Martha Beck et Raymond Fernandez se rencontre par le biais de petites
annonces matrimoniales. Tombé sous le charme de Raymond, Martha
développera un amour démesuré pour ce prétendant
attentionné qui s'avèrera n'être qu'un arnaqueur
profitant de la naïveté des femmes cherchant à se
caser ! L'histoire pourrait prendre fin ici mais une fois la vérité
révélée, les deux tourtereaux s'embarqueront dans
diverses arnaques qui finiront par déboucher sur des meurtres
à répétitions.
Leonard Kastle n'a pas sorti de son imagination l'histoire de cet amour très étrange. En fait, THE HONEYMOON KILLERS se base sur un fait divers ayant défrayé la chronique aux Etats-Unis à la fin des années 40. Le film transpose l'histoire à l'époque de son tournage, la fin des années 60, et ne garde essentiellement que les personnalités très particulières de Martha Beck et Raymond Fernandez. L'adaptation n'est ainsi pas à 100% exacte puisqu'elle épure de nombreux détails de la véritable histoire pour s'intéresser en grande partie à la relation du duo meurtrier et à ce qui a pu les faire passer de la simple escroquerie au meurtre.
Evoqué dans l'interview de Leonard Kastle, THE HONEYMOON KILLERS aurait du être réalisé par Martin Scorsese. Des différends entre le scénariste et le tout jeune réalisateur provoquent l'éviction de Scorsese au profit de Donald Volkman. Néanmoins, ce dernier ne fait pas non plus l'affaire et le producteur propose au scénariste de prendre en charge la réalisation. C'est ainsi que Leonard Kastle se retrouve à scénariser et mettre en scène le seul et unique film de sa carrière qui sera en réalité marquée essentiellement par la musique, dont la composition d'opéra. La biographie sur le DVD, nous révèle au passage deux projets de films qui ne verront jamais le jour. Leonard Kastle n'aura finalement plus jamais de lien avec le monde du cinéma en laissant seulement derrière lui THE HONEYMOON KILLERS.
Pour un premier film, THE HONEYMOON KILLERS ne bénéficie pas d'une réalisation extraordinaire, ce qui paraît assez normale. Pourtant, en dehors d'un long passage à vide en plein milieu du métrage, on se laisse facilement porter par cette biographie criminelle étonnante. Histoire d'amour entre deux personnages écorchés vifs qui se transforme en jalousie dévorante pour Martha dès que Raymond approche de trop près ses naïves victimes dont il veut soutirer de l'argent, le film change de ton et de nuance souvent de façon étonnante. L'escroquerie d'une vieille près de ses sous amène son lot de séquences amusantes mais tournera court d'une manière assez violente. L'histoire finit par sombrer dans l'horreur de façon sordide avant un épilogue surprenant, et véridique, donnant une aura fascinante à la relation amoureuse que pouvait partager ce couple meurtrier.
Sa renommée, THE HONEYMOON KILLERS l'a gagnée dans son style épuré et réaliste d'un fait divers un peu à la façon du cinéma de la nouvelle vague. Une approche cinématographique peu banale à l'époque pour un tel sujet. Dans le genre, on pourrait penser, bien plus près de nous, à HENRY PORTRAIT D'UN SERIAL KILLER. Bien que THE HONEYMOON KILLERS n'ait pas l'ambiance étouffante du film de John McNaughton et porte un regard bien moins glauque sur ses tueurs.
Leonard
Kastle restera le cinéaste de THE HONEYMOON KILLERS
mais le film marquera aussi son actrice principale à vie. Shirley
Stoler n'aura jamais vraiment la chance par la suite de trouver
un grand rôle, refusant au passage de jouer des personnages trop
proches de celui de Martha Beck dans quelques productions voulant profiter
de la célébrité du film. Elle tourne ici ou là
dans de tout petits rôles, comme pour Frank
Hennenlotter dans FRANKENHOOKER,
et se consacrera essentiellement au théâtre. Tony
Lo Bianco, par contre, connaîtra un bien meilleur destin puisqu'il
tournera énormément, presque toujours des seconds rôles
marquants, et sera la tête d'affiche de l'excellent MEURTRES
SOUS CONTROLE de Larry
Cohen.
Le noir et blanc du film pêche un peu par un contraste trop doux et l'image laisse apparaître de nombreux petits parasites (points blancs et noirs) à peu près sur toute la durée. Toutefois, pour un tel film, il n'y a pas de quoi être déçu puisque ce transfert est plutôt satisfaisant malgré les griefs annoncés. Une rapide comparaison avec l'édition anglaise (merci à Jet Jaguar, au passage) fait apparaître quelques évidences. Le transfert français affiche plus d'image sur le côté gauche. Alors que le disque anglais, s'il perd donc des informations sur l'un des côtés, en gagne sur la partie inférieure. Dans un tel cas, il est toujours difficile de savoir qui présente le meilleur cadrage par rapport à celui présenté dans les salles à l'époque. Enfin, l'image du DVD anglais est bien sombre.