Le père de Patrick, le docteur Hershell, recherche les personnes suspectées d'avoir causé l'accident qui a plongé son fils, Patrick, dans le coma. Il souhaite les livrer à ce dernier qui, grâce à ses pouvoirs en télékinésie, pourra exercer sa vengeance. Mais parmi les suspects, il y a Lydia, une jeune femme dont Patrick tombe amoureux.
C'est donc en Italie que PATRICK, le film de Richard Franklin réalisé en 1978, trouve une séquelle non officielle : elle n'a en tout cas presque rien à voir avec l'original, assez sobre, retenue et tout en tension car le film de Mario Landi n'est qu'une succession de scènes gore et de scènes érotiques destinées à appâter le spectateur.
C'est après avoir réalisé GIALLO A VENEZIA et une tripotée d'épisodes du Maigret transalpin que Mario Landi se lance dans cette séquelle prometteuse : le film australien avait en effet rencontré un succès, limité certes, dans son pays et connu une carrière honorable en Italie. L'équipe qui prend en charge cette suite prépare également, dans le même temps, celle, non officielle, de L'ENFER DES ZOMBIES de Lucio Fulci (LE MANOIR DE LA TERREUR qui n'aura finalement que bien peu de liens) : les deux films, produits par Gabriele Crisanti, partagent le lieu, une actrice (Mariangela Giordano, qui joue Stella) et l'auteur Piero Regnoli, qui est également connu par ses scénarii pour Lucio Fulci (DEMONIA, VOICES FROM BEYOND) ou Umberto Lenzi (L'AVION DE L'APOCALYPSE), ses westerns (NAVAJO JOE) et qui a réalisé PLAYGIRLS AND THE VAMPIRE en 1962. Cette troupe se voit agrémentée de la participation de Gianni Dei (acteur attitré de Mario Landi, dans GIALLO A VENEZIA et LE IMPIEGATE STRADALI) et Sacha Pitoëff (qui était Kazanian dans INFERNO et qui joue le père de Patrick).
Drôle de séquelle que ce film qui n'évoque en rien son modèle : les seuls points communs sont le prénom du héros, son coma et ses pouvoirs mentaux. Pour le reste, ni dans le traitement, ni dans le ton, ni dans l'écriture les deux films n'ont de ressemblance. Le produit de Mario Landi est pittoresque dans le sens où il ne s'articule qu'autour des scènes choc, qui sont soulignées par une musique si caractéristique des films d'horreur qu'elle en devient presque caricaturale. On peut donc trouver à la partition un aspect inspiré de certaines séries Z assez appréciable ; en tout cas, elle sert de lien entre les séquences dénudées ou sanglantes sans que le scénario ne trouve d'autre logique que celle inspirée par la déraison du personnage principal, décidé à détruire tous les protagonistes depuis son lit (le rôle de Patrick, tenu par Gianni Dei est plutôt confortable !).
On peut essayer de se passionner pour le projet du jeune homme alité car ce n'est pas la profondeur des personnages qui fait l'intérêt du film ; ils sont d'ailleurs assez haïssables : il s'agit dès lors de les voir souffrir, se donner en spectacle, et terminer bouillis dans la piscine du château, dévorés par des bergers allemands, ou pendus au bout d'un crochet au dessus d'un puits. Une des scènes les plus évocatrices du film reste l'empalement particulier réservé à Stella : après avoir découvert le cadavre d'un chat éventré dans le réfrigérateur (que fait-il là, c'est une des questions sans réponse laissées par le scénario…), elle est attaquée par un tisonnier volant qui, mené par la volonté de Patrick, l'oblige à s'asseoir, jambes ouvertes, sur le billot de la cuisine et la pénètre de part en part. Cette scène, cela va sans dire, a été largement censurée dans la version présentée sur le DVD allemand de l'éditeur Astro. Elle y est cependant suggérée, mais les plans les plus "gore" ont été coupés avec la volonté d'épargner les yeux sensibles (mais pas les esprits puisqu'on comprend effectivement très bien ce qui se passe). Autre séquence censurée : la séquence d'onanisme durant laquelle, sous l'influence de Patrick, Lydia (Anna Veneziano) s'adonne à des caresses fort suggestives. C'est la scène où l'érotisme est le plus démonstratif dans ce long métrage qui, plus que le scénario, privilégie incontestablement les arguments de vente. Certains plans coupés ne l'ont pas été avec la même logique : pourquoi la censure des premiers plans du films (post-générique), qui nuit terriblement à la compréhension du film ? Cette version en devient à plusieurs moments véritablement incompréhensible. Un scénario (déjà flou à l'origine) mutilé, les scènes choc censurées, le DVD allemand ne permettait pas de découvrir ce film sous un jour convenable.
L'édition DVD du label Shriek Show de Media Blasters la surpasse largement : en outre l'éditeur allemand Astro proposait seulement le film dans une copie 4/3 très granuleuse et bourrée de défauts de pellicule, le tout sans véritable bonus (seules les filmographies des acteurs principaux y étaient proposées).
Media Blasters s'en tire donc avec les honneurs en proposant deux éditions parallèles : l'une de la version censurée, et une version Uncut, malheureusement sur deux disques distincts et vendus séparément, bien sûr... Une pratique qui oblige à acheter les deux disques pour obtenir les deux montages ou se contenter seulement de l'un des deux !
La version Uncut est présentée en 16/9 dans un ratio 1.66:1 alors que la version allemande était présentée en 4/3 dans un ratio légèrement supérieur à du 1.33 (du genre 1.48:1). Pour recadrer sa version, Media Blasters a préféré gagner de l'image sur les côtés mais a légèrement rogné l'image en bas et en haut.
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L'édition Shriek Show offre une image plus nette, avec de très rares tâches ou flous, contrairement à l'édition allemande. Les couleurs sont moins chatoyantes et plus ternes mais la globalité est véritablement confortable à regarder : en ne forçant pas les contrastes, ce qui était fait sur le DVD allemand, l'édition Shriek Show rend leur profondeur, leur couleur aux images. Les détails illisibles sur la copie allemande apparaissent clairement sur la copie américaine.
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Quelques bonus viennent compléter cette édition, dont une interview de Grabriele Crisanti (le producteur) dans laquelle on apprend qu'il ne connaît pas vraiment le film de Richard Franklin (est-ce un film scandinave ? dit-il !). L'interview de Gianni Dei n'est pas riche d'enseignements ; il avoue seulement n'avoir jamais vu PATRICK STILL LIVES ; on comprend mieux à l'écoute de ces deux membres de l'équipe du film ce que peut être le cinéma d'exploitation.
Pour un long métrage très secondaire, Shriek Show réalise une édition vraiment correcte, et c'est le film qui y gagne : l'image et le traitement sonore sont presque parfaits. La présentation générale est propre et les bonus bien suffisants : on peut regretter l'absence de sous-titres français, ce qui est une habitude chez les petits éditeurs américains.