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Critique du film et du DVD Zone 3
UZUMAKI 2000

 

A Kurouzu la vie semble suivre son cours jusqu'à ce que cette tranquillité ambiante soit secouée par l'apparition d'étranges évènements. Tour à tour les habitants développent une obsession morbide pour les spirales, entraînant métamorphoses et morts mystérieuses sous le regard désemparé de deux jeunes étudiants, Kirie et Shuichi.

UZUMAKI est tiré d'un manga éponyme de Junji Ito, aujourd'hui considéré comme l'un des dessinateurs de bande dessinée horrifiques les plus populaires au Japon. Toutefois ce film n'est pas la première adaptation de cet auteur puisqu'une série de films vidéo et cinéma ont été tirés de son TOMIE, tandis que son manga KAKASHI a été porté à l'écran un peu plus tard avec moins de succès. Cet attrait pour les œuvres de Junji Ito n'est pas anodin, puisqu'il se démarque de ses confrères en alliant d'excellents scénarios à des images cauchemardesques et puissantes, avec un goût non caché pour le grotesque.

UZUMAKI est le premier long métrage d'Higuchinsky, de son vrai nom Akihiro Higuchi, qui a gagné ses lettres de noblesse dans la réalisation de vidéo clips. Il a depuis réalisé un film d'action intitulé TOKYO 10+01). Produit par Omega Project, la société à qui l'on doit RING d'Hideo Nakata, UZUMAKI est issu du boom récent des films d'horreur japonais tels, bien sûr, la série des RING ou DARK WATER. Parmi les acteurs on reconnaîtra Shin Eun-Kyung qui tenait le rôle principal de RING VIRUS (le remake coréen de RING). Dans le rôle du père de Shuichi, on retrouvera aussi le vétéran Ren Osugi qui a beaucoup tourné avec le réalisateur/acteur Takeshi Kitano (HANA-BI, ANIKI MON FRERE, SONATINE, DOLLS ou KIDS RETURN) ou les cinéastes Takashi Miike (DEAD OR ALIVE 1 et 2 entre autres) ou encore Kiyoshi Kurosawa (CHARISMA, CURE...).

Pour UZUMAKI, la difficulté était de retranscrire au cinéma tout l'aspect graphique et éloquent sur lequel repose le manga et ceci de manière plausible. Même si l'intrigue peut paraître décousue pour certains, le long métrage essaie de relier entre eux les nombreux sketches autonomes qui constituent la bande dessinée parue en France sous la forme de trois volumes. Higuchinsky a ainsi sélectionné certaines de ces histoires, recentrant l'action sur le duo formé par la jeune Kirie et son ami Shuichi. Les quelques plans faisant référence aux épisodes extérieurs au couple (le cadavre d'une étudiante aux cheveux démesurément bouclés enlacé à un poteau, le van des journalistes accidentés, le père sortant du lac des libellules…) constituent autant de clins d'œil subtils aux sketches non utilisés qui resteront obscurs pour qui n'a pas lu le manga. Jusqu'au boutiste, le film traite non seulement des spirales sous toutes leurs formes mais il est aussi construit sur le même modèle : le scénario, le ton un peu mièvre du début tournoient graduellement vers les profondeurs de l'insanité et de l'horreur. Le contraste est saisissant entre l'image des deux protagonistes Kirie et Shuichi en tandem à bicyclette sur une musique des plus gentillettes et les évènements monstrueusement dérangeants qui se déroulent par la suite.

Prenant cependant de la distance avec la bande dessinée initiale, le cinéaste choisit d'éluder une bonne partie de son côté horrifique et violent, l'œuvre d'Ito allant parfois très loin dans le morbide, pour suivre la voie d'un grotesque plus soutenable. Un grotesque répandu dans l'horreur classique à la japonaise, et que l'on retrouve massivement dans l'art et la littérature populaire. Ce genre renvoie en fait à l'utilisation de figures bizarres, à un côté aberrant frôlant le ridicule (mise en scène outrancière, monstres délirants) qui sied à l'esprit surréaliste caractéristique du manga.

C'est un pari visuellement réussi pour Higuchinsky qui exploite ses images avec un souci du détail et de l'esthétisme, recréant ainsi l'ambiance du manga. Chaque séquence d'UZUMAKI imprime un sens de la paranoïa vis à vis des objets du quotidien. Le réalisateur use et abuse du motif de la spirale, qui a de surcroît l'avantage d'être très graphique : un nuage tourbillonne dans un coin du ciel, le sol dessine des torsades, des cheveux qui bouclent démesurément, les cercles concentriques formés sur des pare-brise accidentés, un escalier en colimaçon... jusqu'aux effets tournoyants de la caméra. Et malgré un budget que l'on imagine limité, les effets spéciaux sont tout à fait crédibles.

Le récit d'UZUMAKI se veut obscur et les passages manquants du manga renforcent l'incompréhension de ce qui se déroule sous les yeux du spectateur. Plus on avance, plus l'influence de la spirale grandit or cette force n'est pas clairement explicitée dans le film. Quel mystère se cache derrière ce village possédé ? La malédiction serait-elle liée à une ancienne religion vouant un culte au serpent, une connexion avec des miroirs ou l'étang des libellules au cœur de la ville ? Malheureusement on n'en saura pas plus. Ceux qui souhaitent connaître le fin mot de l'histoire devront donc lire la bande dessinée. Le métrage ne cherche pas à élucider les faits mais à exploiter une ambiance et un univers visuel. D'où un rythme lent devant lequel certains risquent de décrocher et une fin abrupte qui en frustrera plus d'un.

UZUMAKI est disponible en Zone 3 sur une édition en provenance de Hong Kong. L'image, au format Letterbox (non anamorphosé pour le 16/9), est de bonne qualité et le rendu des couleurs est honnête. Le master a une dominante vert /orange mais ceci est totalement voulu par la photographie du film. Ne proposant pas de piste multi-canaux, la bande stéréo donne néanmoins un bon rendu, particulièrement si l'on active le Prologic pour tirer parti du surround, les petits effets sonores arrières en deviennent surprenants et participent au climat inquiétant du film. Le seul bonus inclus est une bande-annonce d'UZUMAKI non sous-titrée. C'est peu surtout comparé au DVD japonais pourvu de suppléments plus fournis et d'un transfert 16/9, mais il ne faut cependant pas oublier que le disque chinois est disponible à petit prix avec une possibilité de sous-titrage en anglais et que le film en lui-même vaut le détour, spécialement pour les fans d'horreur nipponne.

Sans crier au chef-d'œuvre, UZUMAKI est un film surréaliste mélangeant parfaitement visuels déjantés et une structure narrative insolite, une performance psychédélico-morbide qui devient captivante par son originalité ; même si certains ne supporteront pas la lenteur de l'ensemble.

Rédacteur : Sandrine Ahson
2025 ans
1 news
15 critiques Film & Vidéo
On aime
Une adaptation visuellement réussie de la version manga
Le prix attractif
On n'aime pas
Un scénario confus pour qui n’a pas lu la bande dessinée
Une lenteur de la narration et une fin «brutale» qui dérouteront certains
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L'édition vidéo
UZUMAKI DVD Zone 3 (Chine-Hong Kong)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
Chine-Hong Kong (Zone 3)
Date de Sortie
Durée
1h31
Image
1.85 (4/3)
Audio
Japanese Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Chinois
  • Anglais
  • Supplements
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