La Terre est la cible de catastrophes naturelles dont la source serait de provenance extraterrestre. Tout du moins, c'est la théorie du professeur Zarkov qui forcera Flash Gordon et Dale Arden, tombés là par hasard au sens propre, à le suivre dans un voyage vers la planète Mongo !
Très tôt, l'industrie cinématographique s'intéresse à la bande dessinée. Non pas pour en tirer des films conventionnels mais plutôt pour les adapter sous la forme de feuilletons. Une forme logique puisque dans les années 30, les aventures dessinées paraissaient elles-mêmes découpées en épisodes dans les journaux. La télévision n'existait pas encore et ces feuilletons, appelés serials, étaient diffusés en complément de programme des actualités et des films de longs métrages. Depuis, cette pratique s'est perdue et plus aucun court métrage, actualités ou serial ne vient accompagner les films que l'on peut découvrir au cinéma. Restent donc les réclames dont la seule raison d'être commerciale ne risquait pas de les déboulonner des salles de cinéma…
En 1934, Alex Raymond fait paraître trois séries dessinées qui sont immédiatement des succès. La Universal saute dessus rapidement et adapte pour le grand écran SECRET AGENT X-9, JUNGLE JIM et FLASH GORDON. Trois nouveaux succès qui seront suivis de nouveaux serials voire de films de longs métrages pour JUNGLE JIM, interprété d'ailleurs par Johnny Weismuller. C'est aussi un ex-champion de natation qui interprétera le premier Flash Gordon sur les écrans. Buster Crabbe sera ainsi la vedette de FLASH GORDON, FLASH GORDON'S TRIP TO MARS et FLASH GORDON CONQUERS THE UNIVERSE. Les années passent et Flash Gordon réapparaît à la télévision sous la forme d'un feuilleton très inspiré par les serials puis, près de vingt-cinq ans plus tard, en donnant le mouvement aux planches de Alex Raymond pour une version en dessin animé dont on peut voir une bande-annonce cachée parmi les suppléments du DVD. Mais pour le grand écran, le personnage disparaît durant de très nombreuses années si l'on excepte une parodie érotique du nom de FLESH GORDON…
Ce qui ramène FLASH GORDON dans les salles de cinéma, ce sont deux phénomènes. D'un côté l'énorme succès de LA GUERRE DES ETOILES et de l'autre SUPERMAN non moins plébiscité par le public à travers le monde. Il n'en faut pas plus pour exhumer les bande dessinées d'antan gorgées d'extraterrestres et de vaisseaux spatiaux. Car il faut le rappeler, et George Lucas ne s'en cache pas, LA GUERRE DES ETOILES est né en partie de sa nostalgie des serials dont l'une des inspirations n'est autre que FLASH GORDON. Dans le même ordre d'idée, George Lucas sera aussi l'initiateur d'une autre série fortement inspirée par les feuilletons d'antan avec LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE et ses deux suites qui s'inspirent assez clairement de l'autre succès de Alex Raymond (JUNGLE JIM). Sur le créneau, on trouvera donc BUCK ROGERS AU XXVème SIECLE et FLASH GORDON. Dino de Laurentiis va voir très grand et n'imposera pas de limite de budget.
C'est tout d'abord Nicolas Roeg (NE VOUS RETOURNEZ PAS) qui doit mettre en scène un premier film qui sera rapidement suivi d'une séquelle. N'ayant pas les mêmes points de vue, le réalisateur et le producteur se quittent et c'est à Mike Hodges que l'on confie la réalisation de ce premier et unique FLASH GORDON. Plutôt étonnant, puisque le réalisateur anglais de LA LOI DU MILIEU et TERMINAL MAN n'a jamais tenu les rênes d'une entreprise aussi énorme ! Mais était-ce si important ? Le commentaire audio et l'interview du réalisateur, présents sur le DVD français, nous éclairent sur la création ahurissante du film ! Sans rentrer dans tous les détails des anecdotes amusantes données par le cinéaste, il faut imaginer une production portée par un enthousiasme débordant jusqu'à créer de gigantesques décors et costumes à peine utilisables par un réalisateur un peu obligé d'improviser pour tout mettre en place !
Passons sur le transparent et lisse Sam Jones, qui interprète donc à la perfection un innocent héros sans reproche, dont la carrière sera cantonnée assez vite dans les produits bas de gamme à destination des vidéo clubs. Dans le même ordre d'idée, Dale Arden est interprétée par Melody Anderson qui aura une carrière à peu près aussi prestigieuse que celle de son confrère à l'exception de l'excellent REINCARNATIONS. Déjà un cran largement au dessus, Timothy Dalton montrait son talent dans une grosse production avant de devenir quelques années plus tard un convaincant James Bond pourtant conspué par le grand public qui lui préférait les vannes et l'interprétation troisième âge de Roger Moore.
De son côté, Ornella Muti campe la fille d'un empereur Ming qui n'est autre que le grand Max von Sydow qui efface tous les autres acteurs dans son rôle de despote intergalactique au look très "Fu Manchuesque". Celui-ci est très connu pour avoir joué dans les films de Ingmar Bergman mais l'acteur suédois entame assez vite une carrière internationale hétéroclite. Prêtre face au démon dans L'EXORCISTE et L'HERETIQUE, chef d'un clan dans un NEW YORK NE REPOND PLUS sans voiture mais annonciateur de MAD MAX 2, face à Romy Shneider dans LA MORT EN DIRECT, souverain vieillissant dans CONAN, organisateur de matches de foot pour prisonniers dans A NOUS LA VICTOIRE, scientifique dans DREAMSCAPE, profiler avant la lettre dans CITIZEN X et on en passe de DUNE au SANG DES INNOCENTS en passant par JUDGE DREDD. Il aura finalement tout joué ou presque et le plus souvent de façon impeccable !
Défiant toute logique, FLASH GORDON n'est pas remis au goût du jour ! L'idée générale est de retrouver l'aspect graphique de la bande dessinée et l'ambiance du serial, aidée en cela par l'un des scénaristes de la série télévisée BATMAN. Il en émane un mélange détonnant où s'entrechoquent gigantesques décors colorés, costumes chamarrés et vaisseaux spatiaux aux formes rétros. Les acteurs sont réquisitionnés pour jouer des situations aussi naïves que celles interprétées dans les années 30 par Buster Crabbe. Plutôt fun dans les années 80, le film se bonifie avec l'âge ne prenant aucune ride sur les couleurs outrancières de son univers délicieusement kitch. Cerise sur le gâteau, plutôt que d'engager un compositeur symphonique, Dino de Laurentiis fait appel au groupe Queen pour signer plusieurs morceaux qui seront la majeure partie de l'habillage musical du film. Impossible d'échapper à son thème principal qui reste gravé dans les mémoires !
Studio Canal nous gratifie d'un joli transfert anamorphique (16/9) au format large respecté (2.35). Déjà à l'époque de sa sortie, les effets spéciaux de FLASH GORDON étaient très visibles et pas toujours très réussis. Avec l'image du DVD, cette impression est très accentuée ce qui en fin de compte participe au spectacle de ce film surréaliste. Il faut pourtant noter quelques sautes d'images qui seront perceptibles pour les spectateurs un peu pointilleux tout comme quelques défauts sur la pellicule (petites tâches…).
Le doublage français dans son mono d'origine n'a rien de bien attirant ! Alors autant se reporter sur les deux pistes sonores anglaises sous-titrées en français. Ce sera au choix la piste en stéréo surround d'origine ou un remix en Dolby Digital 5.1 qui gagne un peu en clarté et en dynamisme. Ces deux pistes font la part belle à la musique rock grandiloquente de Queen et aux différents effets sonores. Le remix 5.1 ne fait pas pour autant de miracle et semble tout de même limité en comparaison des bandes sonores actuelles.
Puisque l'on parle musique, Studio Canal a eu l'excellente idée d'ajouter un CD-Audio reprenant la bande originale du film. Un supplément non négligeable pour tous ceux qui aimeraient continuer à vivre FLASH GORDON au quotidien en laissant tourner en boucle le disque. Au passage, il faut noter le soin apporté au digipack de ce double disque. Le digipack cartonné magnifiquement illustré n'est pas inséré dans un étui conventionnel mais dans deux petits fourreaux qui se séparent en deux. Au centre, on trouve la planète du logo FLASH GORDON en relief. Une belle petite pièce de collection qui est fragile comme tous les boîtiers cartonnés, mais très plaisante dans son design hors norme.
Au rayon des suppléments, la bande-annonce d'origine et les filmographies font partie des bonus communs. La petite galerie de photos présente quelques photos de tournage et dessins de production mais elle paraît bien courte surtout qu'il existe bien d'autres clichés et l'on pense surtout aux clichés réalisés pour la promotion dont on peut voir deux photos sur le flyer indiquant le contenu de cette édition DVD pour la mise en place dans les boutiques. Mais ce qui surprend, c'est avant tout la présence du commentaire audio de Mike Hodges ainsi qu'une longue interview clairement enregistrés pour le DVD français !
Mike Hodges n'a pas l'air très à l'aise en commentant le film. Tout du moins, c'est l'impression qu'il donne lorsqu'il nous annonce des dizaines d'anecdotes croustillantes pour nous en délivrer une seule. Les informations sont parfois éparses et il va même jusqu'à raconter deux fois la même choses à quelques dizaines de minutes d'intervalles. Il y a meilleur commentaire audio mais celui-ci vous donnera tout de même quelques informations sur la création assez "space" du film et appuiera, entre autre, sur la présence de Richard O'Brien, le créateur du ROCKY HORROR PICTURE SHOW, dans le film.
Sur la bonne demi-heure d'interview, Mike Hodges revient sur ce qui l'a mené au cinéma, les débuts de sa carrière, quelques projets inachevés ou le fait qu'il aurait pu mettre en scène LA MALEDICTIONou qu'il a été écarté du tournage de DAMIEN : LA MALEDICTION II après quelques semaines. Mais c'est surtout lorsqu'il parle de ses relations avec Dino de Laurentiis et surtout Danilo Donati que cette interview prend des allures délirantes tout comme c'est d'ailleurs le cas du commentaire audio. En plus de nous délivrer rapidement ses vues politiques, on lui demande fatalement de parler des DEBILES DE L'ESPACE, autre film de science fiction du réalisateur, ce qui donne quelques minutes qui auraient très bien pu servir de bouche trou sur le DVD plutôt vide édité aux Etats-Unis par MGM. En plus de l'interview, il y a aussi une petite introduction de Mike Hodges d'une minute et demi qui se lance lorsque vous choisissez de voir le commentaire audio. Dans ses interventions, le réalisateur s'amusera non sans humour à une analogie entre Ming et George Bush Jr. !
Spectacle délirant, folie visuelle et bonne humeur communicative, FLASH GORDON s'appréciera comme une aventure colorée par les plus jeunes. Mais surtout comme un plaisir coupable par les adultes qui trouveront là un monument du kitch aux connotations sexuelles appuyées. Et pour le coup, difficile de bouder une édition DVD aussi attractive de par son packaging et ses suppléments dont la bande-originale.