Un prêtre Taoïste découvre qu'un moine bouddhiste vient de s'installer à côté de chez lui. Les deux hommes se détestant cordialement, chacun va y aller de sa vacherie pour faire déménager l'autre. Mais l'apparition de forces maléfiques va les obliger à faire équipe pour éradiquer le mal.
Alors que la fin des années 80 est sous le règne de Tsui Hark, avec le succès phénoménal de HISTOIRES DE FANTÔMES CHINOIS et surtout du SYNDICAT DU CRIME de John Woo, la veine du comique slapstick matinée de kung-fu horreur commence à se tarir. Le public local veut du nouveau, ce que MR VAMPIRE 4 ne promet pas de lui apporter. Star de la série, Lam Ching-ying laisse donc sa place, créant de ce fait une véritable rupture avec l'homogénéité de la saga. Mais MR VAMPIRE 4 a beau être un opus à part, il n'en reste pas moins une excellente surprise.
C'est Anthony Chan, déjà vu dans le premier MR VAMPIRE, qui remplace ici Lam Ching-ying dans le rôle du maître taoïste. Pas question cependant de copier le noble personnage de maître Kau puisque Chan campe ici un prêtre fourbe, n'hésitant pas une seconde à détourner son art pour rendre la vie impossible à son voisin. Dans le rôle de ce dernier, Wu Ma (qui figure d'ailleurs dans tous les films de la série) incarne un moine impotent, bonne pâte mais terriblement difficile à supporter dès lors qu'il récite au petit matin ses soutras en cognant à tue-tête sur ses cloches de prière.
La première moitié du film occulte complètement l'élément fantastique pour s'arrêter sur le duel burlesque opposant ces deux représentants aux religions bien différentes (le bouddhisme est à l'origine une religion importée d'Inde, tandis que le taoïsme est de racine chinoise). Les scènes comiques s'enchaînent alors et font mouche à tous les coups. On retiendra un repas initialement amical qui se transforme en duel de nourriture (avec cacahuètes dans le nez projetées d'un éternuement dans la bouche du voisin), ou encore une séance d'envoûtement réciproque via des poupées, proprement hilarant. Il y a néanmoins un peu de tendresse dans ce monde de brutes, le disciple du taoïste tombant rapidement amoureux de la jolie disciple du bouddhiste (les tentatives ratées de séduction faisant office de nouveau ressort comique).
MR VAMPIRE 4 pourrait tenir la longueur de ce vaudeville comico-religieux si le film ne revenait brusquement à sa charte initiale avec l'irruption d'un gyonchi d'une puissance phénoménale. Le film se tourne dès lors sur l'action, les deux disciples (Chin Kar-lok et Loletta Lee vus respectivement dans OPERATION SCORPIO et SEX & ZEN 2) assurant les coups de savates dans des scènes à rallonges, tandis que les deux prêtres enchaînent les sortilèges magiques. Si l'inspiration fait quelque fois penser à EVIL DEAD (référence déjà utilisée dans HISTOIRES DE FANTÔMES CHINOIS, film que MR VAMPIRE 4 cite d'ailleurs ouvertement au détour d'une séquence), il introduit toujours son humour typiquement cantonnais, notamment grâce à son personnage de démon homosexuel ! A prendre au troisième degré bien sûr.
Si beaucoup ne pardonneront pas à MR VAMPIRE 4 de ne pas être un film authentiquement relié à la série, il faut cependant reconnaître que cet opus est une totale réussite. Prolongeant l'univers de la saga en proposant une variation évitant la lassitude, le spectateur a tout pour être conquis par ce "ghost-kung-fu-vaudeville" de la meilleure inspiration. Le métrage fermera pourtant la série pour un temps, jusqu'à un MR VAMPIRE 92 (ou MR VAMPIRE 5) tourné quelques années plus tard. Réunissant le casting original, avec Lam Ching-ying et Ricky Hui, le film scelle le sort du genre en étant un échec. Lam Ching-ying décèdera quant à lui des suites d'un cancer en 1997, laissant derrière lui une riche carrière énormément marquée par son rôle de prêtre magicien.
Dernier disque du coffret édité par HK Video et toujours les mêmes éloges. Si la qualité de la copie du troisième opus dénotait quelque peu des autres film de la saga, tout rentre dans l'ordre avec MR VAMPIRE 4. Petite nouveauté, les bonus intègrent une biographie du débonnaire Wu Ma, histoire d'en savoir plus sur l'éternel complice de Sammo Hung.
Si les puristes de la série préfèreront toujours le troisième épisode, MR VAMPIRE 4 n'en constitue pas moins un excellent film, qui a peut-être comme seul défaut de ne pas être directement lié à la saga dont il porte le nom. Mais qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse. Saluons enfin l'initiative de l'éditeur de nous proposer la série regroupée dans un seul et unique coffret, qui plus est de formidable qualité.
