Franco Arno (Karl Malden)
est un aveugle qui vit seul avec sa jeune nièce et gagne sa vie
en rédigeant des mots croisés. Une nuit, alors qu'il se
promène dans la rue, il surprend une étrange conversation
entre deux hommes assis dans une voiture garée en face d'un institut
médical spécialisé dans la recherche génétique.
La même nuit, quelqu'un pénètre dans l'institut
et tue un gardien. Arno décide alors de mener une enquête
avec l'aide du journaliste Carlo Giordani (James
Franciscus).
LE CHAT A NEUF QUEUES est le second film de Dario Argento comme réalisateur après l'excellent L'OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL. Il s'inscrit dans le cadre d'une trilogie de gialli qui comprend comme troisième volet QUATRE MOUCHES DE VELOURS GRIS. C'est aussi de l'aveu du réalisateur lui-même, le film qu'il apprécie le moins dans sa filmographie. Malgré tout, il recèle quand même certaines qualités qui font que ce film mérite qu'on s'y attarde.
Argento reste donc ici fidèle au genre qui lui permettra de se faire connaître : le Giallo, avant de se tourner par la suite vers des uvres plus fantastiques. Comme à son habitude, le maestro s'entoure d'un casting international où l'on retrouve notamment Karl Malden, que les habitués du petit écran se rappellent avoir vu arpenter LES RUES DE SAN FRANCISCO aux cotés d'un certain Michael Douglas mais qui a également bon nombre de films à son actif, notamment une grande quantité de westerns et quelques rôles marquant aux cotés de Marlon Brando (SUR LES QUAIS, UN TRAMWAY NOMME DESIR, LA VENGEANCE AUX DEUX VISAGES). A ses côtés pour mener l'enquête, James Franciscus, un adepte de la série B, du cinéma fantastique et du bis puisqu'on peut le retrouver à l'affiche entre autres de LA VALLEE DE GWANGI, LE SECRET DE LA PLANETE DES SINGES, L'INVASION DES PIRHANAS ou encore LA MORT AU LARGE de Castellari.
Ce film nous permet de constater qu'Argento n'a pas eu besoin de longtemps pour maîtriser un genre, en l'occurrence le giallo, et son sens de l'esthétisme, notamment pour les séquences des meurtres, est déjà ici bien présent, même si sur ce plan, LE CHAT A NEUF QUEUES ne peut prétendre rivaliser avec des pièces majeures de sa filmographie telles que SUSPIRIA ou encore TENEBRES. De même, malgré une réalisation de facture assez classique (surtout si l'on compare avec ses uvres futures) il commence déjà à s'essayer à des plans inhabituels et expérimentaux (voir la scène du verre de lait) ce qui sera tout au long de sa carrière une de ses principales marques de fabrique. Il innove aussi avec des gros plans sur les yeux de l'assassin avant chaque meurtre, gros plans particulièrement efficaces que l'on retrouvera plus tard dans LES FRISSONS DE L'ANGOISSE. On peut également noter un goût des couleurs vives déjà bien présent chez le réalisateur à travers une séquence très réussie dans le laboratoire de photo, goût des couleurs qui trouvera son apogée dans le mythique SUSPIRIA.
La musique est
ici signée par Ennio
Morricone, qui renouvelle donc sa confiance à Argento
après avoir signé la BO de son premier film par amitié
pour Dario et
son père. Elle colle parfaitement aux images et au style d'Argento
à cette époque. On peut ainsi constater que la très
belle partition reste assez classique, à l'image de la mise en
scène d'Argento,
et que c'est lors de ses collaborations avec les Goblins
, aux compositions à mille lieux du traditionnalisme d'un Morricone,
qu'Argento donnera
naissance à ses uvres les plus folles, les plus débridées
et intéressantes visuellement, nous offrant des films qui tiennent
tout autant de l'uvre d'art que du simple film de cinéma.
Malgré tout, le film n'est pas exempt de défauts. A trop vouloir nous perdre, le scénario multiplie les pistes, et l'intrigue scientifico-policière est parfois bien confuse, mais après tout, même les plus ardents fans du cinéaste savent que la cohérence des récits n'est pas forcément le point fort de leur idole et une fois de plus, force est de constater que c'est la forme qui prime sur le fond.
Pour la partie technique, le DVD Anchor Bay s'en sort très bien et ce film bien que mineur dans la filmographie de son auteur a eu droit à un joli traitement. L'image est très belle et les pistes codées sur deux canaux sont disponibles en trois langues : Anglais, Italien et surtout Français, chose assez rare chez cet éditeur pour être soulignée. Toutes les trois sont très claires, même si la version anglaise colle assez mal aux personnages, comme c'est souvent le cas sur ces films italiens au casting international. En revanche, aucun sous-titrage n'est disponible.
Une rapide comparaison avec le disque français révèle que TF1 proposait une image plus lumineuse, brûlant au passage des détails dans une définition un tout petit peu moins réussie. Le format n'y était pas exactement respecté et rabotait de l'image sur les quatre côtés, au contraire de l'édition américaine.