Un vaisseau spatial vient se poser à Washington. Aussitôt,
la soucoupe est entourée d'un périmètre de sécurité
par l'armée pendant que les badauds affluent et que l'information
se répand à travers le monde.
En plein milieu des années 50, la guerre froide et la montée du MacCarthyisme aux Etats-Unis s'est déjà bien installée. Le cinéma fait ainsi la part belle aux peurs de ses contemporains en appliquant des menaces communistes déguisées sous la forme d'extraterrestres en provenance de la planète rouge. LA CHOSE D'UN AUTRE MONDE en est un parfait exemple et de nombreux films continueront dans cette voie par la suite comme par exemple L'INVASION VIENT DE MARS. Et pourtant, LE JOUR OU LA TERRE S'ARRETA prend une direction surprenante puisque l'extraterrestre est très différent des belliqueuses créatures habituelles.
Klaatu, puisque c'est son nom, n'a pas de tentacules et n'a que deux yeux. L'homme de l'espace nous ressemble en tous points et se présente même de façon pacifique à des militaires qui n'ont pas envie d'écouter son message. Le climat paranoïaque accroît la peur envers l'inconnu, que ce soit dans la population mais aussi et surtout au niveau des autorités. Klaatu n'a pas sa carte du parti communiste et, à vrai dire, il n'est pas venu pour dépatouiller les différends politiques de notre bonne planète. D'ailleurs, lorsqu'un secrétaire d'état essaye de lui faire un petit cours de géopolitique simplifiée, Klaatu lui fait bien comprendre que ces histoires de querelles intestines ne l'intéressent pas. Au contraire, il est venu pour délivrer un message à l'humanité toute entière et non pas à une sélection de personnalités "politiquement correctes" pour l'époque.
La menace rouge plane dans LE JOUR OU LA TERRE S'ARRETA mais de façon assez ironique. Par exemple, lors d'un petit déjeuner, une dame sous-entend que l'homme de l'espace ne vient pas de l'espace mais bel et bien "d'on sait d'où" ! Des tas de petits détails et allusions qui finissent par broder le portrait d'une Amérique en pleine paranoïa confrontée à un extraterrestre qui n'en demandait pas tant ! Mais LE JOUR OU LA TERRE S'ARRETA s'amuse aussi à prendre à revers le cliché de l'énergie atomique. Diabolisée, la peur de l'atome est au centre du récit mais le message est nuancé, contrairement à nombre de films où les radiations provoquent catastrophes et émergences de monstres géants. L'atome est donc bel et bien destructeur, faites gaffe, mais on nous y explique aussi que l'énergie atomique peut avoir des bienfaits.
Le message délivré par LE JOUR OU LA TERRE S'ARRETA pourrait être à présent vieillot puisque le film accuse ses cinquante années. Et pourtant, il est toujours d'actualité. Les informations d'aujourd'hui, et probablement de demain, nous montrent l'être humain s'adonner à la guerre, à la haine et à la violence. Qu'en sera t'il une fois que nous aurons dépassé les frontières de l'atmosphère terrestre ? Difficile à dire, surtout si l'on survit jusque-là, qu'il y ait des extraterrestres ou non n'est finalement pas l'important !