Pendant la Seconde Guerre Mondiale, Ilsa dirige un camp où elle fait subir des expériences médicales aux détenus…
D'une manière ou d'une autre, tous ceux qui s'intéressent au cinéma d'horreur finissent par entendre parler de la série des ILSA. A l'origine du projet, c'est le producteur David Friedman qui commence sa carrière en produisant des "nudies". De petites production à un dollar qui profitent de la libération sexuelle sur les écrans en affichant des nanas dénudées. Un genre rapidement submergé et auquel il faut réussir à trouver une échappatoire pour rester au dessus des autres. C'est ainsi que David Friedman et Herschell Gordon Lewis mettent en boîte BLOOD FEAST et 2000 MANIACS . Des films qui appliquent la recette du "nudies" à l'épouvante en ne cachant plus les actes ! Ne restait plus à David Friedman qu'à trouver une toute nouvelle recette pour pousser encore plus loin la provocation. Les ILSA sont des dérivés des WIP ("Women In Prison" où littéralement "Femmes En Prison") auxquels Roger Corman aura donné ses lettres de noblesse (?) en produisant THE BIG BIRD CAGE ou THE BIG DOLL HOUSE, tous deux réalisés par Jack Hill avec Pam Grier. Mais c'est surtout à un autre film sur lequel David Friedman a bossé à la fin des années 60 qu'il faut jeter un oeil pour trouver les prémices de ILSA LA LOUVE DES SS. Lee Frost ayant en effet réalisé un CAMP SPECIAL NUMERO 7 mettant déjà en scène une prison, des sévices sexuels et un camp tenu par des nazis. Ironiquement, ce film tombe dans l'oubli alors que la série des ILSA obtint rapidement un statut de film culte. L'évidence étant que le premier n'avait pas le même budget et encore moins les deux atouts de poids de l'actrice principale.
L'énorme succès remporté par ILSA LA LOUVE DES SS a lancé une sorte de sous-genre du cinéma d'exploitation. Après les WIP, c'est une mini-déferlante de films mettant en scènes des nazis sadiques et obsédés sexuels. Tinto Brass se fend d'un SALON KITTY et de son bordel pour officiers allemands alors que Eurocine, présent sur tous les fronts, se lance dans la production d'une tripotée de films du genre (HELGA LA LOUVE DE STILBERG, TRAIN SPECIAL POUR HITLER ou ERIKA LES DERNIERS JOURS DES SS) sans oublier les italiens qui ne sauraient laisser passer une occasion de filmer (KZ9 CAMP D'EXTERMINATION de Bruno Mattei, SS EXPERIMENT CAMP de Sergio Garrone ou THE GESTAPO'S LAST ORGY de Cesare Canevari). Un genre en pleine effervescence et de mauvais goût pour ne pas dire de très très très mauvais goût ! Plus ou moins au même moment, c'est Liliana Cavani qui lance un pavé dans la mare avec un PORTIER DE NUIT bien plus sérieux mais tout aussi controversé ! Tout comme le sera, toujours dans le registre du fascisme mélangé au sexe, le SALO OU LES 120 JOURNEES DE SODOME de Pasolini.
Pendant quelques années, une série télévisée humoristique raconte les mésaventures de prisonniers de guerre dans un camp allemand. HOGAN'S HEROES, re-titré en France sous le nom de PAPA SCHULTZ, a laissé derrière lui un camp à l'abandon. Une opportunité que ne laisse pas passer les producteurs de ILSA LA LOUVE DES SS. Il leur aurait été impossible de construire de tels décors pour leur film et on peut même se demander si ce n'est pas en tombant sur cette occasion que le projet du film s'est lancé.
Mais quoi qu'il en soit, la vedette reste Dyanne Thorne. Elle apparaît de façon anecdotique dans un épisode de STAR TREK et autres films. Elle se met alors à tourner dans quelques films érotiques, ce qui la mène tout naturellement à se retrouver dans l'uniforme très serré de Ilsa. Rôle qu'elle tiendra à l'écran encore deux fois avec ILSA GARDIENNE DU HAREM et ILSA LA TIGRESSE DU GOULAG. Enfin, dans certains pays GRETA LA TORTIONNAIRE DE WREDE verra son titre modifié pour donner l'impression que ce film de Jesus Franco fait partie de la série officielle mais il n'en est rien !
ILSA LA LOUVE DES SS est un pur film d'exploitation et, de ce fait, ne véhicule aucun message ni aucune idéologie. La complaisance dans le mauvais goût y est assumée à la manière des anciennes bandes dessinées Elvifrance ou plutôt des fumetti pour adultes italiens. Il est en fait assez difficile de prendre au sérieux l'histoire de cette tortionnaire nymphomane. Tout le contraire de CAMP 731 qui exploite de la même façon des crimes de guerre perpétrés dans un camp en Mandchourie. Le film de T. F. Mous n'arbore aucun décalage et va même jusqu'à nous présenter des séquences non simulées pour faire passer un message aux intentions très discutables ! A noter au passage que pas mal de scènes semblent directement pompées de ILSA LA LOUVE DES SS. Mais ce film n'a rien à voir car même si il n'est pas purement comique, le sérieux n'est pas de mise. Les acteurs jouent assez mal (les deux sbires de Ilsa sont ridicules…), les dialogues sont "Enormes" et les expériences "médicales" aussi horribles qu'inutiles ! Ilsa essaye en effet de prouver que la résistance physique des femmes par rapport à la douleur est supérieure à celle des hommes : s'ensuivent des scènes gores plutôt gratinées. Les résidents masculins du camp lui servent essentiellement à assouvir ses désirs sexuels jusqu'au jour où elle tombe sur un prisonnier américain capable de lui donner du plaisir toute la nuit durant sans défaillir. Autant dire que l'on navigue dans le n'importe quoi !
Si la série des ILSA est aussi connue, c'est essentiellement par son aspect fétichiste. Uniformes, objets de tortures et une femme aux gros seins qui soumet les hommes à ses plaisirs. Très machiste, c'est justement un homme qui fait craquer la brutale gardienne grâce à ses talents sexuels. ILSA LA LOUVE DES SS est donc bel et bien fait d'un bric à brac de fantasmes fétichistes jusque dans le plus grand mauvais goût, à l'image d'un général qui prend son pied lorsque Ilsa le souille.
Entre film de cul et film d'horreur, ILSA LA LOUVE DES SS affiche un mauvais goût qui ne sera pas à celui de tout le monde. Le type même de film qui ne pourrait plus être produit de nos jours où le politiquement correct vient à adoucir tous les propos. Une trentaine d'années après sa réalisation, ce film garde son côté sulfureux et choquant qui le réservera surtout aux spectateurs n'ayant pas froid aux yeux. Les autres feront mieux de s'abstenir face à une oeuvre certes osées mais aussi, paradoxalement, se dévoilant comme un divertissement olé olé !
Le DVD hollandais fut un temps annoncé avec l'ajout de sous-titrage anglais. A l'arrivée, il faudra se contenter d'un sous-titrage en néerlandais totalement inutile pour nous. Il faudra donc prêter l'oreille pour comprendre les dialogues ce qui ne sera pas facilité par les accents forcés des divers gardiens du camp. Mais à vrai dire, les dialogues et l'histoire de ILSA LA LOUVE DES SS sont des éléments très accessoires. Une seule piste sonore est donc disponible sur ce disque et nous donne à écouter la version originale anglais en mono.
Transfert vidéo 16/9 en NTSC pour l'image qui nous donne une image au format cinéma respecté en 1.66. Il y a quelques défauts sur la pellicule mais pour un tel film l'image est très acceptable. Là où le bat blesse, c'est surtout du côté de la compression qui n'est pas toujours bien dosée.
Faire le tour des bonus est assez rapide. Le plus informatif restant les trois bio/filmographies. En dehors de cela, ce sera la bande-annonce et une galerie de photos. D'ailleurs de prime abord, la galerie est décevante mais il faut savoir être patient. Car passé quelques clichés tirés directement du film au format timbre poste, ce sont des photos d'un plus grand format suivies d'une troisième salve composée d'affiches et de photos d'exploitation.