Un sort pire que la mort attend les victimes de Captain Howdy. Ou tout
du moins de Carleton Hedricks. Celui-ci chassant sur internet des proies
naïves sous le pseudonyme de Captain Howdy. Généralement des adolescents
à la recherche de l'éclate entre jeunes branchés. L'éclate, ils vont
l'avoir, c'est sûr. Mais pas exactement celle à laquelle ils auraient
pu s'attendre.
Dee Snider est le chanteur du groupe TWISTED SISTER. Très connu dans les années 80 pour un look outrageux et une musique rock'n'roll voir hard. C'est d'ailleurs là où l'on peut voir apparaître pour la première fois le Captain Howdy. C'est sur l'album "Stay Hungry" dans le morceau Horror-Teria qu'il est mentionné. Il aura fallu plus de dix ans pour le voir naitre sur grand écran (ou tout du moins le petit puisque le film n'a été exploité qu'en vidéo en France). Avec ce Captain Howdy, Dee Snider a créé un nouveau monstre bien plus terrifiant que ceux que l'on a pu voir jusqu'à présent (Jason, Freddy...). Il lui prête même son physique imposant qui a de quoi faire peur. Le look de ce monstre humain étant l'une des grandes réussites du film.
Adepte du piercing et autres pratiques de ce genre, le Captain Howdy expérimente sur ses victimes des possibilités pour le moins ignobles. Et c'est là la force et l'idée géniale derrière ce personnage. On n'a pas affaire à un énième tueur en série qui éradique plus ou moins rapidement des ados après une longue course dont l'issue est souvent la même. Au contraire, si vous tombez entre les mains du Captain Howdy, il vous fera pénétrer dans son univers dément. Et rare seront ceux qui finalement seront délivrés par la mort. Plutôt rare, donc, puisque généralement la finalité des figures du cinéma d'horreur ont tendance à expédier ad-patres ceux qui leur tombent entre les mains. En fait, les seuls à s'être vraiment distingués dans le genre, ce sont les Cenobites de HELLRAISER et HELLRAISER 2. Mais dans ces films, le côté fantastique donne un aspect beaucoup moins réaliste et plutôt du domaine du cauchemar. Le Captain Howdy étant, quant à lui, ancré dans la réalité !
Utilisant des peurs simples et assez peu exploitées au cinéma, STRANGELAND est une bonne surprise. Tout d'abord, internet où l'on peut si facilement se cacher et se faire passer pour quelqu'un d'autre. Réaliste... Ensuite, se servir de la souffrance plutôt que la surprise habituellement utilisée dans les films d'horreurs. En effet, à l'heure actuelle, les films d'horreurs utilisent la surprise par un élement qui arrive inopinément sur l'écran pour provoquer un sursaut (Un objet qui tombe ? Un chat qui surgit ?). Simple et efficace mais tout cela s'oublie bien vite et ne risque pas de hanter qui que ce soit après la projection. Quelques images gores viennent émaillées tout cela, de l'action et puis voilà, on emballe (SCREAM 2, URBAN LEGEND...). STRANGELAND n'a rien à voir avec cela. Les exactions du Captain Howdy sont basés sur la peur suggérée de la souffrance. Une aiguille qui transperce un bras est bien plus apte à engendrer une identification pour le spectateur que des délires grand-guignolesques ou de simples meurtres auxquels on nous a habitués jusqu'à présent. Rapidement, l'ambiance du film et toutes les séquences mettant en scène l'univers du Captain Howdy imposent un certain mal à l'aise et même un climat malsain.
Ce qui dessert le film, ce n'est pas son personnage ni l'univers développé. C'est hélas le scénario. Il est dommage que le tout n'ait pas été magnifié par une histoire moins convenue. Tellement que le seul interêt du film est, donc, son personnage principal. En dehors de cela, on traverse le film avec une impression d'inachevé. Il n'en reste pas moins que STRANGELAND est très certainement l'un des meilleurs films d'horreur sortis dernièrement, de par son approche. Espérons que la suite promise par Dee Snider sera un peu plus ambitieuse...