Meg Altman, une femme divorcée vivant seule avec sa fille Sarah,
est à la recherche d'un nouveau domicile. Elle visite un vaste
appartement new-yorkais, qui a une particularité étonnante
: son propriétaire précédent, un millionnaire paranoïaque,
y avait fait installer une "Panic room" de haute sécurité,
c'est-à-dire une pièce blindée dans laquelle les
habitants peuvent se réfugier au cas où des intrus rentreraient
par effraction dans l'appartement. Meg décide de prendre ce logement
et y passe sa première nuit avec sa fille. Mais trois cambrioleurs
se faufilent à l'intérieur. Meg et Sarah ont juste le
temps de se réfugier dans la "Panic room". Hélas,
les cambrioleurs sont à la recherche d'un magot caché
par le précédent propriétaire à l'intérieur
de cette même pièce... Une nuit de terreur commence !
Après FIGHT CLUB, film fort risqué pour un budget de plus de 60 millions de dollars, David Fincher s'est reporté sur un projet beaucoup plus classique et plus "sûr". L'échec commercial de FIGHT CLUB (aux USA, tout du moins, le film ayant été bien rentabilisé par sa carrière internationale) y a sans doute été pour quelque chose. Il s'attaque donc à la transposition d'un script de David Koepp, scénariste surtout réputé pour ses collaborations avec Spielberg (JURASSIC PARK et LE MONDE PERDU), ainsi que pour ses travaux avec De Palma (L'IMPASSE, MISSION IMPOSSIBLE et SNAKE EYES) ou plus récemment pour SPIDER-MAN. Par ailleurs, on doit aussi à Koepp l'adaptation et la réalisation de l'admirable transposition d'un roman de Richard Matheson : HYPNOSE.
C'est dans un premier temps Nicole Kidman qui devait jouer le rôle de Meg Altman. Mais après plusieurs semaines de tournage, une blessure qu'elle s'est faite sur MOULIN ROUGE entraîne des complications et elle doit renoncer à PANIC ROOM. Jodie Foster prend heureusement le relai, mais de nombreuses scènes doivent être à nouveau tournées. Le tournage s'allonge anormalement et la production fait payer au chef-opérateur Darius Khondji (indissociable des films de Fincher) les pots cassés : il est renvoyé et remplacé par un de ses collaborateurs, Conrad W. Hall. Aux côtés de Jodie Foster, on reconnaît bien sûr Forest Whitaker (BIRD de Eastwood, LA MUTANTE, GHOST DOG de Jarmusch...), ainsi que Jared Leto (URBAN LEGEND, mais surtout REQUIEM FOR A DREAM...). A leurs côtés, on trouve encore Patrick Bauchau (L'ETAT DES CHOSES de Wim Wenders, PHENOMENA d'Argento, THE CELL...) ou le chanteur de country Dwight Yoakam.
Huis-clos à suspens,
PANIC ROOM propose un récit d'un grand classicisme, s'inscrivant
dans la lignée de nombreux thrillers hollywoodiens. Des personnages
a priori faibles sont séquestrés et menacés par
de dangereux psychopathes. On pense bien sûr au Hitchcock
du CRIME ETAIT PRESQUE PARFAIT : le générique,
dont les titres s'inscrivent en suivant les lignes de gratte-ciels,
renvoie d'ailleurs directement à celui, célébrissime,
créé par Saul
Bass pour LA MORT AUX TROUSSES. Néanmoins, les mécanismes
de PANIC ROOM évoquent aussi, entre autres, QU'EST-IL
ARRIVE A BABY JANE ? (une paraplégique est séquestrée
et martyrisée par sa sur), MISERY
(un écrivain blessé est retenu prisonnier par une fan
déséquilibrée) et surtout SEULE
DANS LA NUIT de Terence
Young. Dans ce film, Audrey
Hepburn incarnait une aveugle confrontée à des gangsters
bien décidés à retrouver un paquet de drogue dissimulé
chez elle à son insu : les malfrats étaient menés
par le psychopathe Roat, dont les fameux gants de chirurgien sont repris,
sans doute en guise d'hommage, par l'infect Raoul dans PANIC ROOM
! Si Meg souffre elle aussi d'un grave handicap dans cet affrontement
(sa fille est diabétique), elle bénéficie pourtant
d'un grand atout : la "Panic room", dans laquelle elle
pourra se réfugier. Mais... et si cette pièce de haute-sécurité
s'avérait être un piège ?
Si SEULE DANS LA NUIT souffrait d'une réalisation rappelant beaucoup trop que son script avait d'abord été créé pour une pièce de théâtre, Fincher multiplie les inventions pour animer l'espace et exploiter au mieux son décor. Comme dans FIGHT CLUB, il emploie des images de synthèse afin de permettre les mouvements de caméra les plus insensés, avec notamment de long travellings zigzagants, passant par les ouvertures les plus menues et frôlant des petits objets. Ainsi, les choses minuscules de notre quotidien (téléphone, prise électrique...) prennent des proportions monumentales et menaçantes : la simple traversée d'une cuisine peut ainsi devenir un éprouvant tour de Grand Huit. On peut pourtant parfois trouver que Fincher en fait un peu beaucoup, et que la virtuosité gratuite et puérile l'emporte parfois un peu sur l'efficacité du plan.
D'autre part, la caractérisation des personnages est bien légère (à l'exception du personnage interprété par Whitaker). Les spectateurs qui ont vu les films cités plus haut trouveront que l'originalité est loin d'être au rendez-vous. Le rythme n'est pas toujours égal et les ficelles sont parfois grossières (la fille diabétique...). Pourtant, il est indéniable que, la plupart du temps, PANIC ROOM est un film "qui marche" ; les tours de force et la maîtrise technique sont au rendez-vous. Les scènes "attendues" (la course au portable, le dénouement...) compensent leur manque d'originalité par un savoir-faire solide dans la construction du suspense. PANIC ROOM remplit son contrat.
L'image de PANIC
ROOM n'est a priori pas facile à encoder : sombre, proposant
essentiellement un camaïeu de gris, multipliant les travellings
et les ambiances légèrement enfumées... Si les
couleurs et les contrastes sont correctement gérés, on
constate que la compression a quand même une petite tendance à
fourmiller. Certes, c'est tout à fait regardable, mais pour un
film aussi récent, on aurait pu s'attendre à un peu mieux.
Bon point pour les
bande-sons qui proposent la VO et la VF en Dolby Digital et, en DTS,
la VO. Bravo !
En bonus, c'est la déception. Le disque américain était sorti avec la mention Superbit, ce qui n'est pas le cas du Zone 2. Pourtant, on doit tout de même se contenter de bonus indigents : une bande-annonce et une poignée de filmographies (sélectives). Le film ayant très bien marché aussi bien aux USA qu'en France, il est très vraisemblable qu'une édition spéciale d'un très haut niveau (on se rappelle du DVD de FIGHT CLUB...) va sortir un jour ou l'autre et rendra ce DVD totalement obsolète...
PANIC ROOM est donc un thriller efficace, qui se suit sans ennui, même s'il laisse sur une légère impression de vacuité. Par contre, l'achat, à plus de 25 euros, de ce DVD dénué de véritables bonus, et qui sera vraisemblablement remplacé à terme par une édition "spéciale", peut sembler facultatif...