Jin Sung et Kim So-Hee étudient toutes deux dans la section danse d'un lycée artistique. Kim So-Hee est particulièrement attachée à Jin Sung, elle lui répète souvent «Tout ce dont j'ai besoin, c'est toi». Mais Jin-Sung n'a pas le même attachement pour So-Hee. Elle est même quelque peu jalouse du talent naturel de son amie pour le ballet, qui la relègue toujours au second plan. C'est ici qu'intervient une superstition qui laisse entendre que l'esprit d'un renard habite les escaliers qui mènent au dortoir. Cet esprit réaliserait le vœu de quiconque les gravit en souhaitant quelque chose de tout son cœur. So-Hee fait ainsi le souhait de rester avec Jin-Sung pour toujours. De son coté, Jin-Sung fait vœu de remporter à son tour la prochaine sélection de son école. Les deux amies ne savent pas à quel point leurs vœux vont se révéler destructeurs.
WISHING STAIRS est le troisième volet d'une franchise amorcée en 1998 par WHISPERING CORRIDORS, dérivé de RING dans l'univers d'un lycée non mixte coréen. Pas original mais bien ficelé et efficace, le premier volet a déjà en lui les éléments qui seront sublimés un an après dans MEMENTO MORI : un univers strict, mélancolique, une amitié très forte qui vire au drame. Sur ce dernier point les auteurs de MEMENTO MORI marquèrent les esprits en parlant directement de l'homosexualité féminine et de son acceptation en Corée. Le traitement est pudique, la réalisation impeccable, MEMENTO MORI atteint un état de grâce inouï, permettant à ce qui est à l'origine un film de commande de naviguer bien au delà des rivages post-RING. C'est dire l'attente voire la suspicion que peut susciter la suite d'un tel film !
Autant mettre les choses au clair tout de suite : WISHING STAIRS ne parle pas d'homosexualité d'une manière aussi évidente que MEMENTO MORI. Quelque détails viennent tout juste suggérer que l'amitié entre les deux héroïnes serait peut-être plus que cela (So-Hee qui répète sans arrêt à Jin Sung «Tout ce dont j'ai besoin, c'est toi») mais rien de tangible ne permet de dire qu'il s'agit d'autre chose qu'une très forte amitié. Dommage que les suppléments ne soient pas sous-titrés, cela nous permettrait sûrement d'en savoir plus concernant la position des concepteurs du film à ce sujet. Plus proche de WHISPERING CORRIDORS, WISHING STAIRS remet donc l'élément fantastique au premier plan. Cela étant, le film se distingue de ses prédécesseurs pour ce qui est des causes du drame: la relation So-Hee / Jin Sung se détériore de l'intérieur. L'environnement extérieur n'est plus vraiment mis en cause. Il s'agit avant tout de bêtise, de jalousie, de fatalité et de malchance, un peu à la manière d'un autre film coréen, SYMPATHY FOR MR VENGEANCE, avec un résultat tout de même moins oppressant.
WISHING STAIRS commence par une séquence sublime : So-hee faisant vœu de rester pour toujours avec Jin Sung. Cette scène est très enthousiasmante : travelling, décors, photographie, musique... tout concorde pour mettre en place une atmosphère envoûtante proche des films qui l'ont précédé. Mais la dégradation de l'amitié entre So-Hee et Jin Sung est expédiée trop rapidement. En quarante-cinq minutes on apprend finalement peu de choses sur ces personnages et leurs motifs. Dans de telles conditions il est difficile de s'attacher à elles et de s'émouvoir de leurs disputes. Une fois cette première partie achevée, WISHING STAIRS perd beaucoup en rythme et prend pas mal de temps à redémarrer, pour autant le film s'achève sur une jolie fin, poétique et désespérée. Même si c'est assez convenu, la progression vers la fin réserve son lot de surprises.
La cassure du rythme en milieu du film va avec l'émergence dans le récit du personnage de Hye-Joo. Brimée par ses camarades pour son obésité, elle voue un véritable culte à So-Hee, l'une des rares à la considérer normalement. La prestation de l'actrice qui l'incarne, alternant grimace et sur-jeu, est pour le moins déroutante. Pour ne rien arranger, elle est obligée de revêtir un costume pour paraître obèse. Trop visible, cet accessoire ruine la crédibilité d'un personnage qui est l'un des principaux facteurs de baisse de rythme. Heureusement tout cela s'arrange à mesure que le personnage devient plus complexe. Le reste du casting, dont c'est la plupart du temps le premier film, campe parfaitement ses personnages, en particulier Park Han-Byul qui donne véritablement corps à la possessivité ambiguë de So-Hee.
C'est le premier long métrage de Yun Jae-Yeon, la réalisation est honnête, mais loin des sommets de MEMENTO MORI ou de l'efficacité de WHISPERING CORRIDORS. Les meilleures scènes doivent presque tout à ce qui fait la marque de fabrique de la série : une musique et une photographie particulièrement soignées, qui transpirent la mélancolie. Au rayon des absents, aucun emprunt comparable aux chants catholiques (Kyrie Eleison) qui s'étaient greffés au deuxième volet pour lui donner un cachet fascinant et presque irréel.
WISHING STAIRS est présenté en édition double DVD dans un fourreau reprenant les dessins torturés de Hye-Joo. Aucun reproche à faire pour ce qui est de la qualité du transfert vidéo, si ce n'est certains plans en extérieurs qui comportent trop de grain. N'ayant pas vu le film autrement, il m'est impossible de dire si cela est voulu ou s'il s'agit du résultat d'une compression hasardeuse. Une piste DTS (mi débit) et une piste Dolby Digital sont proposées, la première ayant un léger avantage sur les passages musicaux.
L'interface est visuellement très réussie mais parfois peu lisible, en particulier sur le disque de bonus. A part pour le film en lui-même, strictement rien n'est indiqué en anglais. Pas l'ombre d'un sous-titre sur les bonus, on ne peut donc qu'en dresser une liste exhaustive, ce qui est bien dommage : on ne peut s'empêcher de se demander pourquoi et comment la série est revenue en arrière. Dans ce sens les 25 minutes d'explications du producteur de la franchise, Lee Chun-Yeon (également responsable d'INTERVIEW et de ART MUSEUM BY THE ZOO) valent sûrement le détour. Pour ce qui est du reste des bonus, on a droit aux classiques Making Of, interviews, galerie photos, matériel promo, etc. Le plus intéressant dans tout cela pourrait être le cours métrage de la réalisatrice (PSYCHO DRAMA), mais peu visuel et sans sous-titres, il est difficile d'en saisir le sens.
Ni aussi original que MEMENTO MORI, ni aussi efficace que WHISPERING CORRIDORS, WISHING STAIRS a bien du mal à convaincre. Pris indépendamment de la série qui l'a engendré, c'est un film de fantômes assez classique, joliment interprété et exécuté, poétique et parfois envoûtant mais qui souffre un peu trop d'une baisse de rythme en son milieu.