Une petite troupe de soldats anglais est héliportée dans
les highlands écossaises pour une mission d'entraînement.
Ce qui ne devait être qu'un jeu de guerre grandeur nature se transforme
rapidement en carnage avec l'intrusion inopinée de lycanthropes
qui n'aiment vraiment pas voir débarquer des intrus sur leur
territoire !
Depuis de nombreuses années, le cinéma fantastique britannique s'était un peu endormi. La grande période de la Hammer révolue, il fallait chercher les quelques rares dissidents anglais à continuer dans la veine horrifique ou fantastique. Le cinéma anglais s'était donc tourné vers le cinéma d'auteur, l'évocation sociale ou la comédie à petit budget. Un constat aussi applicable au cinéma français, bien qu'en Angleterre de temps à autres, nous pouvions voir sortir quelques productions sortant des sentiers battus telles que l'excellent TRULY MADLY DEEPLY, au fantastique économique, ou des titres comme RAWHEAD REX et surtout HELLRAISER. Toutefois, l'engouement pour le cinéma de genre semble avoir été ravivé ces derniers temps au Royaume Uni comme on peut en juger par des productions plus ou moins internationales comme THE HOLE, MY LITTLE EYE, ALONE, CRADLE OF FEAR, KANNIBAL ou DEATHWATCH. DOG SOLDIERS fait donc partie de ce revival de l'horreur anglaise, le tout étant d'ailleurs produit par Christopher Figg déjà producteur des trois premiers HELLRAISER, TRAINSPOTTING ou du délirant THE KILLER TONGUE.
En plus de bénéficier de l'expérience d'un producteur déjà aguerri à la mise en chantier de films de genre, DOG SOLDIERS se paye le spécialiste des effets spéciaux anglais qui avait, lui aussi, travaillé sur les cénobites des HELLRAISER mais aussi participé à des tournages de bien plus grande envergure comme la première trilogie de STAR WARS ou les deux premiers HIGHLANDER. Comme le monde est petit, Bob Keen participe aussi activement à EVENT HORIZON, ce qui lui permet de rencontrer Sean Pertwee, le chef du peloton de soldats assiégés de DOG SOLDIERS. Pour l'élaboration des loups-garous, la décision est rapidement prise de ne pas s'engager dans la voie des effets numériques. L'expérience hasardeuse du LOUP-GAROU DE PARIS en la matière et les conditions de tournage caméra à l'épaule impliquant une interaction massive entre les acteurs et les créatures décident la production à choisir une approche plus traditionnelle. Après avoir étudié pas mal de films sur le sujet dont les deux incontournables, HURLEMENTS et LE LOUP-GAROU DE LONDRES, le design des lycanthropes s'inspirent plutôt du premier titre cité pour l'aspect mi-homme mi-loup. Les soldats du film se voient ainsi confrontés à des bestioles les dépassant de plusieurs têtes et aux possibilités de mouvements bien plus intéressantes que celles d'un simple quadrupède.
Mais le film de Neil Marshall, s'il met en scène des loups-garous, pourrait tout autant être un film de guerre. Les références à Rorke's Drift, célèbre affrontement britannique dans l'Afrique coloniale porté à l'écran par Cy Endfield dans ZOULOU, disséminées dans le scénario et dans les suppléments du DVD ne sont bien entendu pas innocentes. Toutefois, DOG SOLDIERS se rapprocherait bien plus d'une sorte de remake de LA NUIT DES MORTS-VIVANTS. La situation de siège devient rapidement la même et plusieurs rebondissement sont repris plus ou moins à l'identique. L'occasion de retrouver l'idée de contamination des morts-vivants appliquée cette fois aux loups-garous. De cette variation, sur un scénario déjà vu, Neil Marshall réussit tout de même à tirer son épingle du jeu par une mise en image nerveuse et donnant l'impression d'être prise sur le vif. Un parti pris qui permet au passage de camoufler tant bien que mal les moyens très limités en matière de budget de DOG SOLDIERS, qui ne pouvait de toutes façons pas se payer un esthétisme raffiné et encore moins un tournage en extérieur sur les lieux de l'action présumée de l'histoire. En effet, le film a été réalisé au Luxembourg et une grande partie directement en studio.
Des soldats en état
de siège, c'est aussi PREDATOR
ou le fameux SANS
RETOUR de Walter
Hill. Deux films qui appliquent aussi un démarrage similaire
à celui usité dans DOG SOLDIERS. La troupe part
pour une mission qui tourne court mettant les protagonistes, théoriquement
forts, dans une situation de victimes. DOG SOLDIERS exploite
assez bien ce concept en développant dans la première
partie du film ses personnages. A commencer par une séquence
juste après le titre du film qui a le mérite de donner
un ton assez violent tout en présentant un capitaine sans concession
interprété par Liam
Cunningham. De même, l'autre personnage réellement
intéressant est incarné par Sean
Pertwee, le reste du casting n'ayant pas le même aplomb en
raison de son plus jeune âge, y compris le véritable héros
de l'histoire ( Kevin
McKidd).
Lorsque les hostilités démarrent, DOG SOLDIERS ne fait pas dans la dentelle et continue sur sa lancée en proposant des séquences gores peu ragoûtantes. Eventration qui laisse les tripes à l'air et déferlement d'hémoglobine comme on n'en voit plus beaucoup au cinéma. Des horreurs qui ne sont pas toujours contrebalancées par l'humour décontract des productions horrifiques d'aujourd'hui. Le film contient tout de même son lot d'effets comiques comme le chien de la maisonnée qui profite d'une attaque pour se faire un repas sur une victime encore bien vivante ou un match de boxe homme / bête surprenant. Mais DOG SOLDIERS garde son aspect brutal tout du long jusqu'au finish où l'expression le couteau entre les dents prend une dimension particulièrement douloureuse.
La photographie de DOG SOLDIERS est à l'image du film. Brute de décoffrage ce qui donne par moments un grain plus ou moins visible ou des contrastes pas toujours bien dosés. Difficile d'imputer cela au transfert de l'image qui, s'il n'est pas extraordinaire, reste largement acceptable. Le passage sur DVD pose tout de même quelques soucis du côté de la compression numérique qui ne se fait pas toujours oublier !
La piste en Dolby Digital 5.1 anglaise remplit son office honnêtement. D'une manière générale, elle reste assez sobre mais sait remplir l'espace avec des effets directionnels réussis comme des coups de feu ou des impacts de balles. La version française est largement moins sympathique d'un point de vue artistique mais aussi technique. Car même si la mention 5.1 est indiquée sur la jaquette et le menu du choix des langues du DVD, le doublage français est proposé seulement en stéréo.
Dans le Making-Of, vous n'aurez droit en grande partie qu'aux habituels discours promotionnels voire à des acteurs qui vous dressent le portrait de leurs personnages respectifs. Un peu limité et seule la partie consacrée à la création des effets spéciaux s'avère réellement informative. A côté, on retrouve les interviews de la plupart des intervenants déjà vus dans le documentaire promo. Rien d'étonnant puisqu'il s'agit des interviews tournées en vue de créer le montage du Making Of ! Ces petites interviews donnent plus longuement la parole à chacun d'eux mais ne passionnent pas plus que ça. Reste une sélection de bandes-annonces de films à sortir sur DVD chez le même éditeur. Mais aussi une filmographie de Sean Pertwee où l'on peut découvrir une autre bande-annonce, cette fois pour un film déjà disponible depuis l'année dernière, SEPT JOURS A VIVRE. On regrettera que M6 n'ait pas fait l'acquisition des bonus de l'édition anglaise dont le commentaire audio qui aurait certainement donné une véritable valeur aux suppléments proposés ici.
DOG SOLDIERS est un film d'action qui s'écarte dans les grandes largeurs des autres films de loups-garous par son côté "mouvementé". Ainsi, rien à voir avec l'étude atypique et psychologique de la lycanthropie dans GINGER SNAPS, autre film de loups-garous de ces dernières années. Ici, les personnages passent plus de temps à tirer à l'arme automatique sur un ennemi indestructible que se poser des questions sur la métamorphose de l'homme en loup. Une approche assez primaire qui donne justement son cachet à cette petite production anglaise burnée. Toutefois, le manque de moyen se fait souvent sentir et quelques passages à vides surtout au milieu du métrage ne permettent certainement pas de hisser DOG SOLDIERS au niveau des très grands films. Pourtant paré de prix glanés dans plusieurs festivals de cinéma fantastique, le film de Neil Marshall n'est rien d'autre qu'une bon petit métrage vitaminée, ce qui n'est déjà pas si mal !