détour.
