Header Critique : SOLARIS (STEVEN SODERBERGH)

Critique du film et du DVD Zone 2
SOLARIS 2002

STEVEN SODERBERGH 

La vie morne de Chris Kelvin est bousculée le jour où on lui demande de faire un voyage vers une station en orbite de Solaris…

Déjà adapté pour le cinéma par Andreï Tarkovski au début des années 70, le livre de Stanislas Lem se voit une nouvelle fois porté sur le grand écran mais cette fois par les Américains. Quelque part, on pourra s'étonner de voir qu'un tel ouvrage puisse susciter autant de convoitise surtout de la part d'Hollywood. James Cameron s'attache donc à produire le film après avoir hésité à le réaliser lui-même. Le projet traîne quelques années avant qu'il ne soit finalement mis en chantier avec Steven Soderbergh à la barre. Celui-ci avait fait sensation avec son SEXE, MENSONGE ET VIDEO devenant la coqueluche du nouveau cinéma auteurisant. Pendant un temps assez court puisque le soufflé retombe avec KAFKA et les films qui suivent ne connaîtront pas la même exposition. Il faudra attendre le charmeur HORS D'ATTEINTE pour que le cinéaste devienne tout à coup une valeur sûre du Box Office, alors qu'il se met à alterner films commerciaux (ERIN BROKOVICH ou OCEAN'S ELEVEN) avec des œuvres un peu moins accessibles (L'ANGLAIS ou FULL FRONTAL).

Là où le film d'Andreï Tarkovski prenait son temps, le SOLARIS de Steven Soderbergh accélère et simplifie l'histoire à l'extrême. Son film se focalise en grande partie sur les relations entre les personnages et leurs visiteurs, même si pour deux d'entre eux tout est relativement suggéré. Cette suggestion s'avère toutefois bien plus réussie que dans le film russe où les fameux «visiteurs» de Snaut et Sartorius restaient très flous. Ici, on n'en apprendra pas forcément plus mais la tension créée est bien mieux gérée. Au passage, Chris Kelvin et sa compagne sont exposés d'une façon bien plus limpide, avec une construction à base de flashbacks qui permet de découvrir au fur et à mesure leur rencontre et leur rupture terrienne.

Toutefois, le film oublie quelque peu les interrogations philosophiques à propos de Solaris et ce qui l'entoure, et le film de Steven Soderbergh s'éloigne encore plus du matériau d'origine. Que ce soit le film de Tarkovski et encore plus le livre de Stanislas Lem. L'auteur polonais avait d'ailleurs déclaré ne pas aimer le film russe alors qu'il trouve la version américaine bien trop romantique à son goût, tout en loupant l'essence même de son ouvrage ! Quoi qu'il en soit, ce nouveau SOLARIS est bien plus facile d'accès que la version Russe tout en exposant de façon bien plus claire, mais moins riche, son récit.

Les noms des résidents de la station changent (Snaut devient Snow et Sartorius devient Gordon) mais l'une des grandes différence est la transformation de l'un des personnages. Ainsi, le scientifique le plus expérimenté devient une femme. Dans cette version américaine, on s'intéresse assez peu aux mouvements de Solaris là où le film de Tarkovski retranscrivait assez bien la fascination pour ce gigantesque océan.

On notera aussi le postulat de départ qui cherche à créer de façon artificielle une sorte de mystère menaçant. Ainsi, Chris Kelvin est cette fois envoyé en orbite de Solaris pour ramener les occupants de la station alors qu'une mission précédente a déjà échoué. Son arrivée sur la station essaye pendant quelques minutes d'instaurer un climat qui pourrait prêter à confusion. Peut-être s'agissait-il d'une façon d'attirer le spectateur pour ensuite entrer dans le cœur de l'histoire. Cette approche est en tout cas assez incohérente dans le sens où l'on n'envoie pas un psychiatre tout seul là où plusieurs hommes ont déjà échoué. Ce début tranche complètement avec le film de Tarkovski. où il était simplement question d'une évaluation suite à des événements étranges !

La fin du film de Soderbergh pourra prêter à controverse puisque si d'une certaine manière elle se conforme à celle de Tarkovski, impliquant au passage des interrogations sur notre existence et notre réalité, elle se termine surtout de façon largement plus optimiste (encore que ?). Cette issue pose aussi des soucis concernant l'enjeu du problème de communication entre Solaris et l'humanité. Le parti pris a été donc de donner au personnage principal un nouveau point de départ ce qui d'un point de vue romantique a le mérite de fonctionner.

Le film n'a pas trouvé son public et a eu bien du mal à remplir les salles, laissant derrière lui une ardoise déficitaire, ce qui n'empêche pas la Fox de proposer un excellent transfert de SOLARIS, que ce soit en termes d'image ou de son. A vrai dire, même s'il s'agit de science-fiction, les pistes Dolby Digital 5.1 ne vous offriront pas forcément de quoi vous impressionner. Elles respectent l'ambiance posée du film et illustrent de façon très réussie l'environnement sonore. De son côté, la photographie du film, très froide en dehors de quelques passages plus chaleureux, est ici retranscrite avec un certain brio.

Si le scénario intégral du film reste entièrement en anglais par l'entremise de nombreuses pages de texte, les autres suppléments sont traduits en français via un sous-titrage. Cela comprend une Featurette très promo produite pour HBO et une autre à peine plus étoffée mais qui reprend en grande partie le contenu de la première. Donc, autant regarder directement «Solaris : Au-delà de la planète». On retrouve ainsi le réalisateur, les acteurs et James Cameron, faisant ici office de producteur, en interviews avec de nombreuses séquences prises sur le tournage. Le choix de George Clooney pour interpréter le rôle principal y est abordé tout comme ses facéties hors caméra. On y apprend entre autre que la science fiction basée sur la technologie n'attire pas plus que ça Steven Soderbergh. En cela, il se rapproche de Tarkovski.

Steven Soderbergh et James Cameron se retrouvent tous les deux à discuter du film mais aussi de sujets bien plus larges dans un commentaire audio assez informatif. Le livre original et le film de 1972 sont abordés de façon plus ou moins évasive, essentiellement pour pointer les différences avec le métrage de Steven Soderbergh. Les deux cinéastes abordent aussi les raisons pour lesquelles, d'après eux, le film n'a pas marché dans les salles, ce qui passe par des outils de promotion (bandes-annonces ou affiches) qui n'ont pas réussi à retranscrire le contenu du film. Sur le générique de fin, James Cameron parle de ce qu'il aurait fait du film s'il l'avait réalisé et surtout d'une idée qu'il a utilisée dans ABYSS. Dans son ensemble, ce commentaire dispense de nombreuses informations pertinentes. Parmi les suppléments, il aurait été possible d'ajouter des scènes coupées (ou au moins alternatives) dont parle Soderbergh dans le commentaire audio mais il n'y en a aucune trace sur le disque.

Le disque s'ouvre dès son insertion sur une bande qui enfile plusieurs bandes-annonces de films sortis ou à sortir chez le même éditeur (DAREDEVIL, X-MEN 2…). Que des titres qui n'ont à vrai dire pas grand chose à voir avec SOLARIS et l'on sera au passage étonné de ne pas voir figurer la bande-annonce du film de Soderbergh parmi les suppléments.

S'il est surprenant à bien des égards de vouloir refaire une adaptation de SOLARIS au cinéma, le film de Steven Soderbergh n'aura pas rencontré son public ce qui fut un résultat moins étonnant. Une édition DVD pourra peut-être faire office de rattrapage, à moins que vous ne soyez plus enclin à vous tourner vers le film d'Andreï Tarkovski. Dans les deux cas, vous serez face à de la science-fiction intelligente, en marge de ce que le cinéma met en orbite habituellement !

Rédacteur : Antoine Rigaud
2025 ans
4 news
635 critiques Film & Vidéo
2 critiques Livres
On aime
Une approche simplifiée (mais pas fidèle) de l'oeuvre originale
Joli transfert audio/vidéo
On n'aime pas
Pas de bande-annonce pour le film ?
Dommage que les scènes mentionnées dans le commentaire audio n'aient pas pu être placées sur le disque
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L'édition vidéo
SOLARIS DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h34
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Italian Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Néerlandais
  • Anglais
  • Français
  • Italien
  • Supplements
    • Commentaire audio de Steven Soderbergh et James Cameron
    • Spécial HBO (12mn50)
    • Solaris : Au-delà de la planète (17mn34)
    • Scénario complet
      • Bandes-annonces
      • Daredevil
      • X-Men 2
      • 28 Jours plus tard
      • Antwone Fisher
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