L'agent du FBI Doyle se retrouve face à Fenton Meiks qui a d'étonnantes
révélations à lui faire à propos du tueur
en série sur lequel il enquête ! Celui qui se fait appeler
"La Main de Dieu" ne serait autre que le frère de Fenton
mais cette simple affirmation ne suffit pas à convaincre le représentant
des forces de l'ordre. Fenton se met alors à raconter son enfance
pour le faire changer d'avis
Au moment de sa sortie, EMPRISE a été le sujet de pas mal de controverses jusqu'à taxer le film de délivrer un message très ambigu ou suspect dans le meilleur des cas voire, dans les pires, à le taxer de manifeste pro-peine de mort ou de métrage "facho". Beaucoup de bruits qui s'articulent essentiellement sur la fin du film, occultant semble t'il totalement tout ce qui a pu précéder ! A un point que EMPRISE se voit résumé à ses quinze dernières minutes sorties de leur contexte. Bien sûr, le film peut paraître ambigu et il l'est certainement à certains égards mais de là à taxer le film ainsi que son réalisateur de vouloir répandre des idées nauséabondes
Mais plutôt que de vouloir appuyer seulement sur la fin du film, il faut voir EMPRISE sous un autre angle. Celui d'une famille heureuse, même si la mère est décédée, qui tombe du jour au lendemain dans l'ornière du fanatisme religieux ! Fenton et Adam coulent des jours paisibles et sans soucis jusqu'à une nuit où leur père vient leur annoncer qu'un ange lui est apparu. Et les voilà embrigadés dans une mission pour le seigneur qui se transforme bien vite en croisade meurtrière. Ceux qui se mettent à tuer au nom de Dieu n'ont pourtant rien de chevaliers flamboyants et il en va de même des armes "magiques" désignées pour mettre en pièce les démons qui rodent sur Terre. Parmi les trois armes, on trouve ainsi une hache, nommée "Otis", avec laquelle le bon père de famille et ses deux enfants s'en vont démembrer ceux qui ont l'infortune de se trouver sur la liste de noms révélée par les visions du père. Si le plus jeune, Adam, se laisse convaincre sans aucun problème, Fenton ne voit pas les actions de son père d'un il aussi approbateur. Sa foi n'ayant rien d'inébranlable, il doute et questionne les actions de son paternel qui à ses yeux devient un dément. Dans les scènes coupées, il y a d'ailleurs un passage où Fenton essaye de le convaincre de la folie de ses actes en se basant sur l'Ancien et le Nouveau Testament. Borné comme tous les fanatiques qui se réfèrent à des textes religieux, il est impossible de lui faire entendre raison !
Avec un peu de catéchisme comme bagage, il n'est pas possible d'ignorer le gouffre qu'il peut y avoir entre l'Ancien et le Nouveau Testament. Car si ce dernier délivre un message modéré et où le pardon prend une grande place, le personnage divin décrit dans l'Ancien Testament est bien moins clément. La colère divine étant souvent dévastatrice, allant jusqu'à éliminer des peuples entiers voire quasiment toutes formes de vie sur la planète. On peut aussi s'interroger sur la façon de jouer avec les êtres vivants, certains artisans de Dieu se voient souvent privés de récompenses et doivent faire des sacrifices extrêmes (NDLR : on va encore se faire des amis !). L'idée derrière EMPRISE est de réaliser un film sombre et terrifiant, non pas en se reposant sur la figure démoniaque habituelle, mais plutôt en proposant l'inverse. L'homme qui agit au nom de Dieu n'a rien de très rassurant ! L'histoire de la famille Meiks ressemble ainsi au destin de certaines dépeintes dans l'Ancien Testament. La petite famille coule des jours paisibles avant que sa vie soit entièrement chamboulée, les plongeant dans le malheur, simplement par une intervention divine qui lui donne des ordres. Que Dieu soit ou ne soit pas derrière, cela importe peu à ce stade car cela serait déjà amplement suffisant pour se poser des questions sur les motivations de Dieu, si tant est qu'il en existe un, et le devoir de se plier aux volontés divines. Un tout petit passage dans le film fait d'ailleurs références à cela de façon assez anodine via une émission télévisée.
Réduisant en petits morceaux des "démons" à forme humaine, les deux tiers de la famille Meiks ne se pose pas vraiment de question. Toutefois, lorsque EMPRISE vient faire des révélations vers la fin du film, les spectateurs ont de quoi s'en poser. Sans trop rentrer dans les détails, il s'agit ici du fait que les différents meurtres soient légitimés par le fait que les victimes étaient loin d'être innocentes. D'où un débat sur la peine de mort, celui-ci est d'ailleurs compréhensible puisque le scénariste et le réalisateur de EMPRISE ont préféré rester ambigus. Toutefois, il était évident, compte tenu de la fin du film, que les victimes ne pouvaient pas être de blanches colombes. Il aurait été bien plus amusant de découper en rondelles des "non-croyants" mais on imagine bien les cinémas passant le film devenir la cible d'agressions religieuses ! Le message aurait été ainsi beaucoup plus clair et n'aurait pas suscité des réactions épidermiques chez les mêmes spectateurs. Pourtant, à l'issue du film, rien ne donne envie de se convertir à une quelconque religion et encore moins de prendre une hache pour aller découper les salauds de ce monde ! L'atmosphère générale de EMPRISE étant bien trop sombre, parfois sordide et menaçante. Il en va de même du destin tragique d'une famille déchirée par ses croyances ou son refus de Dieu. Même lors des ultimes minutes, le film ne change pas pour éclaircir les cieux et laisser sortir des angelots armés jusqu'aux dents au son de l'hymne américain. Au contraire, même dans une phrase voulue rassurante, d'ailleurs imposée par le producteur, le sous-entendu est des plus inquiétants dans la bouche d'un représentant de l'ordre qui devient ainsi juge et bourreau ! A l'arrivée, le débat sur un tel film serait le même que celui engendré par la série des UN JUSTICIER DANS LA VILLE ou autre EXTERMINATOR si ce n'est que dans EMPRISE, il est difficile de s'identifier à une quelconque figure héroïque alors que les exécutions n'ont rien de bien glorieux.
Le passage de EMPRISE sur DVD n'a pas dû être d'une grande facilité en raison d'une image souvent sombre où s'ajoute un grain très cinéma. Le pari est réussi mais on notera une nouvelle fois le fait que les couleurs ont tendance à tirer sur le vert. La compression en elle-même est plutôt bien maîtrisée même si elle n'est pas exempte de petits défauts négligeables ici ou là.
Pas de piste sonore DTS pour la version originale et ce format sonore est donc réservé au doublage français. Une bonne nouvelle pour les anglophobes et une déception pour les défenseurs de la langue originale d'un film. C'est donc en Dolby Digital 5.1 que l'on pourra voir le film avec les véritables voix des acteurs. Franchement rentre-dedans, cette piste sonore aura de quoi mettre d'accord tout le monde ! Bénéficiant d'une puissance à peu près équivalente, la piste Dolby Digital française s'en sort aussi bien alors que son alter-ego DTS n'ajoute que bien peu d'informations supplémentaires pour réellement creuser l'écart !
Si EMPRISE est une première réalisation pour Bill Paxton, il s'agit aussi d'un tout premier scénario pour Brent Hanley. Ce dernier, dans son commentaire audio disponible sur le second DVD, tend à prouver qu'il n'a pas d'idées cachées et au contraire prend son scénario au premier degré comme un film d'horreur. Il avoue lui-même avoir voulu faire un film qui ne cherche pas à distiller de message particulier en nous demandant d'ailleurs quel peut bien être celui de films tels que LA MALEDICTION, SHINING ou ROSEMARY'S BABY. Car pour lui, il n'y a vraisemblablement pas d'équivoque sur la nature des démons. Toutefois, pour obtenir un résultat plus terrifiant pour le spectateur et les personnages principaux, il a choisi la voie de l'ambiguïté en supprimant toute idée de queues fourchues et cornes démoniaques. Il est clair que EMPRISE n'aurait certainement pas le même impact de cette façon, ce qui l'aurait mené vers un autre type de films.
De même Bill Paxton dans son commentaire audio ne semble pas non plus s'imposer comme un redneck armé d'une corde et d'un fusil pour faire la loi au Texas. L'acteur, à présent devenu réalisateur, ne cherche même pas à soulever le problème sur la fin du film. Au passage, il explique que c'est sur le conseil de James Cameron qu'il en est venu à modifier le montage final pour ménager une bien meilleure surprise aux spectateurs. Ou alors il cite pas mal le nom de Jonathan Mostow et du film dans lequel les deux hommes se sont rencontrés : U-571. C'est sur ce tournage que Bill Paxton propose à Matthew McConaughey de jouer dans EMPRISE et où il embarque quelques autres acteurs. Son commentaire audio s'intéresse donc bien plus à l'efficacité du métrage, de sa technique et des différentes personnes qui ont travaillé dessus plutôt que de vouloir se justifier. Apparemment, il ne comprend pas vraiment la controverse déclenchée par le film, si l'on en croit l'interview sur le DVD. Dans d'autres interviews faites au moment de la promotion du film, il expliquait d'ailleurs être contre de la peine de mort.
Quatre scènes coupées nous sont dévoilées avec ou sans le commentaire audio de Bill Paxton. A vrai dire, la plupart sont sans grand intérêt. Seule la séquence où Fenton essaye de dissuader son père de continuer sur sa voie en utilisant la bible apporte un véritable plus. Les trois autres scènes sont franchement anecdotiques ! La galerie de photos est plutôt sympathique puisqu'il s'agit de photos réalisées sur le plateau. Cela donne donc des angles de vues différents de ce que l'on peut découvrir dans le film. Difficile d'en dire autant en ce qui concerne le montage qui alterne planches du story-board et longs extraits du film.
Les Featurettes sont bien souvent des outils promotionnels faisant office de bouche trou lors de la sortie DVD. La première est exactement à cette image mais ce n'est pas le cas de la seconde qui pourrait s'apparenter à un véritable documentaire. Monté de manière intelligente, cela nous permet de découvrir pas mal d'astuces via des images de tournages et des interviews de Bill Paxton, le directeur de la photographie ou les acteurs. Sur la longueur, cela se répète un peu mais à l'arrivée, on a au moins l'impression d'avoir appris quelque chose !
L'édition française ajoute une interview de Bill Paxton réalisée à Gérardmer, l'année où le réalisateur était venu présenter son film au festival du film fantastique. En plus d'évoquer de manière rapide la polémique, on y apprend surtout ce qui l'a mené vers le cinéma en découvrant des films avec son père cinéphile. Un supplément inédit sur toutes les autres éditions DVD mais en contrepartie, le disque français perd le troisième commentaire audio, dévolu au producteur et au directeur de la photographie, qui était présent sur le DVD américain. Il aurait été intéressant de pouvoir obtenir les vues de ces deux personnes sur le film surtout que dans les commentaires audio de Bill Paxton et Brent Hanley, il apparaît évident que le producteur a modifié ou ajouté des éléments au scénario original. En dehors de l'ajout de la phrase finale, pour le reste, les intervenants restent assez flous quant aux altérations faites par le producteur. Par contre, ceux qui ont un lecteur DVD-Rom sur PC pourront découvrir le scénario original de Brent Hanley avant toute modification. De quoi s'apercevoir que de nombreuses séquences ont été supprimées tout comme des précisions sur les personnages. C'est là aussi où l'on peut donc vérifier les fameuses modifications comme le fait que Fenton voulait se rendre au cinéma pour voir ALIEN, ce que Bill Paxton a voulu modifier pour éviter une confusion. Habituellement, ce type de supplément est en anglais. Mais l'éditeur a entièrement traduit le scénario ce qui permet un accès sans encombre pour tous les utilisateurs français !
Faut-il obéir aveuglément à sa foi en Dieu ? Dieu est-il amour (en admettant qu'il existe) ? Allumez vos télévisions, lisez vos journaux et potassez vos livres d'histoire pour vous faire une idée. En jouant avec ces idées, EMPRISE est quant à lui simplement un film terrifiant sur le fanatisme religieux dans son versant le plus glauque et le plus horrible. A ce niveau-là, le film est une belle réussite Libre ensuite à tout le monde de disserter sur les ambiguïtés ou les controverses que peuvent soulever EMPRISE.