Alors que la deuxième guerre mondiale bat son plein, la jolie
Rosemary rédige une lettre à l'intention de son engagé
de petit ami. Lasse de l'attendre, cette dernière lui écrit
qu'elle souhaite mettre un terme à leur amour. Mais voilà
qu'au lendemain de la guerre, Rosemary et son nouveau petit ami sont
sauvagement assassinés par un mystérieux tueur dissimulé
sous un uniforme de soldat américain. Trente ans plus tard, une
nouvelle vague de meurtres s'abat à nouveau alors que personne
n'a rien demandé !
Amis nostalgiques, voici une nouvelle sortie de l'éditeur Blue Underground, boite spécialisée dans la (re)découverte de petits films de genre perdus. Si on a jusqu'à présent loué le formidable travail de l'éditeur (copie au format, remasterisation, bonus abondants), le choix des titres n'a pour l'instant pas encore fait l'unanimité. On pense notamment au film ayant ouvert le catalogue de l'éditeur, LE COMMANDO DES MORTS-VIVANTS, qui sous ses aspects éminemment sympathiques, avait perdu une partie de son impact avec l'âge. Malheureusement, ce n'est pas THE PROWLER (aussi connu sous le titre ROSEMARY'S KILLER) qui risque de relever le niveau. En effet, ce slasher daté de 81 s'avère beaucoup trop périmé pour emporter la moindre adhésion.
THE PROWLER est un petit film d'horreur laborieux, où toute ambition est sacrifiée au "Body Count" soit l'avalanche de cadavres engendrée par le métrage. Si le film accomplit sa "béa" avec une régularité de métronome (et une violence qui posera de nombreux problèmes de censure), on peut juste regretter qu'entre les scènes de meurtres, il n'y ait absolument rien à sauver. Le scénario est absurde et très pauvre, les personnages apparaissent totalement creux car absolument pas travaillés, et le rythme général s'avère au final difficile à encaisser.
Les limites du film sont à mettre au crédit d'une équipe inexpérimentée et sans véritable talent. Artisan consciencieux mais peu imaginatif, Joseph Zito (réalisateur et producteur du titre) ne s'est jamais fait remarquer au travers d'une filmographie visant d'emblée le marché de l'exploitation pure. On lui doit le quatrième VENDREDI 13 alias LE CHAPITRE FINAL (un épisode loin d'être ultime puisque la franchise vient de s'élargir d'un dixième opus), ainsi que toute une foule de vilains nanars d'action (quelques calamiteux efforts de Chuck Norris avec PORTES DISPARUS et INVASION USA, LE SCORPION ROUGE avec Dolph Lundgren). Sachant que THE PROWLER est l'un des premiers films de Zito, inutile de dire que la mise en scène du bonhomme frise ni plus ni moins l'inexistence. Très embêtant lorsqu'il s'agit de créer une atmosphère ou de véritables montées de suspens, ou tout simplement pour alimenter le coup de théâtre final du "whodunit ", ici expédié dans l'indifférence générale.
Mais venons en au fait, si
THE PROWLER a droit aujourd'hui à une existence sur support
numérique, c'est surtout grâce à la participation
de Tom Savini aux
effets spéciaux. Maquilleur hyper reconnu à une époque
où les maîtres du latex étaient bel et bien les
stars du genre, Savini
ne faillit pas ici à sa réputation ultra gore. Les meurtres
du film sont vraiment très sanglants et excellemment mis en valeur
par un Zito
qui se montre subitement inspiré dès que le sang se met
à couler. Alors que les morts typiques des VENDREDI
13 et consorts se limitent à un coup de machette en pleine
tronche avant le cut de la prochaine scène, les assassinats de
THE PROWLER sont systématiquement étirés
en longueur. Est-ce une nouvelle preuve de l'incapacité du metteur
en scène de tenir le moindre rythme, ou bien est-ce une véritable
audace de sadisme formelle ? Toujours est-il que THE PROWLER
est dans ces moments totalement osé et efficace (grâce
également à l'effroyable détail des yeux révulsés
des victimes). On espère juste que les fans de Savini
sont encore suffisamment nombreux et motivés pour affronter le
semi amateurisme du film de Zito.
Fidèle à sa réputation, Blue Underground fait encore ici un très bon boulot compte tenu des circonstances. Le film est bien entendu au format, et dans une copie intégrale. Si la restauration emporte l'adhésion, il faut bien préciser que l'image possède un grain important, comme souvent dans les petites productions des années 80.
La piste sonore est un mono d'origine, très efficace dans ses ambiances musicales bien que les dialogues paraissent régulièrement un peu étouffés.
Question bonus, l'éditeur décide de mettre énormément Savini en avant, ce qui ne surprendra finalement personne. Pour commencer, le maquilleur est invité sur le commentaire audio du réalisateur et producteur Joseph Zito. N'ayant pas revu le film depuis visiblement très longtemps, les deux hommes se remémorent le projet tout en redécouvrant les images du film. Un commentaire franchement spontané, ce qui est loin d'être une critique tant la parole se montre rythmée et sympathique. Totalement décomplexé, Zito profite d'ailleurs de l'occasion pour s'excuser de la lenteur de certaines scènes et du film en général. On est tenté de conseiller au spectateur de choisir dès le premier visionnage cette piste sonore !
Mais le gros morceau de ces bonus reste ces dix minutes de rushes vidéo sur les effets spéciaux de Savini. Outre une qualité d'image très médiocre (très probablement de la VHS), cette séquence a l'immense mérite de nous montrer le maître à l'uvre. Détail amusant, c'est Savini lui-même qui interprète "les mains" du tueur lors des séquences gores (l'étrange habitude de Dario Argento a donc fait école). Comme souvent chez Blue Underground, la bande-annonce originale ainsi qu'une copieuse archive iconographique viennent clôturer la section.
Petit slasher désireux de marquer le monde des 80's grâce à des séquences gores plutôt corsées, THE PROWLER peine aujourd'hui à susciter l'intérêt. Très honnêtement, cette édition ne doit son existence qu'à la participation (certes marquante) du maquilleur star Tom Savini. Les fans purs et durs seront sûrement ravis, tandis que les autres risquent de se retrouver bien vite perplexes devant le trop plein de maladresses de ce petit film d'exploitation.