Suite à un accident survenu dans sa jeunesse, Matt Murdock est devenu aveugle ce qui ne l'a pas empêché de devenir un brillant avocat. Mais cet accident s'il lui a coûté la vue, lui a aussi offert de nouveau sens qui lui donnent la possibilité de combattre le crime de façon incognito sous le nom de Daredevil !
Depuis une quarantaine d'années, Daredevil continue ses aventures dessinées et le lancement réussi d'adaptations de comics sur le grand écran ne risquait pas de laisser ce personnage très apprécié sans son propre film. Mais ce n'est pas pour autant sa première apparition en chair et en os puisque Matt Murdock / Daredevil faisait déjà une apparition dans LE PROCES DE L'INCROYABLE HULK, un téléfilm tardif issu de la série L'INCROYABLE HULK. Dans ce téléfilm, Daredevil s'offrait d'ailleurs la vedette au détriment de Hulk mais le budget ne lui donna pas les moyens d'une apparition extraordinaire. Le costume n'était pas fidèle à sa version dessinée ce qui est d'ailleurs plus ou moins le cas dans le film de cinéma qui lui est consacré ! Dans la version 2003, au revoir les collants et bonjour le cuir ce qui change pas mal l'aspect du costume de ce super héros. Mais pourquoi pas, ce qui est déjà plus gênant, c'est la présence de Ben Affleck dans le double rôle du justicier aveugle. Peu convaincant en grand avocat défenseur de la veuve et de l'orphelin, il s'avère plus crédible dès qu'il est remplacé par ses diverses doublures voire une copie informatique dans le costume de super héros ! Mais quelque part, est-ce encore Ben Affleck ?
DAREDEVIL essaye d'être fidèle en plaçant un grand nombre d'éléments issus de la bande dessinée. Cela passe par la présence de super vilain dont le Caïd, lui aussi déjà présent dans le téléfilm, mais aussi le Tireur (une traduction de «Bullseye» qui empêche d'ailleurs un jeu de mot dans le film). Autre apparition de taille, Elektra, super héroïne qui aura partagé le temps d'une aventure sentimentale les pages illustrées de Daredevil. Le film reste assez flou sur cette dernière et lorsque celle-ci enfile un costume pour assouvir sa vengeance, on en vient à se demander le pourquoi d'un tel accoutrement ! Les habitués de la bande dessiné ne seront quant à eux pas du tout surpris. Le scénario ne fait pas mieux dans les secondes qui suivent puisque sans raison apparente, elle se retrouve sur l'un des innombrables toits d'immeubles de New York où elle rencontre, quelle coïncidence, Daredevil et même le Tireur !
En passant après X-MEN et SPIDER-MAN voire même le BATMAN de Tim Burton, DAREDEVIL a bien du mal à faire illusion. Affublé d'un scénario pas toujours au point et de personnages définis sans panache, le film peine à nous séduire. Atteint du syndrome MATRIX, le film multiplie les pirouettes impossibles filmées au ralenti et pire se lance dans un découpage de l'action limite indéchiffrable. Enorme défaut de ce DAREDEVIL car la bande dessinée laisse le temps aux lecteurs de s'attarder sur une image pour en comprendre le sens et dès lors donne une clarté à l'action. Le film enfile quant à lui les vignettes à toute allure de façon parfois chaotique, effaçant du même coup le mouvement théoriquement gracieux de ce super héros. Le résultat à l'écran paraît donc assez fadasse et ce malgré un montage frénétique !
Le véritable aspect excitant ne provient pas de son héros, ni de sa nana et encore moins du Caïd judicieusement représenté par Michael Duncan Clarke même si ce personnage change de couleur. A l'instar du premier BATMAN de Tim Burton, c'est le Tireur (Colin Farrell), psychopathe et bien barré dans sa tête, qui nous apparaît comme le personnage le plus distrayant. Malheureusement, celui-ci n'est pas très développé mais chacune de ses apparitions réussit à relever le niveau du film ! Et pour le retrouver une dernière fois, laissez défiler le générique du film pour savoir s'il est toujours vivant…
Il est rare de voir un film à gros budget poussé en avant par son éditeur comme le titre phare du moment débarquer sur un DVD de seconde zone. L'image de DAREDEVIL s'affiche ainsi avec une définition pointue et un rendu des couleurs sans défaut. Il serait possible de gratter un peu du côté des arrière-plans pour y déceler quelques minuscules soucis de compression mais cela n'a pas de véritable incidence sur le rendu global de l'image.
Dolby Digital 5.1 surdéveloppé pour la version originale anglaise ou le doublage français. Excellentes bandes son qui retranscrivent fidèlement les dialogues, la musique et les divers effets sonores. Ces derniers sont particulièrement saisissant lorsque le film essaye de nous donner un «aperçu» des sens de Daredevil. Plus gâté, les réfractaires à la version originale pourront se délecter d'une piste sonore supplémentaire en DTS largement au dessus des deux autres d'un point de vue technique. Cette piste va faire des envieux parmi ceux qui ne conçoivent pas de regarder un film autrement qu'en version originale et ils se consoleront avec la présence (inévitable, bien entendu) de sous-titres en français d'ailleurs présents sur tous les suppléments des deux DVD.
Le premier supplément auquel vous ne pourrez pas échapper est une bande promo regroupant quatre bandes-annonces de films sortis ou à sortir sur DVD chez le même éditeur tels que SOLARIS ou X-MEN 2. Il est toutefois possible de la zapper avec la télécommande pour atteindre directement le menu si vous n'aimez pas les bandes-annonces et il ne sera plus possible d'y accéder par la suite.
Cela devient quasi inévitable, lorsque vous avez vu un film, il faut le voir une seconde fois, voire même une troisième ou une quatrième histoire de faire le tour complet des suppléments. Avec DAREDEVIL, on commence donc par un commentaire audio où le réalisateur, Mark Steven Johnson, et son producteur, Gary Foster, se donnent la réplique tout au long du film. Les deux hommes apportent un grand nombre d'informations diverses, pointent le doigt sur les défauts techniques (entre autres, un problème de date sur le carton d'invitation...) et laissent transparaître les problèmes relationnels avec le studio lors de la création du film, ce qui a du avoir un impact assez important sur le résultat final (discussion sans fin avec la maison de production, choix fait à l'encontre de l'intégrité du personnage…). A ce propos, le film fut remonté et la version que vous pouvez voir sur le DVD n'est pas la version telle que la voulait au départ le réalisateur. Quelques scènes ont d'ailleurs disparu, même si l'on peut encore voir brièvement Coolio parmi les suppléments alors que son personnage n'existe plus du tout dans le film.
Pour le «plaisir» de deux autres visions, vous pourrez jeter un œil à un commentaire textuel. En gros, un tas d'informations sous la forme d'un sous-titrage sont données tout au long du film à propos de la bande dessinée, des personnages, des acteurs, les techniques employées dans le film… Etrangement, ce sous-titrage est affiché sur un fond noir assez peu esthétique et il aurait gagné à être habillé sous forme de bulles comme sur l'édition DVD de SPIDER-MAN. Enfin, il est aussi possible de voir le film avec l'apparition de suppléments tels que des analyses multiangle avec commentaire audio ou de petites vidéo, le tout essentiellement axé sur les effets spéciaux numériques. A vrai dire, ces petites vidéos sont si peu nombreuses et la plupart si courtes qu'une nouvelle vision du film juste pour cela est à l'arrivée frustrante.
Le deuxième disque est scindé en deux parties, ce qui était d'ailleurs le cas de l'édition DVD de SPIDER-MAN, avec d'un côté une section dédiée au film et de l'autre à la bande dessinée. Dans la partie consacrée à la version dessinée, on retrouve un documentaire de près d'une heure où Stan Lee et un grand nombre de dessinateurs et scénaristes ayant travaillé sur le personnage au fil des années donnent leurs sentiments à propos de Daredevil. L'intervention de John Romita Jr. est d'ailleurs assez amusante puisqu'il donne l'impression de ne jamais se prendre au sérieux, allant même jusqu'à expliquer que son style est basé sur la vitesse car plus on dessine vite et plus on gagne d'argent ! Ce documentaire est ce qu'il y a de plus intéressant sur les deux DVD et l'on y retrouve au passage Kevin Smith, réalisateur et scénariste grand fan de comics, qui a lui aussi travaillé sur la bande dessinée. Parmi tous les intervenants de ce documentaire, certains font des apparitions dans le film comme Kevin Smith, Stan Lee ou Frank Miller !
Le petit documentaire qui met en parallèle la vision particulière du héros entre la bande dessinée et le film s'avère largement moins passionnante. En gros, on y découvre des planches du comics entrecoupées d'extraits du film ce qui s'avère inintéressant ! Cette section consacrée à la bande dessinée se termine avec moins d'une demi douzaines de fiches de personnages du comics (Daredevil, Elektra, le Caïd, le Tireur et Foggy Nelson).
Une fois sur le versant consacré au film, cela débute par un documentaire d'environ une heure qu'il est possible de visionner en version allongée de six vidéos, ce qui porte sa durée à environ quatre-vingt minutes. Ces six segments sont d'ailleurs aussi disponibles directement par un menu mais une fois que vous avez terminé d'en regarder un, cela embraye directement à l'endroit du documentaire où il devait s'insérer. Cela oblige donc à l'interrompre pour voir les autres vidéos additionnelles. Autant dire que cette option ajoute une interactivité artificielle et inutile puisqu'il suffit de regarder le documentaire en «Vision Plus» pour tout voir sans aucune manipulation à la télécommande !
Ce très long documentaire s'avère très informatif surtout dans sa seconde partie dès qu'il n'y est plus question que de techniques (effets spéciaux, montage, son…). Sa première partie étant comme souvent un peu trop policée. Et dans le genre, les Featurettes consacrées au Caïd ou à l'émission de HBO ne sont rien de moins que des assemblages, parfois redondants, d'informations promotionnelles ! La petite featurette sur Tom Sullivan est déjà bien plus captivante puisqu'il n'y est pas réellement question du film mais du consultant sur Daredevil pour toutes questions relatives au monde des non-voyants. Quelques minutes où l'on découvre dans une ambiance assez rafraîchissante un personnage qui surmonte son handicap et pratique un grand nombre de sports !
Avant de décrocher le rôle d'Elektra, Jennifer Garner (et non pas Garnett comme indiqué sur le menu assez peu lisible) a du passer un test en vidéo dont on peut retrouver des extraits. Cette curiosité est suivie de montages en multiangle de séquences, d'un grand nombre de galeries de photos, des bandes-annonces et vidéo clips. De quoi assurer une longue durée de vie à ceux qui auraient opté pour l'achat de la version sur deux DVD où se dissimule un petit bêtisier dans lequel Colin Farrell donne une image éminemment sympathique de lui-même.
Paradoxalement, les suppléments de DAREDEVIL sont plus passionnants que le film lui-même ! Les deux longs documentaires sont ainsi très réussis alors que le film souffre d'arriver après une flopée d'autres super héros, d'une réalisation peu claire et d'une ambiance générale un peu maussade. Ce Daredevil supporte donc assez mal la comparaison avec les deux intelligents X-MEN ou le sympathique SPIDER-MAN et ne fera pas jurisprudence dans l'adaptation de l'avocat justicier sur grand écran.