Header Critique : SANG DES INNOCENTS, LE (NONHOSONNO - DVD LOCATIF)

Critique du film et du DVD Zone 2
SANG DES INNOCENTS, LE 2001

NONHOSONNO - DVD LOCATIF 
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Une brutale vague de meurtres s'abat sur la ville de Turin. Tout porte à croire qu'ils sont l'œuvre d'un célèbre serial killer : le "nain assassin" (? ? ?). Seul problème, ce nain tueur a déjà été identifié comme étant mort quelque dix-sept ans auparavant. Qui est donc le coupable ? Un copycat, un fantôme… A moins que le meurtrier soit finalement toujours en vie ? Alors que la police piétine, Giacomo (qui assista, enfant, au meurtre de sa mère par le nain) vient retrouver l'inspecteur Moretti (Max von Sydow), aujourd'hui à la retraite, après avoir été à l'époque chargé de l'enquête. De cette alliance improvisée, les deux hommes vont redoubler d'ingéniosité pour découvrir l'identité du mystérieux tueur.

Depuis le début des années 80, l'attente d'un nouveau film de Dario Argento fait simultanément valeur d'excitation et d'intense appréhension. Il faut être honnête, si l'homme a révolutionné le genre (et le cinéma tout court) avec des œuvres aussi extraordinaires que SUSPIRIA ou LES FRISSONS DE L'ANGOISSE, l'auteur n'a cessé de décevoir à partir de TENEBRES (qui malgré un mauvais vieillissement, fait encore figure pour certains de dernier "grand" Argento). PHENOMENA, OPERA, DEUX YEUX MALEFIQUES, TRAUMA, autant de films ambitieux mais malheureusement ratés compte tenu du talent du monsieur. Inlassablement, la question qui fâche revenait sur le tapis : Argento a-t-il définitivement perdu le "Mojo" ?

La récente intronisation d'Argento en tant qu'"auteur" prête encore plus à confusion. Bousculés entre les rétrospectives et les hommages, tous les films du cinéaste se mélangent sous l'épithète de classiques indiscutables. Pour ne rien arranger, Argento encense plus que de raison ses œuvres litigieuses, au point de déclarer sans friser de l'œil qu'OPERA est son meilleur film !… Et que les critiques éreintantes de l'époque n'avaient tout simplement pas perçu les qualités de ce chef d'œuvre en avance sur son temps ! Heureusement, la sortie en 96 du SYNDROME DE STENDHAL vient remettre tout le monde d'accord. Sans être une œuvre majeure, le film se montrait puissant et inventif, Argento y expérimentant des figures magistralement sadiques sur sa propre fille Asia. Mais pour tous ceux qui crièrent trop vite à la résurrection d'un cinéaste génial, la chute fut d'autant plus rude avec la sortie du FANTOME DE L'OPERA, énième version du classique de Gaston Leroux et objectivement le film le plus raté de son auteur.

Son dernier opus, LE SANG DES INNOCENTS, ne va donc pas manquer d'être pris en indicateur de la santé du cinéaste, et accessoirement de nouveau point de départ (si le pari est réussi) à une filmographie qui vivote depuis maintenant vingt ans. Conscient de cet état de fait, Argento décide donc avec ce film de retourner aux sources de son inspiration, c'est-à-dire le giallo pur et dur dont le réalisateur avait déjà livré la quintessence avec LES FRISSONS DE L'ANGOISSE. Tueur mystérieux, héros improvisé en détective car témoin malgré lui de la clef de l'énigme, meurtres sophistiqués et hyper sadiques, mise en scène à la fois complexe et élégante… Même les Goblin (responsables des musiques parmi les plus marquantes du genre) se sont reformés à l'occasion du SANG DES INNOCENTS. Rien n'a donc été laissé au hasard pour reconquérir les cinéphiles déçus par l'accumulation d'opus faiblards, encore faut-il que l'inspiration soit toujours au rendez-vous.

Un peu à la manière de SUSPIRIA (mais est-ce un hasard ?), LE SANG DES INNOCENTS s'ouvre d'emblée sur un double meurtre posant en parallèle les fondations de l'intrigue et surtout l'ambiance du film : une prostituée s'enfuit de la maison d'un client un peu trop pervers en emportant par mégarde des documents démontrant que ce même client est un odieux tueur en série. Seule au beau milieu d'un train de nuit, elle se fera inévitablement rattraper par le meurtrier, après un terrible jeu de cache-cache entre les wagons déserts. Un sort tout aussi tragique attendra l'amie de la jeune femme venue l'accueillir sur le quai de gare.

Autant être clair tout de suite, cette première séquence est absolument époustouflante. Etirée sur une vingtaine de minutes qui défilent à vitesse grand V, cette scène fait preuve d'une maîtrise que l'on n'avait pas retrouvée depuis les œuvres de gloire d'Argento. Même si le contexte n'est pas fantastique, le cinéaste déploie immédiatement une ambiance extrêmement oppressante liée à l'omniprésence de son mystérieux tueur. La sophistication de la mise en scène atteint ici des sommets, surtout qu'Argento a littéralement refusé de tourner dans un décor mais bel et bien dans un véritable train. Une prise de position risquée techniquement, transcendée par une ingéniosité sans borne. Bref, un moment de bravoure qui va ni plus ni moins rejoindre immédiatement les temps forts de la carrière d'Argento.


Nous voilà donc rassurés, notre vieux maître n'est pas encore tout à fait gâteux !… Bien qu'il se fatigue un peu trop vite. Passée la magie du préambule, LE SANG DES INNOCENTS se révèle encore trop mitigé pour tenir cet exceptionnel niveau d'inspiration, comme si Argento avait tout consumé sur cette première scène. Sans tomber dans la médiocrité, le film devient vite un peu trop routinier pour emporter totalement l'adhésion (à noter que le titre français s'écarte complètement du sens original du titre, NON HO SONNO, que l'on pourrait traduire par "Je n'ai pas sommeil" en référence à l'insomnie chronique du personnage principal). Premier problème, la mise en scène d'Argento est très inégale, passant du pilote automatique pour les scènes de dialogues à quelques sursauts plus créatifs lors des séquences de meurtres. D'une brutalité hors normes, même pour Argento, ces séquences de meurtres sont malheureusement beaucoup trop brèves pour que s'installe à nouveau l'inspiration du préambule. Deuxième problème, le cinéaste cède ici aux sirènes de l'auto-citation, qu'elle soit narrative ou formelle, reprenant entièrement des pans entiers de ses œuvres de gloire : l'enfant témoin d'un meurtre, le trauma lié à une comptine, les yeux du tueur luisant dans la nuit, la victime que l'on exécute en lui cassant les dents… On a vite l'impression d'assister à un best of d'un auteur qui donne plus l'impression de se plagier qu'autre chose (on est loin de la décontraction de John Carpenter sur une attitude similaire avec GHOST OF MARS).

Ce retour aux sources est donc à double tranchant pour Argento. D'une part il met le spectateur fidèle en confiance pour lui livrer une poignée de scènes exceptionnelles, d'autre part il place le cinéaste dans la position encore peu envieuse de l'auteur courrant après une inspiration qu'il peine à rassembler… A moins que le giallo se montre tout simplement un espace créatif trop limité pour être décliné indéfiniment ? On oublie trop vite que le revival du slasher made in Kevin Williamson (SCREAM, SOUVIENS-TOI L'ETE DERNIER et la foule de clones qui ont suivi) s'est plus que copieusement servi dans les thrillers italiens, notamment dans son systématisme à trouver une identité alambiquée à un tueur mystérieux. Les ficelles du "whodunit" se sont ainsi particulièrement usées durant ces dernières années, rendant la tache d'autant plus ardue à un réalisateur soucieux de surprendre son spectateur. La résolution de l'énigme du SANG DES INNOCENTS risque donc d'en blaser ainsi plus d'un, l'identité du tueur ainsi que sa motivation n'ayant rien de révolutionnaire. Reste que cela n'a pas l'air de refroidir Argento qui déclare à tout rompre que LE SANG DES INNOCENTS sera le premier volet d'une nouvelle trilogie de gialli, en référence à la trilogie des animaux qui ouvrait sa carrière. On attend la suite avec un sentiment mêlé d'excitation et d'appréhension…

Le DVD que nous avons entre les mains est un disque locatif, soit le seul moyen de voir le film en Zone 2 français jusqu'à présent. La mise en place d'une édition à la vente reste encore à ce jour cantonnée dans un flou artistique, mais semble malgré tout confirmée, puisque la bande-annonce du film figurait dans la récente édition de MES CHERS VOISINS de Alex de la Iglesia. L'image du disque est de bonne tenue, sans soucis particuliers. Concernant la configuration audio, vous pourrez choisir de suivre le film en Dolby Digital 5.1 en français et en italien, mais seulement en Stéréo Surround en anglais. A noter que le film fut tourné en anglais, puis entièrement post-synchronisé (dans la grande tradition du cinéma italien) à l'exception des lignes de Max von Sydow qui sont enregistrées en son direct. Bref, quelle que soit la piste audio choisie, vous tomberez donc systématiquement sur un doublage (et de qualité moyenne quelle que soit la langue). Restent les bonus qui, comme souvent sur les disques locatifs, se limitent à la bande-annonce en version originale ou française.

Dario Argento est-il encore un auteur majeur du fantastique ou bien l'ombre d'un cinéaste autrefois illuminé d'inspiration ? Si le très raté FANTOME DE L'OPERA avait laissé le débat dans le camp des "anti", LE SANG DES INNOCENTS vient remettre les opinions à plat. Bien que bourré de défauts, le film témoigne de la santé (en partie) retrouvée de son auteur via des séquences à couper le souffle. On pense surtout à l'ouverture du film, vingt minutes ininterrompues de maestria qui justifient à elles seules la vision du titre et la réhabilitation d'un cinéaste souffrant d'inégalité depuis les années 80.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
49 ans
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287 critiques Film & Vidéo
On aime
De réels éclats de génie
Un film à ranger du bon côté de la filmo d'Argento
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Une intrigue qui manque quelque peu de surprises et d'intérêt
L'auto-citation trop appuyée du cinéaste
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L'édition vidéo
NONHOSONNO DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h54
Image
1.85 (16/9)
Audio
Italian Dolby Digital 5.1
English Dolby Digital Stéréo Surround
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Bande-annonce

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