Au temps du Japon médiéval, le chef du clan des Fujiwara
invoque, pour vaincre ses ennemis, le terrible démon Kodeni.
Après la bataille, celui-ci refuse de retourner dans les limbes
infernales, et il naît sous forme terrestre du ventre de la propre
fille du chef des Fujiwara... De nos jours, Kodeni est devenu le chef
d'un puissant groupe informatique. Il s'apprête à lancer
sur le marché un jeu vidéo ultra-violent : "DARK
BUSHIDO". Mais le démon commence néanmoins à
se sentir vieux, et il décide de naître à nouveau
du ventre de la descendante des Fujiwara. Celle-ci s'appelle Akemi et
vit à Paris. Son père, Morio, est un haut-gradé
de la police criminelle à Tokyo. Il enquête justement sur
les activités louches de Kodeni. Les hommes de main de ce démon
se rendent en France et tentent de capturer Akemi, mais celle-ci est
protégée par ses deux amis, Marco et Nadir...
Marc Missonier et Olivier Delbosc commencent d'abord comme producteurs des premiers courts métrages du réalisateur français François Ozon (LA PETITE MORT, REGARDE LA MER...), avec leur firme "Fidélité Production", au milieu des années 1990. Puis viennent les longs métrages de Ozon, qui sont aussi assez bien accueillis (SITCOM, LES AMANTS CRIMINELS...). Missonier et Delbosc ont alors l'idée de créer une compagnie appelée "Bee Movies" spécialisée dans la production de films populaires à petit budget, dirigés et écrits par des jeunes gens aux expériences professionnelles relativement limitées. En fait, c'est sous l'impulsion de PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS de Lionel Delplanque (dont c'est le premier long métrage) que l'idée germe. Ce slasher français est unanimement démoli par la critique, mais, astucieusement sorti pour la Fête du Cinéma, il réalise un nombre d'entrées très encourageant. L'année suivante, à la même époque de l'année, le premier "Bee Movies" est UN JEU D'ENFANTS, un suspens fantastico-psychologique brassant des thèmes classiques déjà vus dans LE LOCATAIRE ou LES INNOCENTS. Le succès public est plutôt mitigé.
Néanmoins, le "cinéma de genre" "à la française" rencontre quelques beaux succès publics par ailleurs, particulièrement avec LES RIVIÈRES POURPRES de Mathieu Kassovitz et LE PACTE DES LOUPS de Christophe Gans. Missonier et Delbosc envisagent alors de produire un film d'arts martiaux. Ils s'adressent à Giordano Gederlini, réalisateur de plusieurs courts métrages, pour écrire, puis pour tourner ce nouveau projet, qui deviendra SAMOURAÏS.
Prévu au départ pour être réalisé avec les habituels moyens limités des Bee Movies (environ huit millions de francs), le projet attire des partenaires financiers et le budget atteint un total très conséquent de 50 millions de francs. SAMOURAÏS ne sera donc pas un film "Bee movies" , mais une oeuvre "Fidélité Production". A sa sortie, pour la fête du cinéma, SAMOURAÏS est largement éreinté par la critique, et, affligé d'une affiche repoussante, il, peine à vraiment trouver son public. Bee Movies continuera à travailler à un bon rythme puisque, après la sortie de SAMOURAÏS, se succèderont assez rapidement BLOODY MALLORY de Julien Magnat, le thriller REQUIEM de Hervé Renoh, puis MALÉFIQUE de Eric Valette (sortie prévue en avril 2003).
SAMOURAÏS se veut avant tout une production orientée
vers les scènes d'action, mettant en valeur différentes
formes d'arts martiaux. Dès lors, le scénario n'est
guère plus qu'un prétexte à aligner régulièrement
des échanges de coups de tatanes, correctement chorégraphiés
et filmés. Pourtant, on se rend rapidement compte que ce récit-prétexte,
outre le fait qu'il soit assez embrouillé, souffre de s'être
voulu un mélange de genres qui prend mal : la comédie
d'action à la française, dans le style de TAXI
ou de YAMAKASI, se heurte donc à un polar fantastique
se voulant plus proche du cinéma asiatique. Si les scènes
de cette seconde composante de SAMOURAÏS passent à
peu près correctement (interrogatoire de Kodeni, scènes
d'action au gymnase, dans les toilettes de l'aéroport ou dans
l'escalier de la cité...), tout ce qui relève du cinéma
pour ados français consterne le spectateur (acteurs fades,
humour extrêmement puéril...). Finalement, SAMOURAÏS
ne sait pas sur quel pied danser, malmène son scénario
à force de changements de ton malvenus et finit par laisser
sur une impression de gâchis. Certes, la réalisation
n'est pas trop indigente, des moyens conséquents ont été
mis en oeuvre (photographie, décors et trucages soignés
notamment), certains acteurs asiatiques (Santi
Sudaros, Yasuaki
Kurata...) ont une vraie présence, le film a un certain
rythme et on s'ennuie peu... Hélas, toutes ces qualités
se retrouvent amoindries à force d'accumuler les maladresses
et les idées stupides (en la matière, la palme va à
la transformation de Marco dans la confrontation finale).
SAMOURAÏS est proposé en DVD dans son format scope d'origine. Le résultat est globalement de très bonne tenue. On regrette toutefois quelques petites limites dans les scènes sombres, dans lesquelles la colorimétrie part un peu dans le vert, tandis que la définition s'estompe et que la compression devient perceptible. Du bon travail, mais peut mieux faire.
Le film est proposé avec trois bandes-son. La première propose un doublage français intégral (y compris pendant les scènes originellement dialoguées en japonais), en Dolby Digital 5.1. Puis on trouve, toujours en DD 5.1, la "version originale", panachant français et japonais, selon les séquences. Cette VO est aussi disponible en DTS.
Le boîtier du DVD inclut, en cadeau, un CD contenant cinq morceaux de rap français provenant du disque de la Bande Originale du film. On note qu'une seule de ces chansons est audible dans le film... Le DVD lui-même propose quelques bonus. On trouve trois bande-annonces, le clip de la chanson "L'ART DU SAMOURAÏ", une galerie de photos de plateau et de tournage, ainsi que quelques pages de story-boards. On trouve aussi CAMPING SAUVAGE, un court-métrage de 12 minutes réalisé par Giordano Gederlini en 1998. On a encore un long making of de 58 minutes, qui insiste tout particulièrement sur les scènes des combats de SAMOURAÏS, chorégraphiées (et parfois réalisées) par Philip Kwok (A TOUTE ÉPREUVE, LE PACTE DES LOUPS...).
Il est peut-être injuste d'affirmer que SAMOURAÏS est dénué de toute forme de qualité : son rythme est assez entraînant, ses scènes d'action relativement réussies, l'ensemble est sans prétention... Pourtant, la balourdise de son humour, son script confus et ses incessantes ruptures de ton en font un objet très inégal, qui se regarde sans véritable ennui, mais qui laisse tout de même sur un sentiment mitigé.