Header Critique : BLOOD FEAST 2 : ALL U CAN EAT

Critique du film et du DVD Zone 1
BLOOD FEAST 2 : ALL U CAN EAT 2002

 

Herschell Gordon Lewis peut être un homme heureux : ses films commencent enfin à acquérir une certaine notoriété artistique grâce à leur distribution en DVD Collector chez Image, avec profusion de bonus (ceux qui ont connu les désastreuses VHS françaises doivent être contents). Célébrité aidant, le monsieur décide de revenir aux fourneaux, trente ans après avoir raccroché, pour donner suite à son film culte BLOOD FEAST (1963) qui enthousiasma pendant longtemps les teen-agers américains qui emmenaient leurs copines dans les drive-in dans l'espoir de peloter quelque chose entre deux scènes d'arrachage de tripes. Trente ans après, BLOOD FEAST a, bien sûr, pas mal vieilli comme d'ailleurs 2000 MANIACS (1964) son deuxième succès et, ne mentons pas, comme toute la filmographie de Lewis. A l'instar des autres films des papes du Z américain tels Mikels, ses films sans réel budget ont du mal à passer les années et à moins de les regarder avec nostalgie, ennuient pas mal, sans doute en raison de leur côté trop cheap. Mais après nous avoir offert une surabondance de séries B telles SHE DEVILS ON WHEELS (1968), SOMETHING WEIRD (1968), THE WIZARD OF GORE (1970), GORE GORE GIRLS (1972), Lewis ne se fit pas prier quand on lui donna l'occasion de réaliser une suite à BLOOD FEAST après des années d'oubli et de boulot dans la pub.

« Fuad Ramses décide de rouvrir le restaurant de son aïeul sans rien savoir sur le massacre qui s'est passé dans la petite ville. Mais, petit à petit, des habitants (enfin, surtout des habitantes) commencent à disparaître. Deux policiers décident d'enquêter en commencant par suspecter Ramses. Malgré tous leurs efforts, les morts s'accumulent tandis que le fameux restaurant commence à avoir du succès grâce à ses plats si savoureux. Mais quel est son secret ? »

Même après tant d'années d'absence, Lewis n'a pas changé d'un iota : toujours le même amour du petit budget synonyme de liberté. Toujours cet amateurisme délibéré et choyé dans la mise en scène, même si l'on remarque parfois un cadrage un peu plus travaillé. Les mouvements de caméra et autres changements de plans manquent un peu pour dynamiser le tout, mais BLOOD FEAST 2 ne ressemble pas pour autant à un film amateur allemand tourné en DV, et nous sommes aussi loin des excès filmiques d'un Troma, où la surenchère à base de décadrage et de sur-découpage est de mise. Lewis filme son BLOOD FEAST 2 comme il a pu le faire lors son premier opus, c'est à dire simplement et avec passion, comme une plaisante et innocente petite série B horrifique. Si le premier fit cauchemarder les parents des années 60, le second les fera rire.

Pour donner vie à son faux remake, Lewis est accompagné d'une poignée d'acteurs cabotinant allégrement. A commencer par nos deux héros policiers : John McConnell (Détective Loomis) et Mark McLachlan (Détective Myers). Deux flics assez crétins, aux sens aussi aiguisés qu'un couteau suisse rouillé. L'un passe son temps à manger tout et n'importe quoi, même devant les cadavres qui parsèment l'enquête, pendant que l'autre, jeune chien fou et futur époux de l'héroïne principale, vomit son repas à la vision des victimes. BLOOD FEAST 2 étant un film gore, vous vous doutez bien qu'il va se vider assez régulièrement. A leur côté nous retrouvons toute une ribambelle de personnages hauts en couleur dont le seul destin est de finir découpés en morceaux pour servir d'ingrédient principal à l'un des nombreux plats exquis de l'hilarant J.P. Delahoussaye qui, dans le rôle de Fuad Ramses, joue le petit-fils du «héros» de l'original. Pour les fans du cinéma Trash, Lewis invite John Waters pour un petit rôle de curé pédophile. En deux scènes, il arrive à nous faire regretter le temps où John Waters faisait réellement des films engagés et décalés comme Lewis. Conscient qu'en 2003 le spectateur, même le plus jeune, a dû voir une flopée de démembrements à la télévision ou en jeu vidéo, Lewis ne cherche pas à choquer. Juste à nous déclarer son amour pour le gore tout en rigolant un bon coup. Les scènes sanglantes sont vraiment réussies et arrivent même parfois à dégoûter l'aficionado de ce genre de films. Que ce soient les nombreuses éventrations avec, bien sûr, leur florilège de boyaux arrachés avec gloutonnerie, des doigts dans un broyeur ou une tête décalottée avec une rage franchement étonnante, Lewis touche dans le mille à chaque fois et on sent bien tout l'amour qu'il porte au genre tant on à l'impression qu'il prend royalement son pied.

L'humour n'est pas oublié. Outre le jeu des acteurs hilarants, Lewis accompagne ses scènes gores d'une musique toujours décalée (son style en fait) qui fera sourire le plus coincé d'entre vous. Sans oublier des gags que n'auraient pas renié les ZAZ (suivez bien le cadavre récurrent en robe de chambre bleue). Comme à son habitude et toujours avec humour, Lewis nous gratifie de quelques strip-tease de charmantes demoiselles... Ou comment une réunion entre copines dévie vers une comparaison de strings. Franchement drôle.

Media Blasters agit parfois d'une étrange façon qui peut dérouter les fans. BLOOD FEAST 2 est ainsi proposé en trois éditions différentes !. Une simple version censurée, donc parfaitement inutile, celle critiquée ici et une Collector avec quelques documentaires sur les effets spéciaux et une poignée de scènes inédites, le tout placé sur un deuxième DVD.

La version simple intégrale critiquée ici n'a comme bonus que quelques bandes annonces (entre autre L'ENFER DES ZOMBIES et LE VENIN DE LA PEUR de Fulci ou FLESH FOR THE BEAST ainsi que celle du film de Lewis). Une galerie de photos et rien d'autre. Quoiqu'en y regardant de plus près on peut trouver à la fin de la bande annonce de FLESH FOR THE BEAST un making of de ce film d'une trentaine de minutes. Petit bonus caché assez plaisant surtout que le film doit valoir son pesant de cacahuètes vu les extraits des scènes gores que l'on peut voir. Ce documentaire est aussi ponctué d'interviews dont celle de Caroline Munro, ce qui n'est pas pour déplaire à certains fans. On est quand même déçu que Media Blasters ne se soit pas contenté de proposer deux éditions au lieu de trois. Surtout que cette édition n'est pas exempte de défauts.

L'image n'est pas en faute car elle est parfaitement encodée (8Mo de bitrate de moyenne pour les pros). Aucun problème concernant l'image, les couleurs sont pimpantes, la définition et la compression parfaites, avec une légère granulation tout à fait plaisante. On sait que Lewis s'est plaint du transfert DVD qui ne correspondrait pas vraiment au rendu 35mm qu'il souhaitait. Comme il le dit «Tandis que cela aurait été un bonheur de voir ce métrage dans une large distribution dans les salles, ce qui est plus tragique est d'arriver à ce transfert brut qui dégrade le rendu 35mm original à un tel point qu'on pourrait facilement confondre le film avec une production numérique faîtes à la maison». Même si l'on se demande effectivement pendant le visionnage en quel format le film a été tourné, cela ne choque pas du tout.

Mais voilà il y'a un vrai hic : Le film est bien présenté dans son format d'origine 1.85 mais il n'y a pas de 16/9, ce qui est quand même surprenant pour un film datant de 2002 et surtout venant d'une société comme Media Blasters, qui a pour habitude de soigner ses éditions. On aurait aussi aimé un commentaire audio pour entendre Lewis parler de son film sans pour cela acheter la version double DVD. Ceux qui l'ont vu présenter ses films lors des nombreux festivals où il était invité (L'Etrange Festival il y'a 2 ans par exemple) savent bien que ce réalisateur aime raconter avec plaisir des dizaines d'anecdotes. Comme d'habitude chez Media Blasters, pas de sous titres ni d'autres langues que l'anglais en Dolby Stéréo.

BLOOD FEAST 2 est donc une petite œuvre souvent mal filmée, sans véritable scénario, sans argent, mais qui se déguste avec un réel plaisir grâce au talent de Lewis qui comble tous les défauts par sa passion. Beaucoup d'humour, des acteurs cabotinant avec plaisir, un amour pour le vrai gore réjouissant et de jolies jeunes filles peu avares quand il s'agit de montrer leur culotte : que demande le peuple !

Rédacteur : Stéphane Bouyer
4 critiques Film & Vidéo
On aime
L’ambiance fun du film
Les nombreuses scènes gores
Le cabotinage des acteurs bien amusant
Un making of en bonus caché
On n'aime pas
Pas de 16/9
Trois éditions pour le même film
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L'édition vidéo
BLOOD FEAST 2 : ALL U CAN EAT DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Shriek Show
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h40
Image
1.85 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
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