Header Critique : BABY CART VOLUME 2 : LE PARADIS BLANC DE L'ENFER

Critique du film et du DVD Zone 2
LE PARADIS BLANC DE L'ENFER 1974

BABY CART VOLUME 2 

Ogami Itto est toujours poursuivi par le clan Yagyu, après que ces derniers aient commis le meurtre de sa femme et organisé un complot pour le déshonorer aux yeux du shogun. Retsudo Yagyu, cruel patriarche du clan et ennemi juré d'Itto, lance sa propre fille (experte à l'arme blanche, cela va sans dire) aux trousses du samouraï à l'enfant.

Nouvelle séquelle et dernier opus de cette série adaptée du manga de Kazuo Koike (au scénario) et Goseki Kojima (aux illustrations), LE PARADIS BLANC DE L'ENFER a pourtant toutes les allures d'un nouveau point de départ à la série. Des variations en pagaille tandis que l'intrigue de base qui ne cesse de se défiler, des personnages principaux biens installés qui n'évoluent plus vraiment, des gimmicks récurrents qui assurent la signature de la série (les postures du héros au combat, les gadgets meurtriers du landau, le gore)… Ogami Itto prend avec ce film l'allure d'un James Bond, non pas que le samouraï mutique en partage la même attitude mais en tout cas le même traitement à l'intérieur de la série de films qui l'illustre. Et ce n'est pas ce soudain goût pour les musiques funky accompagnant ce sixième opus qui viendra prouver le contraire.

Kenji Misumi, réalisateur attitré de la saga, cède à nouveau sa place pour cette séquelle. C'est Yoshiyuki Kuroda qui le remplace, un habitué du fantastique traditionnel puisqu'on lui doit GHOST ON PARADE, le deuxième film de la série de fantômes japonais Yokaï. La mise en scène de Kuroda n'a clairement pas la même classe que celle de Misumi, surtout si l'on rapporte cette comparaison au somptueux cinquième film. Aux minutieuses compositions de cadre, Kuroda va clairement choisir la voie de l'énergie pop, rendant finalement justice à l'inspiration délirante de Koike sur cet opus.

Si les personnages d'Ogami Itto et de Daïgoro ne bougent pas d'un iota par rapport aux précédents épisodes, un gros effort a été fourni sur les nouveaux ennemis que le duo devra affronter : une jeune fille dont la technique de combat consiste à planter un sabre court au sommet du crâne de ses opposants, des sbires qui s'encastrent dans les murs afin d'attaquer au moment propice, ainsi qu'un trio de tueurs impitoyables ayant la capacité de se déplacer sous terre durant de longues distances. La nouveauté de ce sixième film vient donc de ces «vilains» hauts en couleurs, ces derniers mettant définitivement BABY CART sur les rails du serial.

LE PARADIS BLANC DE L'ENFER n'est donc sûrement pas le BABY CART le plus abouti visuellement ou narrativement. Mais il n'en constitue pas moins l'un des épisodes les plus divertissants, la surenchère délirante (à l'instar de L'ENFANT MASSACRE) n'en finissant pas de scotcher le spectateur devant son écran. Le fantastique, déjà généreusement représenté dans certains épisodes, devient ici incontournable avec des scènes semblant tout droit sorties de films d'horreur italiens de la grande époque. On pense notamment à cette séquence où les trois mercenaires sous-terrains sont déterrés durant un rituel quasi-vaudou, une scène que l'on croirait tirée de la saga zombiesque de Lucio Fulci.

Mais plus que tout autre film de la série, c'est bel et bien le final qui emporte ici toute adhésion. Perdu au milieu d'un paysage enneigé, le loup solitaire à l'enfant devra affronter une véritable armée chaussée sur des skis. Complètement fou, cet ultime carnage nous montre Itto défourailler le gros de la troupe à la mitrailleuse lourde pour ensuite finir les survivants au sabre. Le chef du clan Yagyu prendra personnellement part à la bataille, pour une course-poursuite en luge mémorable : tandis que son ennemi le bombarde par derrière, le samouraï juché debout sur le landau / luge de Daïgoro se voit attaquer sur les côtés par les sbires armés de chaînes. A n'en point douter, une référence de plus pour l'assaut du camion-citerne durant le climax de MAD MAX 2 de George Miller, sans parler de la connivence d'inspiration avec LE GRAND SILENCE de Sergio Corbucci.

Tandis que le dernier tome de la bande dessinée est à quelques mois de paraître, Kenji Misumi décède en 1976, ce qui mettra un terme à cette série au cinéma… Mais pas à la télé. Un feuilleton (78 épisodes au total, dont certains furent remontés pour une sortie sur les grands écrans nippons), ainsi que des téléfilms, continuèrent d'alimenter la très populaire saga. En 1992, Kazuo Koike reprend la plume pour écrire le scénario d'un BABY CART nouvelle version, en fait un remake du SABRE DE LA VENGEANCE sans Tomisaburo Wakayama malheureusement, ce dernier venant de décéder. Très mal reçu du public, ce film est la dernière représentation d'Ogami Itto au cinéma. Pour l'instant tout du moins, puisque BABY CART connaît un (juste) regain d'intérêt aujourd'hui : un nouveau manga ("Lone Wolf 2100"), une nouvelle série télévisée japonaise et un nouveau projet de film, américain cette fois, sous la houlette de Darren Aronofski (PI, REQUIEM FOR A DREAM).

Dernier disque du très beau coffret édité par HK Video, LE PARADIS BLANC DE L'ENFER bénéficie, au risque de se répéter, d'un excellent rendu aussi bien image que son (uniquement en version japonaise). Les habituels bonus nous sont proposés : bandes-annonces originale ainsi que des autres sorties de l'éditeur, des filmographies (dont celle de Yoshiyuki Kuroda, pour le coup inédite et sur le bon disque !), une galerie de photos, des liens Internet, et surtout, l'introduction en image du film (toujours aussi pertinente, et toujours à regarder après une première vision pour éviter les spoilers).

Bien que possédant une fin ouverte, LE PARADIS BLANC DE L'ENFER referme la saga BABY CART avec folie et divertissement. Un très bon opus d'une excellente série, que certains considèrent comme la quintessence même du chambara. A l'heure où les films de sabre japonais modernes ont tous plus ou moins déçu (GOJOE de Sogo Ishii, le nouveau ZATOICHI de Takeshi Kitano), la vision des BABY CART en prend d'autant plus de saveur, comme si, à l'image des westerns américains, nous assistions à un genre de films qu'il serait impossible de refaire aujourd'hui.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
49 ans
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287 critiques Film & Vidéo
On aime
Un classique du chambara
Les suites se succèdent mais la qualité ne faiblit pas, bien au contraire
L’excellent travail de l’éditeur
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Des filmographies redondantes avec les autres disques de la collection
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L'édition vidéo
KOZURE OKAMI : JIGOKU E IKUZO! DAIGORO DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
3 DVD
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h20
Image
2.35 (16/9)
Audio
Japanese Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
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