Header Critique : VAMPIRE, THE (LES PROIES DU VAMPIRE)

Critique du film et du DVD Zone 2
THE VAMPIRE 1957

LES PROIES DU VAMPIRE 

Marta rend visite à sa tante malade, dans un coin reculé du Mexique. Elle ignore que cette région est hantée par un vampire, le Comte de Valud, qui tente de faire main basse sur la belle hacienda de sa famille...

LES PROIES DU VAMPIRE fut la première intrusion de l'acteur-producteur mexicain Abel Salazar dans le domaine du fantastique. Ce sera un tel succès, qu'il va, jusqu'en 1962, devenir un spécialiste de ce genre. Pour ce film d'épouvante, il fait appel au réalisateur Fernando Mendez, qui venait de s'illustrer en dirigeant LE MONSTRE SANS VISAGE : un savant fou y pratiquait des expériences sur un catcheur, dans une ambiance héritée des classiques Universal des années 1930-40 ; cette oeuvre historique annonçait la grande vague des films de lutteurs masqués qui allait s'abattre sur le Mexique, dans les années 1960.

Pour jouer le rôle du Comte de Valud, on choisit l'acteur espagnol German Robles arrivé au Mexique en 1946, et qui y menait une carrière au théâtre depuis 1952. Ce rôle allait immédiatement en faire une vedette de l'épouvante mexicaine. Outre ces quelques rôles de vampire, il allait jouer un autre méchant du fantastique, Nostradamus, dans la série de quatre films inaugurée par LA MALDICION DE NOSTRADAMUS en 1960. Abel Salazar se donne le rôle principal d'Enrique, pragmatique ennemi de Valud, tandis que Marta est incarnée par Ariadna Welter, qui venait d'être la fiancée d'Ernesto Alonso dans LA VIE CRIMINELLE D'ARCHIBALD DE LA CRUZ de Luis Bunuel.

Marta Gonzalez se rend en train au domaine de sa famille. Elle doit y retrouver son oncle Emilio, ainsi que ses deux tantes Maria Teresa et Eloisa, cette dernière étant atteinte d'une grave maladie. A son arrivée à la gare, elle rencontre Enrique, un aimable représentant de commerce, qui lui propose de l'accompagner jusqu'à sa demeure. A leur arrivée, une surprise les attend : Eloisa se porte comme un charme, mais Maria Teresa vient juste de décéder...

Eloisa insiste pour que le domaine soit vendu à un certain Duval, un de leur voisin. Mais cette transaction exige l'accord de Marta qui, encore trop marquée par le chagrin, ne parvient pas à se décider. Ce que cette jeune femme ignore, c'est que Duval est en fait le Comte de Valud, un sinistre vampire buveur de sang, qui a pris sous son emprise Eloisa. Qui plus est, il veut rendre la vie à son frère, Karol de Lavud, un autre vampire, tué un siècle auparavant par la populace, d'un pieu planté en plein coeur !

Après LA MAISON DE DRACULA de 1945, dernier représentant du grand cycle horrifique de la firme Universal, le mythe classique du vampire s'est vu essentiellement cantonné, aux USA, à la parodie (Lugosi reprend son rôle de Dracula dans DEUX NIGAUDS CONTRE FRANKENSTEIN) ou à des oeuvres produites par des firmes mineures. La mode était alors à la science-fiction... La fin des années 1950 allait marquer, grâce aux succès des productions britanniques Hammer, le retour en force de l'épouvante gothique en général (FRANKENSTEIN S'EST ECHAPPE en 1957) et de la mythologie vampirique en particulier (LE CAUCHEMAR DE DRACULA en 1958). Dès lors, LES PROIES DU VAMPIRE tient une place à part puisqu'il anticipe, avec une année d'avance, ce grand retour du Comte Dracula.

Le film de Mendez frappe par son approche très classique du vampirisme. Ce mythe est retranscrit en respectant toutes les règles posées dès 1931 par le DRACULA de Browning. Valud dort dans un cercueil, ne supporte pas les rayons du soleil, craint la vision des crucifix, boit le sang de ses victimes, se change en chauve-souris, peut être détruit par un pieu en plein coeur, change certaines de ses victimes en vampires... Quant à Eloisa, la femme-vampire, son allure endeuillée rappelle en tous points celle de LA FILLE DE DRACULA, autre grand classique Universal. Un piment supplémentaire consiste à doter Valud de canines rétractables, lui permettant de mordre profondément la gorge de ses proies. Cet élément, absent des films Universal, sera caractéristique des productions Hammer. Toutefois, ce trait, appelé à devenir un vrai cliché du genre, avait déjà été utilisé dans DRAKULA ISTANBUL'DA, un titre turc, assez confidentiel il est vrai. LES PROIES DU VAMPIRE renouvelle cette mythologie et l'adapte au contexte local, notamment en soulignant les références au folklore chrétien (le personnage de Maria Teresa...), voire en employant certains aspects généralement plutôt associés au Vaudou des îles Antillaises, situées au large de la côte sud-est du Mexique.

Comme la quasi-intégralité des films d'horreur gothiques d'Universal, l'intrigue se déroule à une époque contemporaine du tournage du film. Néanmoins, là où la firme hollywoodienne de Carl Laemmle avait tendance à placer ses oeuvres dans un contexte exotique (l'Europe, et plus particulièrement l'Europe centrale ou le Royaume-Uni), LES PROIES DU VAMPIRE se déroule au Mexique, son pays de tournage et de production. Recourant à un noir et blanc aux éclairages expressionnistes, là encore dans la plus pure tradition Universal, le film de Mendez se déroule dans une hacienda lugubre, couverte de toiles d'araignées et de brumes. Quant à la campagne environnante, elle ne déparerait pas dans le pays de Galles du LOUP-GAROU, par exemple. Les ajustements locaux restent très mesurés, et ne sombrent jamais dans les délires d'un SUPERMAN CONTRE LES FEMMES-VAMPIRES, dans lequel le mythe vampirique était distordu de façon à pouvoir s'insérer dans les aventures du catcheur mexicain Santo.

La plus grande singularité des PROIES DU VAMPIRE reste le choix de son acteur principal : German Robles. L'image traditionnelle du vampire était alors celle laissée par Lugosi dans DRACULA, LA MARQUE DU VAMPIRE et RETURN OF THE VAMPIRE : théâtral, parfois ironique ou cabotin, assez trapu et relativement âgé. Parmi ses successeurs notables, John Carradine proposa un Dracula plus élancé, mais là encore, d'âge mûr (LA MAISON DE FRANKENSTEIN puis LA MAISON DE DRACULA). Robles, lui, propose un vampire fin, jeune, athlétique, élégant et, il faut bien le dire, plus sexy qu'un Lugosi. Marchant d'un pas vif et décidé, le buste bien droit, alternant une suavité séduisante et une raideur terrifiante, il annonce la toute nouvelle présentation qu'allait en proposer, l'année suivante Christopher Lee dans LE CAUCHEMAR DE DRACULA. Lee a d'ailleurs rendu hommage à Robles, dont il a reconnu l'influence sur son jeu. De même, le dénouement très physique, dans lequel Valud se bat énergiquement au sabre contre Enrique, semble annoncer l'empoignade vigoureuse qui conclut le classique de Terence Fisher.

Pourtant, tout n'est pas parfait. Les scènes dans lesquelles apparaissent Robles sont illuminées par sa présence, mais le reste du métrage n'est pas toujours du même niveau. Des séquences de dialogue assez conventionnels, ainsi que la place un peu envahissante laissée aux relations entre les jeunes premiers, ralentissent nettement l'action, dont le déroulement est au fond assez dénué de surprises. Enfin, les trucages des transformations, assez fréquentes et obtenues par simple montage, sont choquants, et peuvent gâcher certains beaux passages. John P. Fulton avait tout de même fait beaucoup mieux, et ce plus de dix ans auparavant, dans LA MAISON DE DRACULA, par exemple.

Sans être aussi excellent qu'il l'a parfois été dit, LES PROIES DU VAMPIRE est un film de vampire classique et soigneusement exécuté. Malgré quelques longueurs, son atmosphère gothique imparable et la présence stupéfiante de Robles en font une oeuvre vraiment intéressante pour l'amateur de fantastique, et un incontournable pour les passionnés du vampirisme au cinéma. Gros succès dans son pays, il allait entraîner une augmentation considérable de la production horrifique au Mexique. Il aura droit à une distribution internationale, y compris en France, pays dans lequel il sera un des rares films fantastiques mexicains à être projetés. Une suite sortira aussi en 1957 : EL ATAUD DEL VAMPIRO dans lequel on retrouve Germán Robles, Abel Salazar et Ariadna Welter, plongés, cette fois, dans un univers urbain et moderne. Toujours la même année, Robles jouera à nouveau un vampire, mais dans une oeuvre à tonalité parodique : EL CASTILLO DE LOS MONSTRUOS.

Mondo Macabro nous propose donc de découvrir ce film en DVD dans une édition multizone PAL. L'image en noir et blanc souffre de certains défauts, comme la présence de saletés et de poinçons, un peu de bruit vidéo, ou une fixité légèrement hésitante. Pour une oeuvre rare, venant d'un pays relativement exotique, on aurait tort de faire la fine bouche, surtout que la définition est globalement tout à fait correcte. C'est plutôt du bon travail.

La bande-son est proposée en mono, en espagnol ou en anglais, repiqué apparemment sur des pistes optiques un peu usées. Le résultat est globalement satisfaisant, si on veut bien, à nouveau, considérer la rareté de ce titre.

En bonus, un roman-photo nous narre l'histoire de EL ATAUD DEL VAMPIRO, suite des PROIES DU VAMPIRE. Enfin, un documentaire, réalisé par l'équipe de Mondo Macabro, nous propose un survol de l'histoire du cinéma fantastique mexicain, des années 1950 à nos jours, en une vingtaine de minutes. Certes, ce n'est pas archi-complet, mais il s'agit néanmoins d'une intéressante introduction à cette matière.

Ce DVD permet de découvrir dans de bonnes conditions LES PROIES DU VAMPIRE, titre réputé, et néanmoins assez rare dans nos contrées. Il s'agit donc d'un achat intéressant, même si, au vu du prix de ce DVD, on aurait peut-être aimé une interactivité encore plus riche.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
50 ans
1 news
667 critiques Film & Vidéo
1 critiques Livres
On aime
Un film de vampire intéressant
On n'aime pas
...
RECHERCHE
Mon compte
Se connecter

S'inscrire

Notes des lecteurs
Votez pour ce film
Vous n'êtes pas connecté !
-
2 votes
Ma note : -
L'édition vidéo
EL VAMPIRO DVD Zone 2 (Angleterre)
Editeur
Mondo Macabro
Support
DVD (Simple couche)
Origine
Angleterre (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h24
Image
1.33 (4/3)
Audio
Spanish Dolby Digital Mono
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Anglais
  • Supplements
    • Mexican Horror Movies (Documentaire - 20mn55)
    • Roman Photo de "El Ataud del Vampiro"
    Menus
    Menu 1 : VAMPIRE, THE (LES PROIES DU VAMPIRE)
    Autres éditions vidéo