Une bande d'étudiants californiens particulièrement stupides
(la plupart sont culturistes !) décident de passer le week-end
dans une vieille baraque abandonnée depuis qu'un meurtre (soi-disant)
d'une grande sauvagerie s'y est produit quelque dix ans auparavant.
Comme du plus grand convenu, les adolescents vont y passer un par un,
victimes d'un mystérieux tueur masqué. Mais pourquoi tant
de haine !
On se demande souvent, lorsque l'on a le bonheur de tomber sur une exécrable bobine, comment il est possible de tenir 90 minutes sans que le réalisateur ne fasse intervenir à aucun moment possible ne serait-ce qu'un embryon d'idée de quelque chose. On se demande souvent, à la vue de certains scénarios, de quel toupet les auteurs se permettent de nous resservir à la lettre des recettes ultra éprouvées sans même en changer la moindre virgule. Ces gens sont-ils des abrutis congénitaux ? Ou nous prennent-ils de leurs côtés pour des abrutis congénitaux ? L'édition autoproclamée "Collector" du très obscur EVIL LAUGH vient peut-être apporter un soupçon de réponse à notre grande question. Et si ces "auteurs" étaient tout simplement de braves types n'y connaissant strictement RIEN ?
EVIL LAUGH est un mauvais film. Un très mauvais film extirpé du purgatoire du film d'exploitation oublié au nom d'une réédition de fond de catalogue sur support numérique. Scénario atterrant dans sa pratique du plagiat tout azimut, comédiens indignes de leur titre, direction artistique qui laisse rêveur (le meurtrier porte des gants Mappa bleus, en hommage sans aucun doute à Argento), réalisation effroyable d'incompétence, la vision d'EVIL LAUGH est un moment en tous points pénible qui nous renvoie directement à une époque (les années 80) où des gougnafiers sans talents s'essoufflaient à monter des productions d'horreur aux budgets ridicules, au final totalement irregardables mais de toute manière immédiatement rentabilisées par les ventes des droits aux circuits vidéos ou télé.
Si la revoyure de certaines
de ces séries Z peut provoquer de nos jours une certaine sympathie,
ce n'est malheureusement pas le cas de EVIL LAUGH. Le gros problème
ici est que le film se prend bien trop au sérieux pour que le
spectateur puisse esquiver, ne serait-ce que ponctuellement, son ennui
galopant devant ce spectacle plutôt navrant. A ce titre, ne vous
laissez pas abuser par l'accroche choc de la jaquette DVD vous promettant
un film plutôt extrême. Car à part deux trois giclettes
de gros rouge (pour le gore), et une paire de seins aux allures de gants
de toilette (pour l'érotisme), il n'y aura rien à se mettre
sous la dent. Ne reste plus au spectateur que l'ironie sauvage pour
appréhender ce EVIL LAUGH et la bêtise de ses interminables
scènes, comme cette séquence d'exécution la tête
encastrée dans un four à micro-ondes. On passe poliment
sur l'amateurisme pénible du plan juste pour se poser une question
idiote : quel est le crétin qui ne sait encore pas qu'un four
à micro-ondes ne peut se déclencher tant que son volet
n'est pas refermé ?
Mais le plus extraordinaire reste à venir. Car si EVIL LAUGH est une daube de chez daube, il bénéficie d'une édition DVD collector très déconcertante quant à la nature du "produit". On passe bien entendu sur la qualité image (plein cadre et laide) et son (de toute façon, le preneur de son était visiblement manchot), pour nous arrêter sur les nombreux bonus. Première initiative de l'éditeur, donner la parole aux créateurs du film (le réalisateur Dominick Brascia et le producteur / acteur Steven Baio, le frère de Scott Baio alias Chachi dans les dernières saisons de HAPPY DAYS !) au travers d'un commentaire audio et d'une interview de trente minutes. On apprend très vite que les deux hommes étaient au départ des comédiens ne trouvant pas de travail, et qu'ils ont monté EVIL LAUGH afin de tenter de percer dans le métier (ils n'ont quasiment rien fait depuis !). Leur intervention se borne donc juste au laborieux récit de la mise en chantier de leur bébé, malheureusement sans aucun intérêt pour le commun des mortels.
Comme si cela ne suffisait pas, l'éditeur nous propose une série de clichés de production (les photos sont presque aussi mal cadrées que le film) et surtout, il met à notre disposition le script complet via une section DVD-Rom. Pratique pour vérifier si l'on n'a pas loupé une ligne des précieux dialogues du film. De plus, Collector de chez Collector, c'est la version d'époque annotée par le réalisateur qui est ici reproduite, avec tache de gras et miettes de donuts en sus. Il va sans dire qu'une telle débauche de documentation laisse rêveur, et que grâce à ce DVD, nous déclarons officiellement que même le Z a désormais le droit aux éditions de luxe, soit le recours ultime de l'argument marketing. A quand un "Memorial Box" de VIRUS CANNIBALE de Bruno Mattei, un commentaire audio de Fred Olen Ray pour une édition "Ultimate" de THE BRAIN LEECHES, ou encore l'intégrale remasterisée "Jim Wynorski Diamond Collection" ?
Vous êtes un collectionneur acharné de séries Z des 80', EVIL LAUGH est fait pour vous. Vous êtes en pleine écriture de votre thèse sur la nullité au cinéma, EVIL LAUGH vous fournira un cas à ne pas piquer des hannetons. Vous êtes un fétichiste des gants Mappa bleus, EVIL LAUGH risque de devenir votre film préféré. Pour tous les autres, nous conseillons vivement de fuir devant ce malheureux film d'exploitation et son édition "Collector" jusqu'à l'absurde, pensez à toutes les choses fabuleuses que l'on peut faire en une heure et demie.