Recrudescence d'actes criminels en tous genres, police laxiste, justice corrompue… L'honnête citoyen a peur ! Le brave Eddie (Robert Forster) voit sa vie basculer lorsqu'une bande de petits voyous s'infiltre chez lui pour violenter sa femme, tuer son jeune fils, et même casser son poste de télé ! Trop c'est trop ! Alors qu'un simulacre de tribunal laisse les agresseurs en liberté, Eddie s'en va rejoindre un groupuscule d'autodéfense dirigé par Nick (Fred Williamson) pour faire justice lui-même. Glups !
Nous nous étions déjà penchés sur le cap (épineux) de VIGILANTE lors de la critique de l'édition Zone 1 du titre. Emmanuel Denis en profitait d'ailleurs pour dresser un portrait du courant cinématographique dont le film de Lustig fait figure de fer de lance : le polar urbain à tendance nihiliste voire réactionnaire.
Car plus qu'un simple film de vengeance, VIGILANTE est bel et bien un film qui prend parti pour l'autodéfense sauvage à grands coups de clichés grotesques (voir le portrait ici fait des délinquants) ou de raccourcis fumeux (voir les nombreuses statistiques étalées tout au long du métrage).
Si l'on peut trouver le principe franchement peu glorieux, il faut malgré tout relativiser compte tenu de la finalité du métrage. Car VIGILANTE n'est absolument pas un film à messages, mais juste une série B bien carrée et ultra violente uniquement destinée à retourner le spectateur dans son slip. Le thème de l'autodéfense est ici exploité par effet de mode (nous sommes au début des années 80) et non par exaltation personnelle. En gros, peu importe l'histoire et le prétexte, la principale motivation de Lustig lors de la réalisation de VIGILANTE était de rendre hommage aux westerns spaghettis en transposant leurs codes et esthétisme en plein New York.
Les rouages de VIGILANTE deviennent subitement plus clairs lorsque l'on visionne le film avec le commentaire audio de William Lustig et de trois des comédiens du film : Robert Forster, Fred Williamson et Franck Pesce. En première ligne, Lustig décortique ses goûts cinématographiques, décollant rapidement VIGILANTE de toutes réalités sociales. Le réalisateur rappelle sans prétention aucune que le film n'est qu'une série B conçue pour rendre hommage à d'autres séries B. D'où le rapide mais très réussi détour par le film de prison, l'abondance de gore lors des fusillades ou encore certaines images complètement «out», telle celle de la prostituée effectuant un bon de plusieurs mètres en arrière après réception d'une balle de revolver dans l'abdomen.
Bref, comme le soulignent les nombreux éclats de rire ponctuant ce commentaire, rien n'est franchement à prendre au sérieux dans ce film si ce n'est le très bon travail effectué par chacun des membres de l'équipe, conférant à VIGILANTE un cachet bien supérieur à ce que laissait présager son maigre budget. L'écoute des propos sur les scènes chaudes risque d'ailleurs de laisser l'amateur de polémiques sur sa faim tant les quatre hommes se gardent de toute justification, afin de préférer l'anecdote conviviale. Et quand Robert Forster se plaint subitement de l'adoucissement d'une réplique hyper réac, Williamson rétorque immédiatement que, phonétiquement, cette ligne «ne sonnait pas bien dans sa bouche». Peu importe le fond, c'est uniquement la forme qui prime donc ici. Libre à chacun maintenant de dédramatiser ou de condamner cette utilisation déresponsabilisée et hyper limite d'un sujet délicat (et malheureusement toujours d'actualité) au nom d'une mécanique de série B pourtant parfaitement huilée.
VIGILANTE était déjà disponible dans une excellente édition Zone 1 qui présentait le film dans des conditions de visionnage optimales : master image à tomber et remix multicanaux de pointe à la clef. Excellente nouvelle, cette édition zone 2 est un portage (légèrement remis à jour) de l'excellent disque américain. L'image est donc identique, ou presque. Après comparaison, on s'aperçoit en effet que le zone 2 est un peu plus sombre que son homologue américain. Ce qui n'est pas un drame pour ce genre de film se révèle malgré tout gênant sur certains plans nocturnes. Les plus pointilleux garderont donc leur Zone 1 précieusement. Pas de surprises concernant les pistes audio qui restent aussi efficaces, mais il est à noter un chapitrage déconcertant qui intervient en plein milieu des scènes.
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L'édition garde également presque l'intégralité des bonus du disque américain, soit le commentaire audio cité plus haut (et intégralement sous-titré), et une archive très complète de bandes-annonces ciné, télé et radio (pour le coup non sous-titrées) mais aussi une galerie de photos (moins complète que l'édition Zone 1). Exclusives au zone 2, des filmographies et une petite compilation de critiques d'époque sont également disponibles. Hélas, ces dernières sont bien trop peu nombreuses pour qu'une réflexion pertinente sur la perception du film à son époque ne s'en dégage. Ces petits ajouts sont néanmoins la marque d'un éditeur qui soigne son édition, à l'image des menus du disque qui ont été refaits de fond en comble et qui enterrent pour le coup les images fixes du disque d'Anchor Bay. Il serait injuste de négliger aussi le prix de vente assez bas de cette édition DVD pourtant pourvue de nombreux suppléments dont un commentaire audio intégralement sous-titré, rappelons-le !
Excellente série B nerveuse et violente, VIGILANTE se redécouvre avant grand plaisir, qui plus est dans une édition aussi soignée techniquement. Malheureusement, le contenu super limite du métrage ne joue franchement pas en la faveur du film de Lustig, quand bien même ce dernier ne prend lui-même pas son propre film au sérieux. A regarder en double programme avec le formidable BOWLING FOR COLUMBINE, pour compenser.
