Allons bon, encore un qui tente de détroner LES
DENTS DE LA MER (JAWS)
à grands renforts d'effets spéciaux et d'images de synthèse.
Malheureusement, ce ne sont pas quelques millions de dollars investis
dans une super production et une tête d'affiche, en la personne
de Samuel
L. Jackson, qui parviendront à nous émouvoir et qui
nous feront qualifier cette promenade aquatique de nouveau chef d'oeuvre
du cinéma d'épouvante.
Certes, quelques suprises jalonnent le métrage et contre toute attente Samuel L. Jackson en sera l'un des acteurs les plus croustillants (!), mais on ne parvient pas à prendre au sérieux, en général, des personnages dont toute la personnalité a été délibérement gommée, pour ne laisser de place qu'aux scènes spectaculaires. L'objectif avoué du réalisateur étant effectivement de faire un film 100% action afin de satisfaire les producteurs et investisseurs du projet. Bon an mal an, il a donc effacé les scènes où l'on découvrait les personnages dans leur quotidien, ce qui en fait aux yeux du spectateur des apéricubes membrés pour requins et rien de plus.
A propos de requins, la plupart sont en image de synthèse, et autant dire que des efforts (et des moyens !) énormes ont été déployés pour que les bestioles soient le plus proche possible de la réalité. Dans la Featurette, on nous certifie que certains des acteurs ont réellement tourné avec des requins. On s'amusera à essayer de repérer ces scènes dans le film, sur le conseil d'un réalisateur qui ne semble pas peu fier de son travail. Mais quand même, je me demande bien dans quelle scène on a fait ces prises de vue. Effet de manche publicitaire ? Si l'on n'est pas trop exigeant, on se contentera de ces images, sans remettre en cause leur réalisme, mais je vois d'ici les grands spécialistes de FX monter au créneau, criant à l'hérésie, à la lecture de ceci. Alors, il me faut bien avouer qu'on voit assez bien le subterfuge (animatronique / synthèse), mais bon, est-ce que l'aspect technique nous avait vraiment dérangés pour LES DENTS DE LA MER ?
On se serait volontier laissé
embarqué dans un nouveau film d'épouvante fleurant bon
le frisson et titillant sournoisement nos sens en éveil, ne lésinant
sur aucun effet pour toujours nous surprendre et hantant nos baignades
en eaux poissoneuses et exotiques du souvenir macabre des victimes du
terrifiant requin de Spielberg.
On devra ici se contenter d'un ou deux effets de surprise, qui loin
d'être effrayant sont plutôt comique, d'ailleurs on s'interroge
sur les motivations de Renny
Harlin : etait-ce réellement sensé nous faire peur
?
En tout cas, PEUR BLEUE ne parvient pas à nous tétaniser, ou alors seulement d'étonnement : près de 25 ans après le fabuleux film de Steven Spielberg, LES DENTS DE LA MER (JAWS), et malgré des moyens techniques financiers considérables, ce film est seulement moyen. Il ne suffit pas d'aligner des zéros sur un chèque, de faire appel aux toutes dernières technologies et de miser son va tout sur l'action pour séduire le public, qui sait encore se montrer exigeant, comme il l'aura probablement prouvé en boudant ce blockbuster pourtant si prometteur.
A noter, pour ceux qui voudraient voir de vrais requins en action, la présence de deux "documentaires" dont certains passages d'interviews ou de tournage sont repris à l'identique. Quelques scènes coupées vous en diront un peu plus sur les personnages, leur vie dans la base... ce qui aurait pu les rendre un tout petit peu plus sympathiques.
Vous l'aurez compris, pas de loup-garous dans ce PEUR BLEUE mais des requins à l'intelligence et à l'agilité redoutables ! Cette précision, m'amène à m'étonner du manque d'imagination dont on a encore fait preuve en France en baptisant ce DEEP BLUE SEA en PEUR BLEUE, titre qui existait déjà pour l'adaptation d'un livre de Stephen King en 1986, dont le titre original était... SILVER BULLET !