Header Critique : X : THE MAN WITH THE X-RAY EYES (L'HORRIBLE CAS DU DOCTEUR X)

Critique du film et du DVD Zone 1
X : THE MAN WITH THE X-RAY EYES 1963

L\'HORRIBLE CAS DU DOCTEUR X 
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Le docteur Xavier parvient à mettre au point un solution oculaire "X" qui, une fois déposée sur les yeux d'un cobaye, lui permet de voir à travers la surface des choses (vêtements, peau, murs...). Xavier l'expérimente sur lui-même. Il obtient d'excellents résultats, mais la fondation qui finance ses recherches refuse de le soutenir. Par accident, il tue son ami le docteur Brandt, et devient ainsi un fugitif recherché par la police. Il poursuit néanmoins ses recherches en continuant à s'administrer le produit X...

L'HORRIBLE CAS DU DOCTEUR X a été réalisé par Roger Corman à une époque correspondant à son apogée en tant que réalisateur : le début des années 1960. Avec le succès de LA CHUTE DE LA MAISON USHER, la première des ses adaptations des œuvres d'Edgar Poe à la sauce gothique, il devient le réalisateur chouchou de la petite firme indépendante American International Pictures. L'AIP le soutient alors sur la plupart de ses films fantastiques, lui laissant une grande liberté. Avec L'HORRIBLE CAS DU DOCTEUR X de 1963, Corman revient à la science-fiction, genre qu'il avait beaucoup abordé dans les années 1950 (citons : THE DAY THE WORLD ENDED, WAR OF THE SATELLITES...), mais qu'il avait abandonné depuis son virage gothique de 1960.

Corman était alors un réalisateur au sommet de sa productivité. Ainsi, en 1963, il sort, outre L'HORRIBLE CAS DU DOCTEUR X, quatre films aux États-Unis, tous pour le compte d'AIP : LE CORBEAU, approche parodique des œuvres de Poe, réunissant Peter Lorre, Vincent Price et Boris Karloff ; THE YOUNG RACERS, dédié au sport automobile et tourné en Europe avec une équipe technique incluant Francis Ford Coppola et Menahem Golan (futur fondateur de la compagnie Cannon) ; L'HALLUCINE, film d'épouvante emballé à la va-vite dans les décors du CORBEAU ; LA MALEDICTION D'ARKHAM, transposition de "L'AFFAIRE CHARLES DEXTER WARD" de Lovecraft, interprétée par Vincent Price, le tout ayant encore un style très "Poe".

Ici, le docteur X est en fait un certain docteur Xavier, interprété par Ray Milland. Or, c'est justement en 1963, l'année de la sortie de ce film, qu'est publiée la première aventure des "X MEN" écrite par Stan Lee et dessinée par Jack Kirby ; ces deux maîtres de la bande dessinée américaine narrent les exploits de mutants formés dans l'académie du professeur X (Xavier, bien sûr) afin de mettre leurs talents au service du bien. Pourtant, les amateurs de cinéma fantastique avaient déjà rencontré d'autres professeurs X / Xavier. Ainsi Lionel Atwill incarne le DOCTEUR X (en fait, docteur Xavier) dans le film de Michael Curtiz. En 1939, c'est Humphrey Bogart qui incarne un docteur Xavier dans LE RETOUR DU DOCTEUR X de Vincent Sherman.

L'acteur Ray Milland avait déjà tourné une fois avec Roger Corman, en 1962, dans L'ENTERRE VIVANT, une de ses adaptations de Poe. Toutefois, Milland a déjà une longue carrière hollywoodienne derrière lui. Après des débuts hésitants entre Londres et Hollywood, il commence à décrocher des rôles de plus en plus intéressants au milieu des années 1930 : on le voit dans CHARLIE CHAN A LONDRES, et il devient un jeune premier de service dans les productions Paramount. Sa carrière décolle vraiment quand il commence à travailler avec le réalisateur Billy Wilder, sur UNIFORMES ET JUPONS COURTS et surtout LE POISON drame de l'alcool qui vaut à Milland un Oscar. On le trouve aussi dans des œuvres d'autres réalisateurs majeurs, comme LE MINISTÈRE DE LA PEUR de Fritz Lang, LE CRIME ETAIT PRESQUE PARFAIT de Hitchcock, MA VIE A MOI de Georges Cukor, L'ENQUETE EST CLOSE de Jacques Tourneur... Mais, à partir du milieu des années 1950, il tend à négliger sa carrière d'acteur pour se consacrer à la réalisation (citons notamment son film de science-fiction PANIQUE ANNÉE ZÉRO). On le retrouve néanmoins dans un certain nombre de films fantastiques. Outre les deux réalisations de Corman déjà signalées, on trouve : FROGS, LA CHOSE A DEUX TÊTES ou GALACTICA, LA BATAILLE DES ÉTOILES. Tous ces détails, et bien d'autres, on les retrouvera dans un long article dédié à la carrière de cet acteur, publié dans le premier numéro de la revue "FANTASTYKA".

Dans L'HORRIBLE CAS DU DOCTEUR X, le professeur Xavier parvient donc à mettre au point un liquide aiguisant le sens de la vue. Le savant décide d'expérimenter sa trouvaille sur lui-même. Il réussit alors à voir sous les apparences, c'est-à-dire qu'il peut lire un texte contenu dans un dossier fermé, voir ce que contiennent les poches d'une personne... ou même des danseuses nues sous leurs vêtements ! Xavier se rend compte que plus il rajoute des gouttes de la lotion dans ses yeux, plus sa vue devient puissante. Ainsi en augmentant la dose, il devient capable de voir les problèmes de santé des malades sous la surface de leur peau. Bien que la fondation qui a aidé ses recherches refuse de le soutenir, et malgré ses amis qui le supplient d'arrêter ses travaux qu'ils jugent trop dangereux, Xavier continue à consommer de plus en plus de son produit. Cela devient nuisible pour sa santé psychologique...



Si, à la lecture de cette présentation du sujet, on pourrait croire qu'on a affaire à une énième histoire de savant fou, L'HORRIBLE CAS DU DOCTEUR X est pourtant loin d'être un film banal. Son récit nous sort rapidement du cadre du laboratoire pour nous emmener, grâce à des rebondissements assez étonnants, dans des cadres insolites, comme une fête foraine ou un casino de Las Vegas. La réalisation de Corman donne une impression de solide maîtrise et on peut trouver que la plupart des trucages employés pour rendre la "super-vision" de Xavier sont tout à fait intéressants et en phase avec le sujet du film (on est loin du psychédélisme gratuit de, par exemple, la scène onirique du MASQUE DE LA MORT ROUGE). Surtout, l'interprétation de Ray Milland est d'une grande rigueur et d'une grande intensité : il rend le parcours du professeur Xavier de façon convaincante et passionnante. On apprécie aussi la présence de remarquables seconds rôles (Harold Stone, John Dierkes, Don Rickles notamment).

Surtout, à travers son sujet, L'HORRIBLE CAS DU DOCTEUR X aborde un aspect assez passionnant de la science-fiction. Les sens humains étant naturellement très limités, que verrions-nous, quelle serait notre perception du monde qui nous entoure, si nos sens étaient améliorés ? Cette problématique était au centre de plusieurs textes de Lovecraft, parmi lesquels "DE L'AU-DELÀ", admirablement porté à l'écran par Stuart Gordon dans son excellent FROM BEYOND. Dans le même sens, Carpenter revendique aussi, à ce sujet, l'influence de Lovecraft pour INVASION LOS ANGELES, dans lequel des lunettes spéciales permettent de se rendre compte que la réalité est loin d'être ce que nos sens limités perçoivent.

Ici, Xavier va pousser aussi loin que possible son expérience. Rapidement, le monde ne devient plus qu'une bouillie de lumières et de couleurs aveuglantes s'il ne se protège pas les yeux avec des lunettes spéciales. Mais sa volonté de repousser les limites de la connaissance le mène à aller de plus en plus loin dans ses recherches, sans se soucier des conséquences sur sa santé. En fin de compte, il aura une révélation saisissante sur la nature même de l'univers dans un final assez dément au cours duquel Corman semble rejoindre Tarkovsky lorsque celui-ci déclarait que la science-fiction est la forme d'expression actuelle la plus proche de l'art religieux. On retrouve donc, dans cette conclusion, d'autant plus efficace qu'elle est inattendue, des préoccupations spirituelles surprenante, qui viennent encore enrichir ce film et le rapprochent (en moins abouti, certes) d'oeuvres aussi ambitieuses que L'HOMME QUI RÉTRÉCIT, 2001 L'ODYSSÉE DE L'ESPACE ou STALKER.

Ce DVD de la collection "Midnite Movies" nous propose une copie correcte, sans être parfaite. Les chichiteux se plaindront d'un léger grain ou de quelques saletés. Mais l'ensemble est globalement très acceptable. Le télé-cinéma et la compression sont irréprochables, que ce soit en matière de gestion des couleurs, de définition ou de luminosité.

Seule une bande-son en anglais mono d'origine est disponible : elle est plutôt correcte, bien que parfois un peu trop criarde. On dispose aussi de sous-titres espagnol et français.

Ce DVD est relativement riche en bonus (non sous-titrés) si on le compare aux autres titres de cette collection. Outre une bande-annonce d'époque, on trouve aussi un prologue rare, conçu, donc, pour être placé au début du métrage. Il s'agit en fait d'un discours un peu pompeux et longuet sur l'importance des sens, et surtout de la vue, dans la vie des humains. Le tout est illustré d'images assez anodines, à prétention documentaire (aveugle lisant du braille, personnage s'exprimant en langage des signes...) : honnêtement, ce petit cadeau d'environ quatre minutes n'est pas indispensable à la bonne compréhension du film... Enfin, on dispose d'un commentaire audio de Roger Corman. Celui-ci s'exprime très clairement et parle suffisamment lentement pour que ses paroles soient très facilement compréhensibles. Avouons que c'est tout de même bien agréable ! Par contre ce commentaire manque de densité. Corman semble n'avoir pas grand chose à dire sur le film et on a droit à beaucoup de silences ou de considérations générales sur sa carrière. On parvient tout de même à extirper quelques informations précises (au départ, Corman envisageait de raconter l'histoire d'un jazzman dont la vue se déréglait suite à la consommation abusive de drogues...), mais c'est tout de même un peu laborieux.

L'HORRIBLE CAS DU DOCTEUR X est donc une très bonne surprise. Certes, il aurait pu être meilleur avec un script encore plus ambitieux et des moyens plus importants. Il reste néanmoins une oeuvre de science-fiction remarquablement interprétée, aussi singulière qu'étonnante.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
X : THE MAN WITH THE X-RAY EYES DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h20
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Espagnol
  • Supplements
    • Commentaires audio de Roger Corman
    • Original Theatrical Prologue
    • Bande-annonce
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