Léon devient membre de l'AD Police, chargée de s'occuper
de l'élimination des Boomers. Ceux que l'on appelle ainsi sont
en fait des androïdes dont le comportement vire à la folie,
les menant le plus souvent à des actes destructeurs et meurtriers.
Comme souvent, AD POLICE est l'adaptation animée d'un manga qui lui-même prend place à l'intérieur de l'univers établi dans BUBBLEGUM CRISIS. Produits directement pour la vidéo, les trois épisodes de AD POLICE ont une architecture assez particulière. En effet, il n'y a pas d'histoires à suivre, même s'il existe une progression, et encore moins de véritables personnages principaux. Léon et sa coéquipière servent de lien à trois histoires policières mais ces deux personnages récurrents sont, en réalité, plus ou moins en retrait.
Si l'action de AD POLICE prend place dans l'univers de BUBBLEGUM CRISIS, ce qui est d'ailleurs explicité avant chaque épisode par un message écrit noir sur blanc, la véritable influence serait plutôt à trouver du côté de BLADE RUNNER. L'unité spéciale a la mission de mettre hors de combat des androïdes très perfectionnés ! On s'amusera d'ailleurs à noter quelques étranges coïncidences telles que le prénom "Léon", pas franchement asiatique, et qui était celui de l'un des réplicants du film de Ridley Scott. Ou alors les flammes au bout des tours dans le générique nous ramenant au survol de la ville dans BLADE RUNNER.
S'il y a influence évidente, AD POLICE se forge tout de même une différence. Chacune des histoires explore les relations entre l'homme et la machine dont les frontières, dès le second épisode, sont abolies. Le tout dresse rapidement une réflexion et amène le spectateur à se poser des questions sur ce qui fait de nous des êtres humains par rapport aux robots. A cet effet, le troisième épisode va même jusqu'à nous faire un remake de ROBOCOP en version bien plus "trash" !
Techniquement, l'animation
de AD POLICE souffre des mêmes maux que celle de ses confrères.
C'est à dire des contrastes énormes entre diverses techniques,
pour mettre en mouvement l'action qui se déroule sous nos yeux.
AD POLICE va même jusqu'à changer totalement de
style graphique lors de passages dénués d'animation, pourtant
sur des séquences énervées, avec un rendu plus
brut ! L'ambiance est assez bien conçue pour que cela passe souvent
pour des effets artistiques. Pas toujours, mais dans les deux premiers
épisodes, il faut bien reconnaître que cela fonctionne
sans que l'on se dise forcément qu'il s'agit d'une économie.
C'est justement cette ambiance de monde cyberpunk qui fait la force de AD POLICE. On regrettera quand même des passages un peu gratuits histoire de déshabiller des nanas tels que dans le premier épisode voire le second où, même si cela peut paraître justifié, la séance de frotti-frotta sur un robot reste assez étrange ! En fait, l'aspect sexuel est le mieux intégré dans le second segment qui est, au passage, l'épisode le plus réussi puisque c'est celui qui synthétise tout le discours de AD POLICE sur sa petite demi-heure de métrage.
Même si AD POLICE a été produit pour la vidéo, il n'en reste pas moins que, comme quasiment tous les dessins animés de ce type, la source originale est de la véritable pellicule. Une évidence puisque le transfert laisse apparaître ici ou là quelques tâches ou griffures caractéristiques d'un tournage traditionnel. Passés ces petits défauts, dans son ensemble, l'image est très moyenne et l'encodage de l'image ne vient pas arranger les choses.
Le doublage français bénéficie d'une piste en stéréo et d'une autre en Dolby Digital 5.1. Cette dernière en fait des tonnes sans subtilité mais les puristes auront une préférence pour la version originale. Le seul problème, c'est que justement la version originale japonaise n'apparaît que sur deux des trois épisodes. Alors que pour e premier, nous avons droit à une piste disposant d'un très mauvais doublage anglais. Voilà qui est un choix fort étrange dicté par la provenance différente des masters (voir le titrage en fin des génériques) !
Les fiches consacrées aux personnages restent pour nous un mystère. Quel peut bien être l'intérêt d'obtenir de telles fiches puisqu'elle ne font que dresser un résumé, d'ailleurs avec une erreur sur l'une d'elle, de ce que l'on vient de voir dans chaque épisode ? Mais ces fiches sont accompagnées cette fois de bandes-annonces, qui sont en fait des publicités pour la sortie en vidéo, et de clips vidéo qui ne sont rien d'autres que des extraits de chacun des épisodes tous en version anglaise.
Très violent mais résolument cérébral, AD POLICE établit un véritable monde, dont seules quelques fioritures sont gratuites, au travers de ses trois segments. Un exercice plutôt réussi qui saura intriguer et donner des éléments de réflexion à ceux qui se risqueront à visionner le tout !