Ayant reçu une lettre lui indiquant la disparition d'une jeune
fille, le sergent Howie se rend sur l'île de Summerisle pour enquêter
Pour éviter toute déconvenue, il est important de préciser que THE WICKER MAN n'est pas vraiment un film d'horreur ni même un film d'épouvante au sens strict du terme. Il est d'ailleurs assez étonnant que le film se traîne encore aujourd'hui l'une ou l'autre de ces appellations, même si le sujet comporte quelques éléments tenant vaguement des deux. Enquête policière, choc de cultures et nombreux passages musicaux le mettent quelque peu à l'écart de ces deux genres. De même, l'aspect horrifique est absent ou presque, alors que si certaines séquences plongent le spectateur dans une ambiance très étrange, il est difficile de rattacher le film au cinéma d'épouvante que ce soit britannique ou non ! En soi, THE WICKER MAN est un film complètement différent que l'on pourrait éventuellement rapprocher de TWIN PEAKS pour l'immersion dans un microcosme où l'étrange se partage le quotidien avec la "normalité".
Difficile aussi de taxer THE WICKER MAN de manichéen, puisqu'il n'y a pas vraiment de bien ou de mal. Ou tout du moins, celui-ci provient-il de la perception du spectateur en fonction de ses croyances religieuses et morales. Le personnage principal, le policier, est un personnage puritain qui se voit parachuté au milieu d'un univers qui transgresse tous ses interdits, dont l'attirance sexuelle comme un plaisir en soi. Le pauvre homme se fait d'ailleurs violence pour ne pas craquer et rejoindre Britt Ekland exécutant une danse lascive en chantant une chanson évocatrice, alors que les deux personnages ne sont séparés que par une mince cloison. Du point de vue du policier, tout ce qui se déroule sur l'île n'est que luxure et rites païens, ce qu'il ne peut accepter étant donné sa culture chrétienne. Les agissements des habitants de l'île n'en sont pas pour autant réellement maléfiques. La fin du film fera tout de même légèrement pencher la balance ! THE WICKER MAN est donc un véritable choc théologique entre la chrétienté, qui s'oblige à des restrictions et à la sévérité, face au paganisme celte qui voue un culte à la vie et à tous ses plaisirs.
Anthony Shaffer, l'auteur de THE WICKER MAN, a écrit quelques pièces de théâtre. Il adapte d'ailleurs LE LIMIER, d'après sa propre pièce, pour le cinéma et signe le scénario de FRENZY d'Alfred Hitchcock avant que THE WICKER MAN ne soit tourné sous la direction de Robin Hardy. Le film a connu pas mal de problèmes au moment de sa "sortie" pour gagner au fil des ans une renommée toujours grandissante. Il y a même eu une rumeur en 2001 concernant le projet d'une suite/remake où Nicolas Cage aurait interprété le rôle principal Depuis, pas de nouvelles donc bonne nouvelle ! Il serait en effet assez stupide de vouloir retrouver l'ambiance très particulière qui se dégage du film.
Il aura fallu beaucoup de temps pour que Studio Canal se décide à sortir THE WICKER MAN sur DVD. Près de deux années se sont écoulées depuis la sortie du coffret en bois chez Anchor Bay aux Etats-Unis, dont cette édition française reprend exactement les mêmes ingrédients en ajoutant seulement une possibilité de sous-titrage en français ainsi que piste audio française pour la version courte du film. Deux ans, c'est long mais d'un autre côté, il va être enfin possible pour un large public francophone de goûter aux subtilités des dialogues de THE WICKER MAN puisque la plupart des personnages étaient affublés d'accents à couper au couteau, ce qui n'aidait en rien à la compréhension même avec de solides notions d'anglais.
Entre la sortie de l'édition américaine et de ce double DVD français, les Anglais ont aussi distribué leur propre version du film. Même si le double DVD britannique portait le logo Studio Canal, il semblerait qu'il n'ait pas été enclin à céder le commentaire audio sur le Director's Cut de Christopher Lee, Edward Woodward et Robin Hardy ! Ce bonus restera donc l'apanage exclusif des Anglais qui, avis aux collectionneurs, ont sorti un très joli coffret contenant en plus le CD de la bande originale du film, un senitype (bout de pelloche numéroté) et un petit dépliant qui reproduisait la brochure d'exploitation du film le tout en version limitée et numérotée. Une pièce à placer aux côtés du coffret en bois sorti aux Etats-Unis mais à réserver, faut-il le préciser, aux collectionneurs invétérés !
Il y a deux DVD puisque le film est présenté en deux versions
différentes. La première correspond au montage cinéma
alors que la seconde est le Director's Cut reconstruit tant bien que
mal par rapport aux derniers éléments existant. Mais plutôt
que diffuser cette version, l'option a été prise d'utiliser
l'image de la version cinéma, de très bonne qualité,
pour y ajouter le moment venu les séquences du Director's Cut.
A la vision, comme le suggère d'ailleurs un carton juste avant
le démarrage de la version longue, on repère très
vite les différences, ce qui permet de se donner plus facilement
une idée des changements qui ont été apportés
au film. Il ne s'agit pas simplement d'ajout de séquences inédites
mais aussi d'un montage divergent. Par exemple, la danse dénudée
de Britt Ekland
ne se trouve plus au même endroit dans le film. La version cinéma
quant à elle contient quelques plans mais aussi une courte séquence
qui n'apparaît pas dans le Director's Cut.
A l'insertion du premier disque, celui qui contient la version cinéma mais aussi tous les suppléments, Jean-Pierre Dionnet vous accueille avec l'une de ces présentations dont il a le secret. En quelques minutes, il fait comme à son habitude le tour du sujet, du film aux acteurs. Mais le gros des suppléments est en fait un documentaire réalisé par Blue Underground à l'occasion de la sortie du DVD américain. Sur un peu plus d'une demi-heure, il permet de donner la parole à un grand nombre des personnalités qui ont participé au film, et même à Roger Corman qui aurait du s'occuper de la distribution aux Etats-Unis mais qui aura été tout de même celui grâce à qui la version Director's Cut aura survécu. Clair et concis, ce documentaire permet de découvrir, entre autre, l'incroyable histoire des divers problèmes rencontrés avec la maison de production du film qui n'aimait pas THE WICKER MAN ni même NE VOUS RETOURNEZ PAS, en production au même moment chez eux ! Des personnes de goût, quoi ! Ce documentaire donne aussi des avis divergents concernant la perte du négatif original du film qui reste encore un mystère alors que les différents intervenants n'hésitent pas à dire ce qu'ils ont réellement sur le cur que ce soit Anthony Shaffer, Ingrid Pitt Un documentaire qui va droit à l'essentiel sans superflu !
Christopher Lee et Robin Hardy ont participé à une émission américaine pour la promotion de THE WICKER MAN. Une promotion qui ne s'est pas faite d'une manière générale très normalement, comme vous pourrez le découvrir dans le documentaire. Même si la qualité de l'image est approximative, le DVD nous permet donc de visionner ces interviews entrecoupées d'extraits. Le tout se termine par Christopher Lee qui pousse la chansonnette sur le générique de fin ! C'est là aussi qu'est abordée l'anecdote concernant le fait que Rod Stewart voulait couper toutes les séquences montrant sa compagne nue dans le film. Christopher Lee et Robin Hardy se montrent amusés et assez étonnés par cette histoire. A ce propos, pour revenir au documentaire, il risque de décevoir ceux qui fantasmaient sur la danse de Britt Ekland !
Bande-annonce, Spots TV, Spots radio, galerie de photos contenant affiches et clichés divers, et filmographies complètent avantageusement les suppléments de cette édition fournie mais qui est sans aucune surprise pour tout ceux qui avaient déjà fait l'acquisition des DVD américain ou anglais. Précisons tout de même que Studio Canal aurait pu sous-titrer les Spots radio qui ne comportent aucune traduction.
Il ne servirait à rien de vous proposer des captures d'écran pour établir un comparatif entre les édition française, anglaise et américaine. La source utilisée est dans tous les cas la même. L'image est donc de très grande qualité sur la version cinéma alors que la version longue oscille en termes de qualité en fonction des séquences comme nous l'avons déjà vu. Les quelques petits défauts de pellicule se retrouvent sur les trois éditions DVD indifféremment. Il y a tout de même ici quelques petits soucis de compression qui ne devraient gêner que les plus pointilleux, le disque anglais étant d'ailleurs à ce niveau pas meilleur !
Si vous cherchez un doublage français, il ne vous sera proposé que sur la version cinéma et en mono. Pour la version originale, vous aurez par contre le choix entre un remix en Dolby Digital 5.1 qui donne surtout de l'ampleur aux différents morceaux musicaux et une piste en simple stéréo. Ca, c'est pour la version cinéma puisque le Director's Cut ne contient qu'une seule et unique piste sonore en stéréo d'excellente qualité pour ce film.
On l'aura attendue longtemps cette édition française de THE WICKER MAN. Au point de commencer à collectionner d'autres éditions sorties dans les autres pays. Mais l'apport du sous-titrage français va de toutes façons forcer quasiment tous les amoureux du film à craquer de nouveau alors que les autres pourront mettre la main sur le meilleur matériel audio/vidéo existant pour ce film !